L'indépendance - La Fondation Lionel-Groulx
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L'IDÉE D'INDÉPENDANCE<br />
De haut tout d'abord, il écarte le mensonge officiel où aimait<br />
s'appuyer le loyalisme politicien. "Je ne suis pas un anglophobe",<br />
clame-t-il à son auditoire, ..."mais l'Angleterre me<br />
laisse indifférent, presque froid. J'admets qu'elle nous a fait<br />
du bien ; mais je crois qu'elle nous a fait plus de mal que<br />
de bien et que, si nous avons prospéré, nous surtout, les<br />
Canadiens français, ce n'est pas de sa faute... Et nous pourrons<br />
nous séparer d'elle... sans remords de conscience, sans<br />
déchirements de cœur, et même sans verser de larmes..."<br />
De telles paroles fleurent déjà le scandale. Que dire de la<br />
conclusion du discours : "Debout, comme un homme libre<br />
sur la terre d'Amérique, je défends la cause sacrée de mes<br />
compatriotes, quelles que soient leur race ou leurs croyances<br />
religieuses, et je demande pour tous l'émancipation coloniale<br />
et la liberté... Hommes, femmes et enfants, à vous de choisir<br />
; vous pouvez rester esclaves dans l'état de colonie, ou<br />
devenir indépendants et libres, au milieu des autres peuples<br />
qui vous convient au banquet des nations."<br />
Mercier avait souhaité, ce soir-là, un vaste mouvement<br />
d'opinion en faveur de l'indépendance. Il avait invité les<br />
mères canadiennes à orienter, vers ce destin national, l'éducation<br />
de leurs enfants. De mouvement d'opinion, inutile<br />
de le dire, il n'y eu point l'ombre, pas plus que d'éducation<br />
nationale pour un destin plus élevé de la patrie. <strong>La</strong> conférence<br />
de Mercier obtint un seul écho quelque peu retentissant<br />
: la brochure de Joseph Royal : Le Canada, République<br />
ou Colonie ?, brochure de 105 pages, parue à Montréal, en<br />
1894. Royal reprenait une idée de sa jeunesse qu'il avait<br />
d'abord lancée, nous l'avons vue, dans la Revue Canadienne<br />
de 1865. Mais il la reprenait cette fois avec plus de fermeté,<br />
se faisait même l'avocat d'une république canadienne. L'idée<br />
de Royal, pas plus que le discours de Mercier, ne fit long<br />
chemin.<br />
Faut-il noter, comme un autre écho de la conférence<br />
Mercier, la brochure de James Douglas, Canadian Independence,<br />
Annexation and British Imperial Federation ? L'écho<br />
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