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L'indépendance - La Fondation Lionel-Groulx

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POUR LA FÊTE DE L'INDÉPENDANCE<br />

renvoyait tout le dossier : en l'espèce l'un de mes ouvrages<br />

et l'une de mes brochures où, fortement marqués au crayon<br />

rouge, )e pus lire certains passages de mes récents cours<br />

d'Histoire et mesurer, du même coup, horresco referens,<br />

l'énormité de mon crime. J'ai encore ce dossier en ma possession.<br />

Qu'est-ce donc que j'avais commis ? Dans la conclusion<br />

toute fraîche de mes cours sur les Origines de la Confédération<br />

canadienne, pour redonner du courage aux miens,<br />

— c'était aux mauvais jours de 1917, alors que, par les agents<br />

de la conscription, nous étions si bafoués, si outragés — je<br />

venais d'écrire : "Si la pensée de l'avenir fait entrer dans nos<br />

poitrines des doutes trop angoissants, c'est que nos raisonnements<br />

s'êchafaudent comme si nous touchions à de l'immuable.<br />

Nous ne tenons aucun compte des futurs de l'histoire<br />

et de cet infatigable facteur qui s'appelle le temps. Nos<br />

pronostics se déroulent comme si ces grandes choses très<br />

humaines, qui s'appellent la république américaine et l'empire<br />

britannique, avaient les promesses de l'éternité."<br />

"N'est-il pas évident qu'à trop démesurément s'étendre,<br />

ces deux immenses squelettes vont se disloquer ? Regardez<br />

l'histoire des empires. Il est au-dessus du génie humain de<br />

fabriquer des armatures d'acier assez puissantes pour soutenir<br />

longtemps d'aussi vastes agglomérations."<br />

Ainsi, en l'an de grâce 1917-1918, pour avoir refusé à<br />

l'empire britannique les privilèges de l'Eglise du Christ, je<br />

veux dire les promesses de la vie éternelle, j'étais dénoncé par<br />

un Canadien français à la vindicte de mes compatriotes<br />

anglo-canadiens ; et, pour la même faute, — j'en tremble<br />

encore — j'ai failli rester à la porte de la Société Royale.<br />

Cependant nous étions quelques-uns à nous demander parfois<br />

si, avant de mourir, il nous serait donné de respirer enfin<br />

l'air d'un pays qui serait à nous, rien qu'à nous ; et si, audessus<br />

de nos têtes, un drapeau, lui aussi à nous, rien qu'à<br />

nous, flotterait, pour annoncer, avec la fin du colonialisme,<br />

l'avènement d'une vraie patrie, dans l'enivrante joie d'une<br />

fête de l'Indépendance.<br />

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