L'indépendance - La Fondation Lionel-Groulx
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L'INDÉPENDANCE DU CANADA<br />
2°. Qu'une forme républicaine de gouvernement est<br />
celle qui convient le mieux au Bas-Canada, qui est<br />
ce jour déclaré être une république". 8<br />
Il a été de mode de ne voir, dans la Déclaration d'indépendance<br />
de Nelson, qu'un acte isolé, individuel, le geste d'un<br />
esprit fantasque, surchauffé et vaniteux, en mal de se décerner,<br />
coûte que coûte, la présidence d'une république d'opérette.<br />
L'idée de Nelson ne serait qu'un champignon politique<br />
poussé, on ne sait comment, en terre d'Utopie. Il faut en<br />
revenir. Nelson a simplement voulu confisquer à son profit<br />
une idée qui est dans l'air, qui est même dans les esprits depuis<br />
au moins 1830. On ne trouve pas seulement au Brésil des démocrates<br />
emballés par les idées françaises et qui bravent le<br />
ridicule jusqu'à se décorer des noms de <strong>La</strong> Fayette ou de<br />
Benjamin Constant. On s'emballe presque autant parmi les<br />
démocrates du Bas-Canada. Quelques-uns de ces jeunes Messieurs<br />
entretiennent des relations épistolaires avec les coryphées<br />
de la démocratie française, chantent avec entrain les<br />
chansons de Béranger, emplissent leurs journaux de la littérature<br />
1830. Surtout ils rêvent de révolution, de leur révolution.<br />
Ceux qu'on a appelés les "Patriotes", ont bel et bien<br />
rêvé d'indépendance pour le Bas-Canada. Ils y ont vu l'aboutissant<br />
logique de leur campagne pour la liberté de leur<br />
province. Dans l'esprit de ces hommes jusqu'alors férus de<br />
loyalisme, l'on discerne plus qu'une pointe d'antibritannisme.<br />
Ils ont perdu foi en l'esprit de justice de l'Angleterre. Et ils<br />
ont résolu de secouer le joug. Le 1er janvier 1831, Edouard-<br />
Etienne Rodier, qui se coiffe lui-même du titre de "citoyen<br />
Carnot Rodier", date ainsi l'une de ses lettres : "De l'an 1er<br />
de l'Indépendance canadienne". Au cours de la session de<br />
3) J.-A. Plinguet aurait imprimé cette Déclaration d'Indépendance, alors<br />
que tout jeune il travaillait à la Quotidienne. (Plinguet à Ludger Duvernay,<br />
3 août 1840, Rapport de l'Archiviste de la Province de Québec (RAPQ) (1926-<br />
1927) : 228, n° 429 de la Correspondance Duvernay. — Voir sur le projet de<br />
Nelson, Victor Morin, "<strong>La</strong> République canadienne de 1838", Revue d'Histoire<br />
de l'Amérique française, II (mars 1949) : 483-513).<br />
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