Textbuch zur Auslandsakademie Afrique en ... - Cusanuswerk

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implosive et plus étendue, les difficultés que
rencontre le CIPCRE sont liées plutôt à la
situation globale de pauvreté et au niveau
modeste d’alphabétisation de la population.
A ces contraintes extérieures sont liées des
contraintes internes au CIPCRE lui-même :
la disproportion entre l’immense tâche de
transformation sociale où l’on est engagé et
les moyens, somme toute très limités dont
on dispose. Cette réalité donne le sentiment
que le CIPCRE n’est qu’une goutte d’espérance
dans un océan des misères sociales.
L’océan noie la goutte et l’on se demande
parfois si ce qui est fait pourra vraiment
libérer des forces de créativité à la hauteur
des enjeux de l’avenir africain. En même
temps, certains projets que l’on lance se
trouve plombés par les pesanteurs des mentalités
où les gens cherchent à faire primer
l’intérêt individuel sur l’intérêt communautaire.
Cela conduit à des conflits internes
intenses dans le monde paysan particulièrement
et parfois, à l’abandon des projets de
développement déjà engagés. Autrement
dit, l’expérience du CIPCRE a montré qu’il
ne suffit pas de lancer des projets pour les
réussir ; il faut encore former le type de
personnes pour les réussir.
Malgré ce sentiment qui submerge parfois
ceux et celles qui travaillent au CIP-
CRE, celui-ci reste un haut lieu d’espoir
pour l’Afrique, avec des perspectives porteuses
d’optimisme. Notamment :
· La fidélité aux principes de la philosophie
globale qui ont fait du CIPCRE un
modèle de dynamique créative dans une
société en crise
· La volonté de maintenir le cap de la réussite
des projets de transformation sociale
qui ont prouvé leur solidité dans tous les
milieux où ils sont engagés.
· Le souci de devenir un grand foyer de
production de connaissances et d’initiatives
capables de montrer comment une
Afrique qui réussit et qui gagne est en
train de lutter et de s’affirmer contre le
défaitisme et le pessimisme.
· Le renforcement de l’impact du CIPCRE
sur l’espace public à travers la promotion
des campagnes de mobilisation autour
des problèmes essentiels de la société
actuelle et autour de grands enjeux du
futur africain.
Ces perspectives portent en elles les exigences
de solidifier les synergies qui ont
permis au CIPCRE d’être ce qu’il est,synergies
sans lesquelles l’avenir ne pourra pas
être aussi lumineux qu’on peut l’espérer.
Ces exigences sont les suivantes :
Avant tout, il convient d’affermir, d’intensifier
et d’enrichir l’orientation éthique
et spirituelle qui fait travailler ensemble
catholiques, protestants, musulmans et forces
religieuses du terroir local. Un lieu où
de telles énergies de coopération sont libérées
ouvre la voie à ce que l’Afrique tout
entière devra faire pour se donner une
espérance. Il convient également de mettre
l’action de toutes ces forces religieuses au
service de l’intérêt public, en l’ouvrant aux
forces politiques, gouvernementales, de
l’opposition ou de la société civile, qui cherchent
fermement et sincèrement à bâtir une
société de la cohésion créative et du bonheur
partagé. L’urgence d’un nouvel espace
du politique où les forces vives créent des
nouvelles espérances et des nouvelles volontés
d’action est l’une des conditions de la
réussite du projet CIPCRE dans la société.
De même, la fécondité de la coopération
Nord-Sud, où des partenaires sont solidement
engagés ensemble dans des actions
fortes sur le terrain, constitue la clé de
l’espoir qu’une organisation comme le CIP-
CRE représente et incarne.
Aujourd’hui plus qu’hier, l’Afrique a
besoin de tels lieux de coopération interreligieuse,
de mobilisation de forces politiques
et citoyennes et d’épanouissement
d’une coopération Nord-Sud qui réussit et
qui rayonne. Le CIPCRE est l’un des lieux
où souffle cet esprit.
1 Kä Mana est professeur d’Université au Cameroun
et en Côte d’Ivoire. Il est Conseiller Théologique
au CIPCRE.
2 Jean-Pierre Chrétien, « L’Afrique face aux défis
du monde », in Esprit, n° 317, août-septembre,
2005, pp. 8-18. Sur la perspective de cette Afrique
qui crée et qui réussit, on lira avec intérêt : Pierre
Merlin, l’Afrique peut gagner, Paris, Karthala,
2000, Kä Mana (sous la direction de), Réussir
l’Afrique, Yaoundé-Bafoussam, Editions CIPCRE.
3 Sur la philosophie globale du CIPCRE, on lira
avec intérêt les livres suivants : Ethique écologique
et reconstruction de l’Afrique (sous la direction
de Jean-Blaise Kenmogne et Kä Mana),, Yaoundé,
CLE-CIPCRE, 1997 ; Pour la vie en abondance,
L’expérience du CIPCRE (par Jean-Blaise
Kenmogne et Kä Mana), Editions CIPCRE, 2002 ;
Chemin de nouvelle humanité : Spiritualité écologique
et construction de l’avenir (par Jean-Blaise
Kenmogne), en cours d’édition, CLE-CIPCRE. On
consultera également avec intérêt le site web
www.cipcre.org
4 On lira avec intérêt l’excellent livre de Reto
Gmünder, Evangile et développement, Pour rebâtir
l’Afrique, Editions CIPCRE, Yaoundé-Bafoussam,
2004.