L'indépendance - La Fondation Lionel-Groulx
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L'INDÉPENDANCE DU CANADA<br />
tories du Haut, — eh oui ! même celle-là, — et recherchée<br />
par les tories, puisque, en politique, l'extraordinaire est souvent<br />
ce qui arrive. Etrange alliance, de caractère négatif,<br />
fondée sur une commune opposition à l'union des Canadas<br />
et à la politique de Sydenham. L'autre coalition serait celle<br />
des Canadiens français et des Réformistes du Haut, celle-ci<br />
plus naturelle, fondée sur le même idéal politique. Bagot<br />
devra choisir entre les deux. Opte-t-il pour la première ? Il<br />
jette, il le sait, les Britanniques du Bas-Canada et les Réformistes<br />
du Haut, ceux-là par haine de la French domination,<br />
ceux-ci par haine du family compact, dans un mouvement<br />
violent, désespéré vers l'annexion aux Etats-Unis et vers la<br />
rupture du lien colonial. Opte-t-il pour la seconde coalition?<br />
Il jette du côté du nouveau cabinet les cinq huitièmes de la<br />
Chambre ; et la combinaison n'aurait d'autres opposants que<br />
les deux petits groupes des tories de chaque province. Mais<br />
ici un autre obstacle surgit, apparemment insurmontable. Ce<br />
parti canadien-français, qui tient dans ses mains le sort du<br />
ministère, ce parti puissant est-il possible de s'en faire un<br />
allié qui ne devienne pas un maître ? Sydenham a pu grignoter<br />
les autres partis. Celui-ci est resté le bloc inentamé. Vainement<br />
Bagot s'y est lui-même essayé. Dans le ministère, il<br />
a offert le poste de Charles Dewey Day, devenu juge, à Côme-<br />
Séraphin Cherrier. Cherrier a refusé, sous prétexte de santé,<br />
ce poste de solliciteur général. Bagot sait ou doit savoir qu'une<br />
offre pareille faite au jeune <strong>La</strong>Fontaine par Sydenham a été<br />
écartée. Bagot l'a donc compris : s'adresser à des individus<br />
plutôt qu'au bloc c'est peine perdue. Mais ce bloc français,<br />
à quel prix voudra-t-il mettre sa collaboration ? Osera-t-il<br />
exiger la reconstitution totale du ministère, remettre en question<br />
les principes fondamentaux de l'Union, les ordonnances<br />
du Conseil spécial, la liste civile ? Sir Charles, perplexe, se<br />
tourne du côté de Londres ; avec insistance, il demande au<br />
Bureau colonial des instructions. Appeler les Canadiens français<br />
à partager les responsabilités du gouvernement, il sait à<br />
quoi l'expose, outre-mer, pareille solution. Il ne le pourrait<br />
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