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LA MISE EN RELATION AVEC LES PUBLICS<br />
105<br />
“ Sur le hors scolaire on a mis en place depuis quelques années « Ce<br />
soir je sors mes parents », qui travaille sur la parentalité. Ça s’accompagne<br />
d’ateliers dans toutes les disciplines, ateliers avec parents ou<br />
enfants ou ateliers mixtes, de rencontres avec les artistes. Beaucoup<br />
de familles monoparentales, qui vivent dans des HLM. ”<br />
(Directeur, structure pluridisciplinaire 10)<br />
Les créations participatives<br />
Les créations participatives qui associent des artistes interprètes<br />
à des amateurs de danse ou des habitants et des habitantes sans<br />
guère de pratique antérieure constituent une voie d’expérimentation<br />
de rapports en principe plus horizontaux entre les artistes et les participants,<br />
participantes invitées à partager leurs compétences dans<br />
le processus de création. Ces projets peuvent associer un nombre<br />
important de personnes qui ont des positions générationnelles et<br />
sociales plus diversifiées que les publics habitués à fréquenter des<br />
spectacles de danse professionnelle. Selon une logique d’éducation<br />
populaire, la prise de contact facilitée par l’accessibilité du langage<br />
artistique employé par les chorégraphes accompagnants permettrait<br />
d’éveiller ensuite une curiosité pour fréquenter des spectacles.<br />
“ À travers ces projets, les gens intègrent que les chorégraphes<br />
ont des langages spécifiques. Il s’agit des mêmes enjeux que pour<br />
l’appropriation de l’abstraction en proposant sur un terrain de jeu<br />
l’expérimentation de la singularité de chaque langage chorégraphique.<br />
On rentre dans la danse par ce biais. Cela permet de se réjouir<br />
d’une belle forme tout en comprenant un langage et un propos. ”<br />
(Directrice adjointe, structure dédiée 21)<br />
L’intérêt de ces initiatives est de procurer aux participants et<br />
participantes un plaisir corporel mais aussi une reconnaissance<br />
d’estime en leur ouvrant une opportunité de s’intégrer dans le<br />
paysage chorégraphique local. Le tissage de liens entre les participants,<br />
participantes, les artistes et les équipes administratives<br />
des structures peut déplacer l’image des établissements vers celle<br />
d’un lieu de vie pour les personnes initialement positionnées dans<br />
un rapport de défiance à l’égard d’institutions artistiques perçues<br />
comme sacralisées ou élitaires.<br />
“ Chaque année il y a un projet participatif dans le cadre du festival.<br />
[…] Il faut voir les retours et comment ça tisse du lien, comment ça<br />
désacralise, ça rend les choses plus fluides, ça valorise des gens et<br />
des parcours. ”<br />
(Directeur, structure dédiée 9)<br />
Une formule récurrente, expérimentée avec un succès populaire,<br />
est le bal participatif fondé sur la transmission de quelques phrases<br />
ou pas chorégraphiques aux participants et participantes dans une<br />
atmosphère de convivialité. Certaines formules combinent les principes<br />
du karaoké et de la danse avec une gestuelle de danseurs et<br />
danseuses professionnelles, imitée librement par les participants et<br />
participantes, sur des chansons de variétés qui sont reprises en live.<br />
La viabilité de cette offre de spectacles participatifs est également<br />
conditionnée à la vitalité des activités chorégraphiques sur le<br />
territoire local afin de permettre aux participants et participantes<br />
d’expérimenter d’autres processus de création. La question se pose<br />
notamment pour les interventions en milieu rural.<br />
“ Le milieu rural n’a pas assez de ressources artistiques et culturelles<br />
pour que les gens puissent ensuite faire partie de ce paysage. Un processus<br />
de création dure trois mois. C’est un temps assez long, pour<br />
les gens, le fait de proposer un objet artistique. Mais après s'il n'y a<br />
pas de ressources là où ils habitent, ça tombe à plat. Et c’est même<br />
pire qu’avant parce qu’ils n’ont plus ces liens-là. ”<br />
(Directrice, structure dédiée 4)<br />
Ce type de spectacle occupe une place dans la programmation<br />
de structures, soit au cours de la saison, soit sur des périodes spécifiques<br />
de festival. La question de la reconnaissance de la valeur<br />
artistique de ces actions fait l’objet de débats avec des craintes de<br />
déclassement d’équipes chorégraphiques dans le sens de l’animation<br />
festive.<br />
“ Il y a un endroit qui me rend pessimiste, c’est une période liée aux<br />
politiques culturelles de la grande soupe participative à la demande<br />
des élus. Il faut que les gens dansent pour se sentir bien. Je n’ai pas<br />
de mépris pour ça, c’est une pratique culturelle. Mais le paysage est<br />
dominé par des pratiques culturelles de gens qui dansent. J’ai moimême<br />
inventé des dispositifs pour que les gens dansent (bal moderne)<br />
mais composer, écrire, agencer une œuvre c’est d’autres enjeux. ”<br />
(Chorégraphe, compagnie 13)<br />
“ On a plusieurs propositions maintenant qui sont dans un rapport<br />
au public différent, où on invite le public à participer. […] Et là, dans<br />
quelle case on met ces objets, ça, c’est plus difficile. Il y a aussi l’aspect<br />
« c’est une super action d’éducation artistique et culturelle »<br />
mais, pour nous, ce sont des propositions artistiques à part entière. ”<br />
(Administratrice, compagnie 15)<br />
Note d’importance moyenne de moyens pour développer<br />
le public de la danse dans les structures depuis 2014/15<br />
(notes de 0 à 3)<br />
spectacles professionnels<br />
intégrant des amateurs<br />
créations d'amateurs encadrées<br />
par des professionnels<br />
Structure<br />
spécialisée pluridisciplin. TOTAL<br />
1,05 0,77 0,86<br />
0,95 0,53 0,66<br />
En réponse à la question sur le degré d’importance des moyens<br />
pour développer les publics de la danse, les structures répondantes<br />
ont néanmoins déclaré accorder en moyenne une faible attention à<br />
une offre accrue de spectacles professionnels intégrant des amateurs<br />
(note moyenne de 0,86) et à une augmentation des créations d’amateurs<br />
encadrées par des professionnels (note moyenne de 0,66).<br />
Les structures dédiées à la danse ont déclaré en moyenne un<br />
intérêt un peu plus important pour ces deux modes d’action que les<br />
structures pluridisciplinaires tout en restant proches en moyenne<br />
de la modalité « peu important » (note de 1) dans leurs déclarations.<br />
Les CCN se sont spécifiés par la part plus importante des structures<br />
(45 %) à avoir déclaré attacher une attention assez importante aux<br />
créations d’amateurs encadrées par les professionnels pour développer<br />
les publics, à l’opposé des CDN et des établissements culturels de<br />
ville. Les structures avec moins de 3 500 entrées par an en moyenne<br />
se sont déclarées également plus dubitatives que les autres sur cet<br />
effet positif attendu.