L'indépendance - La Fondation Lionel-Groulx
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L'INDÉPENDANCE DU CANADA<br />
poussées de mauvaise humeur. Jusqu'à la guerre du Transvaal<br />
on restera intransigeant contre toute participation aux guerres<br />
de l'empire. Pour le reste, le suprême malheur du Canada<br />
sera d'avoir à sa tête des politiques sans doctrine définie, pour<br />
qui l'opportunisme sera le dernier mot de la sagesse. <strong>L'indépendance</strong><br />
ne leur apparaît plus comme le terme naturel,<br />
normal de l'évolution politique et nationale. Ils s'orientent<br />
plutôt vers la simple autonomie, dans un fédéralisme impérial<br />
de définition et de cadres imprécis.<br />
Fait singulier, c'est dans le Québec et, en général, dans<br />
le Canada français, que cette régression de l'idée d'indépendance<br />
se fera le plus sentir. Le petit peuple qui, jusque-là,<br />
avait le mieux compris l'évolution constitutionnelle de son<br />
pays et qu'on avait vu à la tête des conquérants de la liberté,<br />
parut lassé de son rôle d'avant-garde. Etrange effet, en sa<br />
complexion morale, des institutions de 1867, faites, semblaitil,<br />
pour achever sa virilité politique et que le jeu fatal des<br />
partis, dans l'arène fédérale, allait ramener à l'enfance politique.<br />
Un historien qui écrirait à la Bainville, l'Histoire de<br />
deux générations, je veux dire, au Canada, celles qui ont suivi<br />
1867, n'aurait pas de peine à démontrer comment la politique,<br />
telle que les Canadiens français l'ont pratiquée dans<br />
le domaine fédéral, depuis la Confédération, les a amenés<br />
à n'avoir plus de politique à eux, ni à Ottawa ni à Québec.<br />
Qui dit parti fédéral, dit d'abord une majorité anglo-canadienne.<br />
Du jour où le service et l'idéologie du parti devaient<br />
se substituer à l'idée et au service de la province et de la<br />
nationalité, les Canadiens français ne pouvaient aboutir en<br />
politique qu'à servir des intérêts qui n'étaient plus les leurs.<br />
Ils en arriveront à fausser, dans ses principes et dans son<br />
orientation, leur politique traditionnelle, à n'avoir plus de<br />
politique que la politique de la majorité, et ce, même en leur<br />
propre province, par le rebondissement inévitable du despotisme<br />
partisan dans le domaine provincial. De là les haines<br />
vigoureuses des vieux partis à l'égard de tous les mouvements<br />
nationaux ou nationalistes qui pourraient affecter ou infir-<br />
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