L'indépendance - La Fondation Lionel-Groulx
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L'INDÉPENDANCE DU CANADA<br />
On dirait, entre eux, une conspiration pour freiner la marche<br />
vers la pleine liberté, pour laisser subsister, autant que<br />
possible, anomalies et illogismes. Indéfiniment et sans raison<br />
valable, ils diffèrent les rajustements constitutionnels qui<br />
établiraient, dans les faits, le nouvel ordre de choses. <strong>L'indépendance</strong>,<br />
Canada first, airs de flûte de politiciens, quand la<br />
guerre est loin et que les élections sont proches. Enfin, à la<br />
veille de la deuxième guerre mondiale, nouveau et suprême<br />
retour offensif de l'impérialisme : offensive dont l'inspiration<br />
paraît émaner des anciens milieux jingoes du Canada,<br />
mais dont il serait facile de retracer ailleurs les fils secrets.<br />
On sait le reste jusqu'aux dernières élections fédérales de<br />
1945 où, pour échapper à un impérialisme qu'il appréhende<br />
pire que tout autre, le peuple canadien et même le peuple du<br />
Québec se convertissent apparemment au pire impérialisme<br />
dont le Canada ait jamais souffert.<br />
Nous voici au terme de cette revue d'histoire. Faut-il<br />
en dégager ou reprendre quelques conclusions ? L'idée impérialiste<br />
, inutile de le nier, garde, au Canada, une force déconcertante.<br />
Elle maintient ce grand pays hors de son orbite<br />
géographique et politique normale. Elle a orienté sa politique<br />
extérieure contre ses intérêts les plus vitaux. Elle maintient,<br />
dans ija vie intérieure, le germe de troubles profonds. Cependant,<br />
on l'a pu voir, le Canada n'a pas échappé à l'aspiration<br />
légitime et naturelle de tout peuple qui, avec l'âge et la<br />
force, prend conscience de sa personnalité politique et nationale.<br />
L'idée d'indépendance s'est éveillée de bonne heure<br />
chez lui ; et rien n'a jamais pu entièrement l'étouffer. Si elle a<br />
pris plus de temps à triompher ici que sur le reste de ce continent,<br />
la raison en est que le Canada fut plus mal servi que<br />
la plupart des pays de l'Amérique latine, par le voisinage<br />
géographique et par le synchronisme historique. Il a pour<br />
voisin un Etat puissant dont la voracité a pu, à bon endroit,<br />
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