Textbuch zur Auslandsakademie Afrique en ... - Cusanuswerk
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v<strong>en</strong>t recevoir la force surnaturelle ou un<br />
caractère sacré – qu’ils « pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t vie ».<br />
L’exemple du masque, son rôle ainsi que<br />
les rites et les cérémonies dont il fait partie,<br />
peut révéler le li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre vie spirituelle et<br />
création artistique. Le contexte de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t<br />
social et culturel des communautés<br />
camerounaises sera esquissé dans le<br />
cadre disponible.<br />
L’animiste et les ancêtres<br />
Les membres des communautés camerounaises<br />
n’apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas exclusivem<strong>en</strong>t<br />
aux religions africaines traditionnelles.<br />
Parmi eux se trouv<strong>en</strong>t des musulmans et<br />
des chréti<strong>en</strong>s. Cep<strong>en</strong>dant, il ne s’agit pas de<br />
syncrétisme, mais plutôt d’une double pratique<br />
religieuse. Pourtant, la spiritualité animiste<br />
joue toujours un rôle très important<br />
dans la vie quotidi<strong>en</strong>ne et il est indisp<strong>en</strong>sable<br />
d’<strong>en</strong> t<strong>en</strong>ir compte pour toute étude de<br />
l’art camerounais.<br />
La notion animiste (du latin anima –<br />
âme) inclut l’idée que chaque objet a une<br />
âme : „tis ding i de get power for inside“ 1 .<br />
Il s’agit d’ un monde qui est créé par l’être<br />
suprême et omniprés<strong>en</strong>t appelé Si, qui<br />
dépasse tout et se retrouve <strong>en</strong> tout. Si est<br />
considéré comme bon et juste, mais sa description<br />
reste vague. On l’attribue à une<br />
force surnaturelle qui influ<strong>en</strong>ce tous les<br />
mom<strong>en</strong>ts de vie individuelle et collective.<br />
Mais le monde métaphysique apparaît aussi<br />
sous une autre forme qui a un côté plus<br />
effrayant:<br />
Les religions camerounaises, dont on<br />
trouve pratiquem<strong>en</strong>t autant de variations<br />
que de communautés, inclu<strong>en</strong>t la mort dans<br />
la vie: les ancêtres de la communauté sont<br />
toujours prés<strong>en</strong>ts dans la vie quotidi<strong>en</strong>ne.<br />
On honore ces morts, car on estime qu’ils<br />
ont beaucoup de pouvoir et qu’ils peuv<strong>en</strong>t<br />
directem<strong>en</strong>t influ<strong>en</strong>cer la vie de chacun.<br />
Dans cette mesure, il est intéressant que «<br />
tous les rites qui constitu<strong>en</strong>t le culte des<br />
ancêtres soi<strong>en</strong>t imprégnés d’une crainte<br />
mystérieuse qu’apporte avec elle la mort et<br />
semble être inspirée par la peur et le souci,<br />
non pas de secourir, mais de désarmer la<br />
v<strong>en</strong>geance des défunts; on doit leur offrir<br />
des sacrifices <strong>en</strong> cas de maladies ou d’insuccès.<br />
La crainte des sévices que peuv<strong>en</strong>t exercer<br />
les morts est si sérieuse que la pire v<strong>en</strong>geance<br />
contre un <strong>en</strong>nemi personnel, est de<br />
se donner la mort, et surtout de se p<strong>en</strong>dre<br />
devant la case de son <strong>en</strong>nemi: c’est alors le<br />
comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t de l’implacable v<strong>en</strong>geance<br />
que le défunt assouvira grâce à la puissance<br />
des esprits. » 2<br />
Les ancêtres apparaiss<strong>en</strong>t sous forme<br />
d’animaux sauvages ou incorporés dans les<br />
masques et les statues <strong>en</strong> bois. On peut<br />
communiquer avec eux à travers la tête de<br />
la communauté, le fo et par l’intermédiaire<br />
des ancêtres, l’homme peut s’adresser à<br />
l’être suprême à l’aide de prières et de sacrifices.<br />
La religion animiste est une importante<br />
source d’inspiration pour les artistes-artisans.<br />
Ainsi, le culte des ancêtres, la révolte<br />
contre la mort, le besoin de protection et de<br />
puissance, le mystère de la fécondité, les<br />
alliances avec les animaux et les forces de la<br />
nature sont des thèmes liés à des conceptions<br />
magico-religieuses et abondamm<strong>en</strong>t<br />
interprétées dans de nombreuses oeuvres<br />
d’art.<br />
Le quotidi<strong>en</strong> au gung – une vie <strong>en</strong> communauté<br />
hiérarchisée<br />
Dans le Grassland, le gung est une unité<br />
religieuse, politique et sociale, une sorte de<br />
petit « Etat – nation » 3 . Il est dirigé par le<br />
fo (roi, chef) qui est considéré comme<br />
sacré et qui pr<strong>en</strong>d ses décisions avec l’aide<br />
et <strong>en</strong> accord avec Si et les ancêtres. La<br />
reconnaissance d’un fo réunit des g<strong>en</strong>s de<br />
différ<strong>en</strong>ts horizons qui se regroup<strong>en</strong>t dans<br />
un « big big fambili » 4 . Chaque individu est<br />
à une place précise et doit obéir à une discipline<br />
rigoureuse. Le fo est la clef de tous<br />
les équilibres du groupe dans la mesure où<br />
il est gérant des positions de chacun et des<br />
règles du jeu social. Il est sout<strong>en</strong>u par le<br />
conseil des sept notables mkamsombue,<br />
une sorte de cour suprême dont la fonction<br />
est de veiller au respect des institutions et<br />
des coutumes. Les sept s’occup<strong>en</strong>t des lois<br />
et de l’intronisation du nouveau fo. Ils protèg<strong>en</strong>t<br />
le royaume, car ils sont <strong>en</strong> contact<br />
avec le monde invisible et celui des esprits.<br />
Le monde des morts et de ceux qui ne<br />
sont pas <strong>en</strong>core nés est considéré comme<br />
aussi réel et prés<strong>en</strong>t que la communauté des<br />
vivants. Les membres de la communauté<br />
sont partagés émotionnellem<strong>en</strong>t: d’une<br />
part, ils craign<strong>en</strong>t la rage des ancêtres, de<br />
l’autre ils demand<strong>en</strong>t leur aide. On leur<br />
attribue la responsabilité pour le bon et<br />
pour le mauvais qui se prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t dans la<br />
vie individuelle et collective.<br />
Pour ne pas être touché par la rage des<br />
morts, chaque membre de la communauté<br />
t<strong>en</strong>te de vivre et d’agir selon les lois et les<br />
règles que la force surnaturelle et les ancêtres<br />
demand<strong>en</strong>t traditionnellem<strong>en</strong>t. En cas<br />
d’omission, on s’expose à des malheurs qui<br />
ne peuv<strong>en</strong>t être empêchés que par des sacri-<br />
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