L'indépendance - La Fondation Lionel-Groulx
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L'INDÉPENDANCE DU CANADA<br />
tiellement anglaise ; car à moins qu'il n'en advienne ainsi, il<br />
sera impossible de tirer parti de ses ressources naturelles,<br />
d'élever la condition de ses habitants et d'assurer la permanence<br />
de son lien avec la mère-patrie".<br />
En mars 1840, le secrétaire des colonies, John Russell,<br />
présentait aux Communes d'Angleterre le projet de l'Union<br />
des Canadas. Pour Russell, la grande erreur de la politique<br />
anglaise avait été, en 1791, la formation des deux Canadas.<br />
<strong>La</strong> population française du Bas n'avait usé de ses institutions<br />
parlementaires que pour le triomphe de ses aspirations ethniques.<br />
"For these evils and for this evil spirit", concluait le<br />
secrétaire des Colonies, le Bas-Canada serait annexé à la province<br />
du Haut. "C'est mon sentiment", continuait Russell,<br />
"que la vraie politique de ce pays, non seulement du point de<br />
vue de l'Angleterre et du Parlement impérial, mais aussi des<br />
futurs intérêts du Haut-Canada, consiste à donner à toute<br />
la province (il s'agit des Canadas-unis) un caractère anglais,<br />
de faire en sorte que les lois anglaises et que la législation<br />
anglaise s'y implantent dans leur plénitude. Sans doute faut-il<br />
empêcher, par tous les moyens, que la population française<br />
ne soit opprimée et n'ait à souffrir d'aucune injustice, mais,<br />
en même temps, il importe de ne pas tolérer que, par ses<br />
jalousies et son attachement à ses propres coutumes, elle se<br />
mette en travers de ce grand progrès qui me semble promis<br />
au destin du Canada".<br />
Charles Buller devait prendre la parole en ce même<br />
débat ; il prononça, entre autres, ces quelques mots qui<br />
achèvent de définir l'Acte d'Union : "Le grand argument en<br />
faveur de l'union, c'est tout d'abord qu'elle conférera la<br />
majorité à la population britannique ; c'est aussi qu'elle pourvoira<br />
la colonie d'une législature où le sentiment britannique<br />
sera prépondérant".<br />
Ce projet de constitution désigné par lord Ellenborough<br />
comme "le plus impudent, le plus frauduleux, le plus injuste<br />
qu'on eût jamais présenté au Parlement", et par lord Gosford,<br />
comme "un acte des plus injustes et des plus tyranni-<br />
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