L'indépendance - La Fondation Lionel-Groulx
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LE CANADA, PAYS LIBRE<br />
Les autorités impériales y allaient, dans les débuts, assez<br />
rondement avec les chambres coloniales. De 1836 à 1864, soit<br />
pendant vingt ans au moins de gouvernement responsable,<br />
341 projets de loi des provinces de l'Amérique du Nord<br />
furent réservés à la sanction royale ; 47 ne l'obtinrent jamais.<br />
Pour retrouver dans la suite l'exercice du droit de désaveu<br />
au Canada, il faut remonter à 1873 ; et, pour le droit de<br />
réserve, à 1886. En 1911, vingt ans avant le Statut de Westminster,<br />
M. Balfour pouvait dire : "Du point de vue légal<br />
je crois à la suprématie du parlement britannique sur les<br />
parlements du Canada, de l'Australie, ou du Cap, ou du<br />
Sud-Africain ; mais, en fait, ces parlements sont indépendants,<br />
absolument indépendants". 2<br />
Au reste, la Conférence impériale de 1926, soit cinq<br />
ans avant le Statut de Westminster, disposait, à toute fin<br />
pratique, de cette suprématie déjà périmée. Le 29 mars 1927,<br />
au parlement fédéral, le premier ministre, M. Mackenzie<br />
King, définissait comme suit la ligne de conduite adoptée à<br />
la Conférence par le gouvernement impérial : "Là où nous<br />
aurons affaire à un Dominion autonome (self governing<br />
Dominion) nous lui reconnaîtrons l'égalité de statut et le<br />
pouvoir de désaveu ne sera exercé que sur l'avis du Dominion<br />
qui le demandera." Le lendemain, M. <strong>La</strong>pointe pouvait dire<br />
à son tour : "Je suis content que tous ceux qui ont pris quelque<br />
part à ce débat, même mon honoré ami, le chef de<br />
l'opposition, ont convenu que le pouvoir de désaveu est<br />
aboli et qu'il peut être réputé n'avoir aucun effet constitutionnel."<br />
C'est dire le peu de nouveau qu'apportait sur ce<br />
point le Statut de Westminster.<br />
Dans le domaine exécutif, autre progrès d'autonomie.<br />
Le Canada n'est plus sujet à la suprématie du gouvernement<br />
britannique : suprématie que Londres exerçait par l'intermédiaire<br />
de deux subordonnés : le gouverneur des colonies<br />
2 ) Cité par M. Henri Bourassa, Que devons-nous à l'Angleterre ? — <strong>La</strong><br />
défense nationale — <strong>La</strong> révolution impérialiste — Le tribut à l'Empire (Montréal,<br />
1915), 206, note.<br />
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