L'indépendance - La Fondation Lionel-Groulx
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VERS L'INDÉPENDANCE<br />
oser, écrit-il à Stanley, "qu'en blessant au plus sensible un<br />
sentiment universel en Angleterre". Et il ajoute :"Bref, c'est<br />
un problème angoissant, infiniment angoissant". Mais pourtant,<br />
si c'était là l'unique solution ? Car, en son anxiété,<br />
Bagot a examiné, fouillé toutes les issues possibles. Dissoudre<br />
les Chambres ? Aller devant le peuple avec un ministère tory?<br />
C'est permettre au parti canadien d'éliminer dans sa province<br />
le British party. Y aller avec un ministère réformiste, c'est<br />
encore fortifier le parti de <strong>La</strong>Fontaine. <strong>La</strong>ncer un appel aux<br />
préjugés de race, soulever Anglais contre Français ? Ou, encore,<br />
résister aux Chambres, faire litière du gouvernement<br />
responsable, gouverner sans tenir compte de la majorité parlementaire<br />
? Pour le coup, c'est allumer au Canada une nouvelle<br />
et vaste insurrection et mettre en danger le lien britannique.<br />
Hélas ! partout le spectre français rebondissait. Faudrait-il<br />
mettre au rancart la politique de Durham et de Russell<br />
?<br />
A Kingston, la session s'est ouverte le 8 septembre.<br />
Grande agitation dans tous les esprits. <strong>La</strong> veille, le ministère<br />
a averti le gouverneur qu'il se tient lié par les résolutions du<br />
3 septembre 1841. Mis en minorité, il se fera un point d'honneur<br />
de se démettre. De nouveau M. Draper presse le gouverneur<br />
de lui assurer le concours du parti canadien-français.<br />
Le 9 septembre, Bagot convoque <strong>La</strong>Fontaine à l'Hôtel du<br />
gouvernement. Le jeune député est prié de faire savoir à<br />
quelles conditions, lui et son parti, accepteront de fournir<br />
leur appui au ministère. <strong>La</strong> proposition, précise le gouverneur,<br />
ne s'adresse pas à un parti politique mais à la nationalité<br />
que ce parti représente. Pris par surprise, <strong>La</strong>Fontaine demande<br />
à consulter ses collègues. Le lendemain il pose ses conditions<br />
: quatre sièges dans le cabinet, dont l'un pour Robert<br />
Baldwin. Bagot se cabre. Il n'a que deux sièges vacants. Prêt<br />
d'ailleurs à un remaniement partiel du ministère, le<br />
gouverneur se refuse à une reconstruction totale. Au<br />
reste, s'il accepte Baldwin, — pour qui il éprouve<br />
une sorte d'antipathie naturelle, — il ne l'acceptera<br />
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