L'indépendance - La Fondation Lionel-Groulx
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LE QUÉBEC DANS LA CONFÉDÉRATION<br />
ce monde, au sentiment de tous les historiens des civilisations,<br />
l'une des deux ou trois cultures qui, au cours des<br />
siècles, aient paru répondre aux tendances essentielles de l'intelligence<br />
humaine, l'une des plus propres, par conséquent,<br />
à forger en force et en beauté l'âme d'un peuple. Foi catholique,<br />
culture française ! L'étrange est qu'il faille nous rappeler<br />
la grandeur de ces richesses spirituelles, les vertus génératrices<br />
qu'elles infusent à notre milieu national, pour l'essor<br />
d'une humanité et d'une civilisation aussi saines qu'originales,<br />
pour un idéal de dépassement continu. C'est pourtant en<br />
notre pays québécois, et en lui seul, qu'il nous est donné de<br />
participer à tous ces privilèges. A qui donc, encore une fois,<br />
notre première allégeance ? A Québec, à Ottawa ?<br />
Nous opposerait-on futilement l'unité, l'indivisibilité de<br />
la souveraineté et la subordination des provinces au pouvoir<br />
central comme les parties le sont au tout ? Ce serait bien mal<br />
entendre notre arrangement politique. <strong>La</strong> position constitutionnelle<br />
de la province canadienne en face de l'Etat fédéral<br />
n'est pas la position d'un Etat inférieur en face d'un Etat<br />
supérieur, mais bien la position d'un Etat souverain en face<br />
d'un autre Etat souverain. Sans doute, la souveraineté et les<br />
juridictions sont-elles effectivement divisées. Le fédéral est<br />
souverain dans les matières où les provinces lui ont concédé<br />
leur juridiction ; mais celles-ci le sont également dans les<br />
domaines où elles ont gardé plein pouvoir et exclusive compétence.<br />
Dans les matières qui relèvent du fédéral, nous lui<br />
devons soumission ; dans celles où la province est seule compétente,<br />
c'est à la province et à elle seule que nous devons<br />
allégeance. Et comme il se trouve, ainsi que nous le constations,<br />
il y a un instant, que ces matières sont les plus nobles<br />
et les plus fécondes pour l'épanouissement de la personnalité<br />
humaine et de la culture nationale, tout nous justifie et nous<br />
fait même un devoir de nous tourner d'abord vers le pouvoir<br />
auquel la Constitution a confié la garde de ces biens éminents.<br />
Et voilà pourquoi, fort de toutes ces constatations et de<br />
toutes ces certitudes, je fais mienne la déclaration de M. Cha-<br />
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