L'indépendance - La Fondation Lionel-Groulx
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L'IDÉE D'INDÉPENDANCE<br />
groupe d'Anglo-Canadiens se livraient à une manifestation<br />
d'un sens nullement équivoque. Le colonel Prince, député<br />
conservateur d'Essex et Anglais de naissance, présentait aux<br />
Chambres une requête signée "d'un grand nombre de Canadiens<br />
respectables", et où, par "adresse" à Sa Majesté, les<br />
Chambres demanderaient "que le Canada fût relevé de sa<br />
dépendance, et qu'il lui fût permis de devenir un Etat souverain".<br />
Et quels sont les députés qui vont voter cette requête ?<br />
Des hommes comme Malcolm Cameron, Benjamin Holmes,<br />
Jacob de Witt, John McConnell, député de Stanstead, J. S.<br />
Sanborn, député de Sherbrooke.<br />
A l'origine de ces explosions de révolte, nous relevons<br />
invariablement une réaction de coloniaux contre l'égoïsme<br />
métropolitain. Vers 1850, ajoutons-y les premiers signes du<br />
détachement de la métropole à l'égard de ses colonies. Tranquillisée<br />
par les profits que lui rapporte sa révolution économique<br />
de 1846, la Grande-Bretagne a jeté tout de bon pardessus<br />
bord l'ancien système du pacte colonial. Ses dépendances<br />
d'Amérique, elle ne les regarde plus qu'avec l'œil désabusé<br />
du vieux lion qui s'apprête à chasser de l'antre paternel les<br />
lionceaux devenus à charge. Le manifeste annexionniste de<br />
Montréal contient ces lignes : "Il n'est plus problématique<br />
que l'Angleterre n'ait résolu de nous investir des attributs,<br />
et de nous forcer de subir les fardeaux de l'indépendance".<br />
En effet Cobden n'est pas seul à dire, dans des assemblées<br />
publiques : "Accordons à nos colonies une liberté et une<br />
indépendance semblables à celles dont jouissent les Etats-<br />
Unis . . . Cessons à tout jamais de nous mêler de leurs affaires<br />
. . ," S8<br />
Quelques-uns des plus grands journaux du<br />
Royaume-Uni, dont le Times, dissertent, d'un ton résigné,<br />
sur le même sujet. Dans son discours du 8 février 1850, lord<br />
John Russell aborde la question, avec un état d'esprit qui<br />
scandalise, au Canada, deux hommes profondément attachés<br />
à la liaison britannique : Elgin et Baldwin. C'est le même<br />
26) A. Gérin-<strong>La</strong>joie, Dix ans au Canada..., 611-612.<br />
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