L'indépendance - La Fondation Lionel-Groulx
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L'INDÉPENDANCE DU CANADA<br />
cette fois, le phénomène se produisait parmi les loyalistes<br />
d'hier, les torys, farouches ennemis des patriotes. En 1846<br />
l'Angleterre accomplissait sa révolution économique et douanière.<br />
Sans se préoccuper du bouleversement qui pourrait<br />
s'ensuivre dans la structure économique de ses colonies, elle<br />
se donnait au libre-échange, et, du même coup, rompait le<br />
vieux pacte colonial. <strong>La</strong> réaction fut vive, violente, dans les<br />
milieux d'affaires au Canada. Du jour au lendemain, quelques<br />
groupes se jetèrent dans les solutions extrêmes. "<strong>La</strong><br />
liberté du commerce et les colonies ne peuvent aller ensemble",<br />
lisait-on dans le Montreal Times. "Le temps n'est plus<br />
où une nation peut tenir des possessions dans l'esclavage par<br />
le seul charme du mot "loyauté", disait de son côté le Morning<br />
Courier. Le Herald voyait venir le jour où d'associés<br />
commerciaux avec la Grande-Bretagne, nous deviendrions<br />
forcément des "rivaux, en formant une annexion avec le<br />
magasin voisin". 25<br />
Trois ans passeront. Une autre crise<br />
viendra troubler la vie canadienne : crise de la loi de l'indemnité<br />
aux insurgés de 1837-1838. Nouvelle insurrection des<br />
torys contre lord Elgin qui, sommé par eux, refuse de sortir<br />
de son rôle constitutionnel. C'est alors que la Gazette de<br />
Montréal pousse ce cri de colère : "Anglo-Saxons ! . . . Vous<br />
serez Anglais, dussiez-vous n'être plus Britanniques". <strong>La</strong><br />
crise aboutit au mouvement annexionniste, mouvement anglo-canadien<br />
au premier chef, qui, pour se recruter dans tous<br />
les groupes politiques, a néanmoins, pour faction dominante,<br />
le groupe tory. Les annexionnistes qui proposent l'intégration<br />
des Canadas dans la république américaine, ne veulent, sans<br />
doute, qu'une forme relative d'indépendance. Le mouvement<br />
est à retenir parce qu'il exprime, et cette fois, de la part de<br />
l'élément anglo-saxon, la volonté d'en finir avec le colonialisme<br />
et de rompre avec la Grande-Bretagne et l'empire. A<br />
peu près vers le même temps du reste, en 18 50, un autre<br />
25) Citations empruntées à A. Gérin-<strong>La</strong>joie, Dix ans au Canada... (Québec,<br />
1888), 398-401.<br />
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