L'indépendance - La Fondation Lionel-Groulx
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VERS L'INDÉPENDANCE<br />
s'agit d'obtenir d'eux qu'ils sacrifient leurs mauvaises coutumes,<br />
leurs lois, et, en un mot, leur nationalité, en leur<br />
témoignant une grande bienveillance et beaucoup d'égards<br />
dans l'état d'abattement où ils se trouvent par suite de la<br />
dernière insurrection".<br />
Dans son fameux rapport, et avec sa franchise hautaine,<br />
lord Durham s'est exprimé de façon encore plus nette :<br />
Point de paix possible dans le Bas-Canada si l'on n'y éteint<br />
les discordes entre races ; mais nul moyen d'y éteindre ces<br />
discordes, si l'on ne détermine une fois pour toutes le caractère<br />
national de la province, lequel doit être "celui de l'Empire<br />
britannique, celui de la grande race qui, à une époque<br />
non reculée, doit prédominer sur tout le continent de l'Amérique<br />
septentrionale". "Sans effectuer le changement avec<br />
une rapidité et une rudesse qui froisseraient les sentiments et<br />
sacrifieraient le bien-être de la génération présente", voulait<br />
bien ajouter lord Durham, "le premier et ferme dessein du<br />
gouvernement doit être à l'avenir d'établir, dans cette province,<br />
une population anglaise, avec les lois et la langue anglaises,<br />
et de n'en confier le gouvernement qu'à une législature<br />
décidément anglaise". Les esprits libéraux s'embarrassent-ils<br />
ici de scrupules ? Invoquent-ils le droit de la petite<br />
race française à survivre comme une autre. A quoi bon ?<br />
leur répondra le lord anglais. "On ne saurait concevoir de<br />
nationalité plus dénuée de tout ce qui peut donner de la<br />
vigueur et de l'élévation à un peuple, que la nationalité de<br />
ces descendants de Français du Bas-Canada, et ce, par suite<br />
de leur attachement à leur langue et à leurs usages particuliers.<br />
Ils sont un peuple sans histoire ni littérature . . . C'est<br />
pour les faire sortir de cette infériorité que je désire donner<br />
aux Canadiens notre caractère anglais".<br />
Le 9 mars 1840f3ans une lettre à John Russell, Poulett-<br />
Thomson, devenu gouverneur des Canadas, réaffirme, pour<br />
son compte, le même dessein : "Le grand objet que doit avoir<br />
en vue le gouvernement de Sa Majesté et celui que je vise<br />
certainement moi-même, est de faire cette province essen-<br />
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