Textbuch zur Auslandsakademie Afrique en ... - Cusanuswerk

34
combat écologique comme une simple lutte
pour un environnement naturel pur, il a vu
dans l’écologie une philosophie globale de
la qualité des liens que l’humanité devrait
nouer non seulement avec notre environnement
naturel, mais aussi avec toutes les
dimensions de l’être au monde de l’Homme.
C’est-à-dire les liens de vie et d’humanité
entre les personnes, entre les peuples,
entre les cultures et entre les civilisations ;
les liens entre le présent de l’Homme et
tout l’héritage éthique que nous a légué le
passé et la mémoire de toutes les nations ;
les liens avec les générations futures à qui
nous devons laisser une terre habitable et
une civilisation humanisante ; les liens avec
la transcendance comme instance de donation
de sens à l’existence humain, c’est-àdire
Dieu et toute la sphère de la vie spirituelle
qu’il représente.
Selon cette vision, l’écologie devient une
éthique et une spiritualité des liens vitaux.
Elle module une philosophie de la sauvegarde
des écosystèmes, du souci de l’humain,
de la conscience des générations futures et
de la fécondité des relations spirituelles
avec Dieu.
C’est dans cette perspective que le développement
durable prend son sens. Il s’agit
de l’instauration et de l’épanouissement
d’un mode d’être et d’une civilisation mondiale
où l’économie, la politique, la culture,
la spiritualité et l’ensemble des règles de
structuration de la vie humaine puissent
être au service de l’humain. Pour la promotion
du bonheur partagé. Le développement
n’est pas saisie ici dans sa seule dimension
de lutte pour l’amélioration des conditions
matérielles de la population, mais
dans son souffle vital de dynamique globale
de créatrice d’une nouvelle humanité.
Une humanité où les valeurs intellectuelles,
éthiques et spirituelles contribuent à donner
aux peuples et aux populations un réel
bonheur partagé. Un bonheur spirituel,
économique, politique, social et culturel.
Ce bonheur, c’est la vie en abondance
dont parle le Christ quand il dit : „Je suis
venu pour que les Hommes aient la vie, et
qu’ils l’aient en abondance“ (Jn 10,10). C’est
aussi la qualité de vie qui s’instaure grâce
aux valeurs du Royaume de Dieu : la liberté,
la vérité, la solidarité, la communauté,
bref l’amour comme terreau des liens
vitaux entre les personnes, entre les peuples,
entre les pays, entre les cultures et
entre les civilisations. C’est surtout l’épanouissement
de l’esprit de Dieu qui crée un
Homme nouveau et une nouvelle société :
là où la parole de Dieu transforme toutes
les conditions de vie au profit des pauvres,
des marginalisés et des laissés pour compte
de l’ordre social 4 .
Au CIPCRE, cette vision humaine du
développement durable fondé sur l’énergie
spirituelle de la vie, ne concerne pas seulement
la foi chrétienne. Elle est le lieu par
excellence du dialogue et de la coopération
interreligieuse : le lieu où se tissent des
liens d’alliance entre les religions pour le
triomphe de l’humain sur toutes les inhumanités
qui écrasent les personnes, les
groupes sociaux et les peuples.
Convaincu que cette alliance des religions
est garante d’une dynamique de mobilisation
sociale à vaste échelle, le CIPCRE a
le souci d’ouvrir le souffle spirituel des religions
sur les forces de la société civile et les
pouvoirs publics, pour des engagements
citoyens qui transcendent les aléas et les
étroitesses de la politique politicienne.
De même, convaincu que l’alliance des
religions est garante de l’alliance des civilisations,
le CIPCRE inscrit son action dans
la dynamique d’une coopération Nord-Sud
féconde et créatrice d’espérances. C’est
pour cela qu’il ne se pense pas comme un
projet du Sud à faire financer par les organisations
du Nord, mais comme un espace
où le Sud et le Nord sont unis dans un partenariat
responsable, vivant, dynamique :
un projet d’humanité solidaire. Comme le
dit clairement le pasteur Jean-Blaise Kenmogne,
« chez les partenaires du Nord
comme ici chez nous au Sud, le projet CIP-
CRE ne se conjugue pas à la troisième personne,
mais à la première personne du plurielle.
Au Nord on ne parle pas de nous en
disant :« leur projet ». Nous ne disons pas
ici que le CIPPRE est le projet d’un petit
groupe des Camerounais ou des Béninois.
Là-bas comme ici, il s’agir de « notre projet
» dont la réussite ou l’échec nous concerne
tous parce qu’il dépend de nous tous. »
Actions, réussites et problèmes
La philosophie que nous venons de présenter,
le CIPCRE l’incarne dans les programmes
que voici :
· l’appui au monde paysan dans les projets
de promotion de développement local ;
· l’éducation environnementale dans les
milieux scolaires et universitaires ;
· la coopération avec la société civile et le
plaidoyer auprès des pouvoirs publics ;
· la promotion du Genre et le renforcement
des capacités de créativité des femmes
;