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L'indépendance - La Fondation Lionel-Groulx

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LE CANADA, PAYS LIBRE<br />

jours qui s'en viennent. Par sa suprématie navale, la Grande-<br />

Bretagne avait pu garder, jusqu'à ces derniers temps, ses<br />

positions-clés à travers le monde. Cette suprématie n'existe<br />

plus. Les armes nouvelles ont rendu infiniment précaire, ont<br />

même déclassé la thalassocratie anglaise. L'Angleterre est<br />

pratiquement évincée de l'Europe. Pour faire ses guerres<br />

continentales et monter la garde sur la Manche, la mer du<br />

Nord et la Baltique, elle n'a plus ni la France ni la Pologne.<br />

<strong>La</strong> Méditerranée n'est plus et sera de moins en moins une<br />

mer anglaise. <strong>La</strong> puissance la plus fortement installée en Europe<br />

et en Asie n'est plus l'Angleterre. 28<br />

Pour garder son<br />

empire, se maintenir à son niveau de grandeur et de prestige,<br />

l'Angleterre n'est donc pas libre de ne pas entreprendre contre<br />

la liberté de ses Dominions. Et l'on sait, du reste, que,<br />

tout en proclamant l'absolue liberté des nations sœurs, elle<br />

traite, avec une humeur toute spéciale, celles qui osent se<br />

retrancher dans la neutralité. Que reste-t-il donc au Canada,<br />

sinon cette suprême alternative : s'affranchir des dernières<br />

lisières du colonialisme, entrer comme Etat libre, absolument<br />

libre, dans le monde international ; "choisir la paix ou la<br />

guerre", comme disait George Washington, "suivant ce que<br />

conseillera notre intérêt, guidé par la justice" ; participer<br />

peut-être aux guerres de demain qui ne pourront plus être<br />

que des guerres mondiales, mais y participer, cette fois, à<br />

l'exemple des jeunes pays des trois Amériques, de notre libre<br />

décision, avec une chance plus grande par conséquent de<br />

28) Qu'on lise, sur ce sujet, dans The Canadian Historical Review, vol.<br />

XXVI (sept. 194$) : 255-78, le penetrant article de M. David Owen (Univer­<br />

sité d'Harvard) : "Where now is Britain ?", en particulier, p. 257, ces quelques<br />

lignes : "The decline in Britain's power position, which was only partly<br />

revealed by the First World War, has now become obvious to all... British<br />

policy must of necessity be built on more modest dimensions than those<br />

blueprinted by Victorian foreign secretaries. Of the three major powers which<br />

credentials to "super-power" status are unquestioned Britain's claim can be<br />

admitted only with some qualification, for, to cite the editor of the London<br />

Economist, her Great Power position is dependent of the continued co-operation<br />

of the Commonwealth and the absence of active hostility on the part of the<br />

United States."<br />

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