L'indépendance - La Fondation Lionel-Groulx
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LE QUÉBEC DANS LA CONFÉDÉRATION<br />
Lorsque nous serons unis, si toutefois nous le devenons, nous<br />
formerons une nationalité politique". (Retenez bien le mot) :<br />
Cartier ne dit point une nationalité ethnique, culturelle,<br />
mais "politique", "indépendante de l'origine nationale ou de<br />
la religion d'aucun individu".<br />
En langage clair, cela veut dire, si je ne m'abuse, que la<br />
nationalité politique sera une chose et la nationalité culturelle<br />
et ethnique une autre chose. Cartier eut-il peur de<br />
n'être pas suffisamment compris ? Ecoutez-le encore :<br />
"Il en est qui ont regretté qu'il y eut diversité de races<br />
et qui nous ont exprimé l'espoir que ce caractère distinctif<br />
disparaîtrait. L'idée de l'unité des races est une utopie ; c'est<br />
une impossibilité. Une distinction de cette nature existera<br />
toujours, de même que la dissemblance paraît être dans<br />
l'ordre du monde, physique, moral et politique". Cartier ne<br />
s'arrête pas là. Pour marquer plus expressément, si possible,<br />
que le nouvel Etat politique ne saurait exiger rien d'autre<br />
que la collaboration des races, et que la collaboration pourrait<br />
être profitable au Canada, le chef du Bas-Canada ajoutait<br />
ces derniers mots : "Nous ne pouvons, de par la loi, faire disparaître<br />
nos distinctions de races, mais j'en suis persuadé, les<br />
Anglo-Canadiens et les Canadiens français sauront apprécier<br />
leur position les uns vis-à-vis des autres. Placés les uns près<br />
des autres, comme de grandes familles, leur contact produira<br />
un esprit d'émulation salutaire. <strong>La</strong> diversité des races contribuera,<br />
croyez-le, à la prospérité commune".<br />
Est-ce assez clair ? Ceux qui confondent, chez nous,<br />
nationalité politique et nationalité ethnique ou culturelle,<br />
ceux qui parlent de la Confédération comme si elle impliquait,<br />
même à la longue, une fusion quelconque des deux<br />
nationalités, ceux-là vont à l'encontre des déclarations formelles<br />
de Georges-Etienne Cartier, à l'encontre surtout du<br />
premier principe de notre Etat politique. Car, enfin, le Canada<br />
se définit assez généralement, croyons-nous, comme un<br />
Etat, ou consortium de provinces fédérées, ce qui est à<br />
l'inverse d'un Etat unitaire ; on admet encore qu'il soit his-<br />
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