L'indépendance - La Fondation Lionel-Groulx
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L'INDÉPENDANCE DU CANADA<br />
que présenté par les Canadiens et pour leur permettre<br />
de payer au chef réformiste leur dette de gratitude.<br />
De nouveau <strong>La</strong>Fontaine demande à prendre l'avis de ses amis.<br />
A la Chambre le débat sur le discours du trône est dangereusement<br />
engagé. Un amendement de Baldwin qui conclut au<br />
renvoi du ministère, a toute chance d'être voté. Le 12 au soir,<br />
les ministres remettent entre les mains du gouverneur une<br />
sorte d'ultimatum : ce sont les offres dernières à soumettre<br />
par Son Excellence aux Canadiens ; c'est l'avertissement aussi<br />
qu'en cas d'insuccès la démission générale du cabinet s'ensuivra.<br />
Le 13 septembre, sir Charles remet de main à main à <strong>La</strong>-<br />
Fontaine une lettre où il lui fait part de ses dernières concessions<br />
: retraite de MM. Ogden et Draper ; postes de procureur<br />
général de l'une et l'autre province offert à MM. <strong>La</strong>Fontaine<br />
et Baldwin ; poste de commissaire des terres à M. Girouard<br />
; celui de solliciteur général pour le Bas-Canada mis<br />
à la disposition du chef canadien ; mise à la retraite possible<br />
de M. Sherwood ; poste de greffier du Conseil exécutif réservé<br />
à MM. Morin ou Etienne Parent. <strong>La</strong>Fontaine avait gagné<br />
sa reconstruction du ministère : on le faisait maître de la<br />
situation. "Je suis allé aussi loin que possible pour rencontrer<br />
et même dépasser vos demandes", lui écrivait, en fin de sa<br />
lettre, le gouverneur.<br />
Pourtant le jeune chef, ému, les yeux presque baignés<br />
de larmes, dit Bagot, fait valoir, séance tenante, d'autres exigences<br />
; pour l'ami Baldwin, liberté entière de choisir ses collègues<br />
dans le Haut ; refus de pension à MM. Ogden et<br />
Davidson qui, en quittant le cabinet, ne font que se soumettre<br />
après tout au jeu normal du gouvernement responsable.<br />
<strong>La</strong>Fontaine a reçu la dernière lettre du gouverneur à<br />
une heure de l'après-midi, soit presque à la veille de l'ouverture<br />
de la Chambre. Le temps lui a manqué de rédiger une<br />
réponse écrite à Son Excellence. Au reste, la lettre lui a paru<br />
de caractère strictement privé, si bien qu'au lieu de l'apporter<br />
avec lui au Parlement il l'a laissée sous clé à sa maison de<br />
pension. Quelle n'est donc pas sa surprise lorsque, tout à coup,<br />
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