L'indépendance - La Fondation Lionel-Groulx
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L'INDÉPENDANCE DU CANADA<br />
Joie légitime ! Les deux Canadas viennent de donner le<br />
signal de l'émancipation des colonies anglaises. Bagot va mourir,<br />
laissant son œuvre inachevée. Mais l'évolution est en<br />
marche. <strong>La</strong> Minerve (19 et 21 septembre 1842) donne au<br />
sentiment public sa juste expression lorsqu'elle affirme : "Le<br />
gouvernement responsable (traduisons : l'autonomie coloniale)<br />
a enfin cessé d'être un mot vide de sens... ; le grand<br />
principe de la responsabilité... est... formellement et solennellement<br />
reconnu par le représentant de la Couronne, scellé<br />
de l'approbation de l'Assemblée législative..."<br />
Cette victoire était une victoire canadienne. Vérité qu'il<br />
faut rappeler à ceux qui ont besoin de croire que la liberté<br />
nous fut apportée un jour sur les vagues par une déesse radieuse.<br />
Dans Dix ans au Canada, Gérin-<strong>La</strong>joie a recueilli cette<br />
affirmation de lord Stanley "qu'en principe, dans tous les<br />
points essentiels, Sir Charles Bagot avait, depuis sa nomination,<br />
mérité l'approbation entière et cordiale du gouvernement<br />
de Sa Majesté" 19<br />
. Cette affirmation, Stanley la faisait<br />
aux Communes anglaises pendant l'hiver de 1843. Gérin-<br />
<strong>La</strong>joie, qui n'avait pu consulter la correspondance Bagot-<br />
Stanley, était bien incapable de mettre les choses au point.<br />
Comme la vérité historique diffère néanmoins des propos<br />
de l'orateur anglais ! Aux lettres pressantes de Bagot, impatient<br />
de savoir que faire et qui expose ses intentions politiques<br />
à l'égard des Canadiens français, quelle réponse a d'abord<br />
écrite le secrétaire des Colonies ? Stanley a consulté le premier<br />
ministre Robert Peel, et tous deux se sont mis d'accord<br />
pour déconseiller à Bagot la funeste manœuvre. Tout au plus<br />
le gouverneur ne devra-t-il s'y résoudre qu'à bout de ressources,<br />
comme à une solution désespérée. Il fallait plutôt,<br />
écrivait-on à Bagot, pratiquer hardiment le divide et impera,<br />
multiplier sans scrupules les achats d'hommes. Robert Peel<br />
n'hésitait même pas à conseiller le recours aux mesures extrê-<br />
19) Gérin-<strong>La</strong>joie, Dix ans au Canada, de 1840 à 1850. Histoire de l'établissement<br />
du gouvernement responsable. (Québec, 1888), 144.<br />
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