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LA MISE EN RELATION AVEC LES PUBLICS<br />

97<br />

LES DISPOSITIFS D’ACTION CULTURELLE<br />

Le manque d’appétence pour les spectacles de danse est un<br />

obstacle évoqué de façon récurrente par des directions de structures<br />

pour le développement de leur diffusion. Cela concerne une large<br />

partie de la population. Parallèlement, des chorégraphes mettent en<br />

avant un manque de culture chorégraphique de certaines directions<br />

d’établissements pluridisciplinaires pour expliquer les difficultés<br />

d’obtenir leur consentement à les programmer. Ce problème est<br />

aussi posé dans les relations à des élu∙es de collectivités territoriales<br />

pour leur faire prendre conscience des besoins productifs dans le<br />

secteur de la danse. L’éveil d’un goût pour les spectacles chorégraphiques<br />

à un nombre élargi de personnes peut être pensé en termes<br />

d’acculturation artistique en visant une appropriation de références<br />

chorégraphiques diffusées par des chorégraphes ou des danseurs,<br />

ou plus en termes d’éducation populaire sur la base d’échanges<br />

entre les différents univers culturels des artistes et des non professionnel∙les,<br />

appréhendés sous l’angle d’une égale dignité des<br />

cultures, sous-jacente à la doctrine du respect des droits culturels.<br />

En réponse à la question sur l’augmentation des actions de sensibilisation<br />

artistique depuis 2014, les compagnies répondantes ont<br />

indiqué qu’elles avaient en moyenne assez progressé. Une exception<br />

concerne les équipes au rayonnement à dominante internationale<br />

moins affectées (note d’importance moyenne de 1,4 sur 3 pour les dix<br />

équipes chorégraphiques concernées contre 2 pour l’ensemble). Les<br />

compagnies chorégraphiques sont donc confrontées à une demande<br />

croissante d’intervention dans des dispositifs d’action culturelle.<br />

La mise en place de ces dispositifs suppose de s’engager dans<br />

la construction de partenariats entre les équipes chorégraphiques,<br />

les structures culturelles et des établissements non artistiques. Les<br />

conditions d’une coopération équilibrée entre les parties prenantes<br />

requièrent de dépasser certains obstacles, notamment liés à leurs<br />

différences d’objectifs stratégiques centraux. Les actions artistiques<br />

menées localement peuvent relever d’un dispositif de médiation<br />

pédagogique fondé sur des outils ou un dialogue avec les artistes,<br />

ou bien de l’encadrement d’un atelier de pratique, soit en lien avec<br />

la programmation du lieu, soit dans une logique de création participative.<br />

1. Les partenariats avec des établissements non<br />

culturels<br />

En réponse à la question sur l’importance des moyens utilisés<br />

pour développer le public de la danse depuis 2014-2015, les structures<br />

répondantes ont classé en moyenne la diversification des partenariats<br />

avec des relais au premier rang avec une note de 2,18 sur 3.<br />

Cette primauté a été reconnue par l’ensemble des structures, qu’elles<br />

soient dédiées ou non à la danse, quelle que soit l’évolution ou le<br />

niveau de leur diffusion entre 2014-2015 et 2016/17. Les structures<br />

ayant un bas niveau de représentations chorégraphiques (moins de<br />

10 par an) ont été néanmoins proportionnellement plus nombreuses<br />

que les autres à n’accorder aucune importance à cette diversification<br />

des relais (15 % contre une moyenne de 5 %).<br />

La recherche d’un élargissement des partenariats entre les<br />

équipes chorégraphiques, les opérateurs culturels et des organismes<br />

relais afin de diversifier la population touchée par les dispositifs<br />

d’action culturelle se heurte à plusieurs obstacles. Le rapprochement<br />

des buts artistiques avec les objectifs directeurs des autres<br />

organismes requiert la négociation d’un objectif pour une action<br />

commune. La conduite de celle-ci peut être altérée par des visions<br />

différentes des priorités à accorder, ainsi que des tensions avec les<br />

participants et participantes tant qu’ils et elles ne se sont pas appropriés<br />

l’objectif artistique. De plus, la reconnaissance esthétique de<br />

la démarche artistique des compagnies fortement engagées dans<br />

l’action culturelle peut être minorée si ces activités sont assimilées<br />

par les experts et expertes professionnelles à un travail d’animation<br />

socio-culturel en s’appuyant notamment sur l’appréciation des qualités<br />

de l’interprétation des participants et participantes amateurs.<br />

Alors que ces activités entrent en cohérence avec les objectifs<br />

d’une politique de démocratisation culturelle, plusieurs tensions<br />

sont à analyser dans les dynamiques de groupe et la valorisation<br />

du travail artistique fourni dans le cadre de ces partenariats,<br />

ainsi que les effets sur les qualités du travail de création des<br />

compagnies.<br />

La dynamique de groupe<br />

La mise en place d’actions artistiques sur le territoire nécessite<br />

des relations de partenariat avec des établissements non culturels<br />

afin d’entrer en contact avec des personnes éloignées de la fréquentation<br />

des structures ayant une programmation chorégraphique.<br />

“ Il y a à la fois des structures qui nous appellent en nous disant qu’on<br />

aimerait bien travailler avec vous. Souvent même cela dépasse notre<br />

capacité à répondre, vraiment. Nous, on peut être assez volontariste<br />

sur des quartiers sur lesquels on a envie d’intervenir. Notre question,<br />

c’est presque de choisir les partenaires qui nous semblent les plus<br />

importants à avoir et à garder, développer, et de se débarrasser des<br />

autres. Après, selon les territoires sur lesquels on intervient, on est<br />

plus ou moins bienvenus. ”<br />

(Codirectrice, structure pluridisciplinaire 16)<br />

La mise en œuvre d’un objectif commun pour le déroulement<br />

d’une action artistique, comme un atelier de pratique de danse,<br />

requiert une implication de porteurs et/ou porteuses du projet au<br />

sein de la structure ayant une activité principale autre que le spectacle<br />

vivant pour faire face à des résistances de la part de certain∙es<br />

de leurs collègues attaché∙es au cœur de leur métier. Par exemple,<br />

des enseignants et enseignantes peuvent s’opposer à l’utilisation<br />

d’heures de cours pour ces ateliers au détriment du temps à consacrer<br />

pour les enseignements dits « fondamentaux ». Des conflits de<br />

compétences peuvent entraver la collaboration entre les artistes et les<br />

membres du personnel de l’établissement non culturel, par exemple<br />

quand des médecins mettent en doute l’efficacité thérapeutique des<br />

interventions à l’hôpital ou des enseignants ou enseignantes les<br />

compétences pédagogiques des artistes.<br />

Face à cette absence de consensus prévisible, le soutien de la<br />

direction de l’établissement non culturel est primordial pour favoriser<br />

la pérennité des expériences artistiques menées. Le travail de<br />

préparation pour ouvrir les esprits des salariés d’une structure non<br />

culturelle à une collaboration avec des artistes peut ainsi parfois<br />

nécessiter une implication importante des équipes chorégraphiques<br />

dans des tâches de coordination et des négociations.

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