L'indépendance - La Fondation Lionel-Groulx
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VERS L'INDÉPENDANCE<br />
cipale, on vient de le voir, il faut pourtant l'accorder aux<br />
Canadiens français. Elle est due à leurs chefs assez dignes de<br />
caractère, pour ne pas troquer leur indépendance ni l'avenir<br />
des leurs contre un portefeuille de ministre. Entre ces chefs,<br />
la part insigne revient au jeune Louis-Hippolyte <strong>La</strong>Fontaine,<br />
à sa diplomatie, à sa fière intransigeance. <strong>La</strong> grande part<br />
revient encore à tout le parti canadien-français, à sa cohésion,<br />
à sa passion de la liberté ; ce sont tous ceux-là qui ont<br />
hâté, dans l'histoire de notre pays, cette maîtresse étape de<br />
son évolution politique ; et ce sont eux, du même coup, qui<br />
ont arraché à la servitude et peut-être à la mort leur nationalité.<br />
Relisez la lettre de Sir Charles Bagot à <strong>La</strong>Fontaine. Ce<br />
n'est pas à un homme ni à un chef de parti que s'adresse<br />
l'appel du gouverneur : "Je me sens toujours le même désir<br />
d'inviter la population d'origine française de cette province<br />
à prêter son aide et sa coopération sincère à mon gouvernement".<br />
Quand il confie ses projets à Stanley, Sir Charles se<br />
montre encore plus explicite : "Je me suis tourné vers les<br />
Canadiens français", écrit-il au secrétaire des Colonies ; "je<br />
me suis tourné vers eux, comme vers une race et un peuple<br />
plutôt que vers un parti (As a Race and as a people rather<br />
than a Party) ". Et voilà qui aide à saisir la signification du<br />
discours français de <strong>La</strong>Fontaine, le 13 septembre 1842. C'est<br />
à l'heure où on l'appelle à devenir le chef du gouvernement<br />
des Canadas, alors que les négociations sont en cours, c'est à<br />
ce moment précis que <strong>La</strong> Fontaine, — député à ce moment,<br />
notons-le bien, de North-York (Toronto) — réclame, pour<br />
sa race, absolue égalité de droits, s'affirme, avec une sorte de<br />
fierté solennelle, Canadien français. Trois jours plus tard,<br />
en dépit de tout, on le fait en cette qualité chef du gouvernement.<br />
Quel sens donner à l'événement de même qu'aux<br />
lettres de Bagot à <strong>La</strong>Fontaine lui-même et à Stanley, sinon<br />
celui d'une éclatante répudiation de la politique anti-française<br />
de Durham et de Russell ?<br />
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