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L'indépendance - La Fondation Lionel-Groulx

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L'INDÉPENDANCE DU CANADA<br />

pour avoir prôné l'établissement dans les colonies de ce régime<br />

suspect, le Rapport du radical Durham fit scandale dans<br />

le royaume ? Sans doute faut-il faire état des deux dépêches<br />

du 14 et du 16 octobre 1839 de John Russell : promesses plus<br />

ou moins précises d'un relâchement de l'absolutisme métropolitain.<br />

Mais il existe de Russell un texte postérieur à ceuxlà,<br />

plus clair et plus catégorique, et c'est son opinion de 1840,<br />

lors du débat sur l'Union des Canadas. Pour cet homme<br />

d'Etat, "gouvernement responsable" équivaut à indépendance<br />

et à rupture du lien colonial. <strong>La</strong> doctrine de Russell<br />

se condense en cette formule absolue : les membres d'un conseil<br />

colonial ne peuvent aviser la couronne d'Angleterre. Ou<br />

un gouverneur de colonie obéira aux instructions du gouvernement<br />

de Londres, et alors la responsabilité ministérielle<br />

s'évanouit ; ou il suivra l'avis de son conseil colonial, et, alors,<br />

d'officier subordonné, il devient souverain indépendant. Le<br />

jeune Gladstone partage la même doctrine arriérée, lui qui,<br />

vers le même temps, s'exprime comme suit : "Si l'on me<br />

demande la définition du gouvernement responsable, je<br />

réponds que ce n'est rien d'autre qu'une législature indépendante"<br />

12<br />

. Ai-je besoin d'ajouter que telle est aussi la doctrine<br />

du représentant de Sa Majesté au Canada, lord Sydenham ?<br />

Il veut bien des conseillers, mais des conseillers à qui il ne<br />

demandera que des conseils et des conseils qui ne l'obligeront<br />

point. Ministre, cabinet, il le sera lui tout seul, sans partage<br />

de pouvoir ni de responsabilités. On le voit reprendre l'argumentation<br />

sophistique de Russell : ou le gouverneur est un<br />

souverain, ou il est un ministre. S'il est souverain, il ne saurait<br />

être responsable au gouvernement de la métropole ; s'il<br />

est ministre, il ne peut être responsable qu'à Londres et ne<br />

doit de compte à personne dans la colonie. Antienne au surplus<br />

reprise à l'époque par toute la presse tory des colonies.<br />

<strong>La</strong> Montreal Gazette, — pour ne citer que ce journal bien<br />

connu alors pour son esprit progressiste en politique, — fait<br />

12) Parliamentary Debates (29 mai 1840).<br />

114

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