L'indépendance - La Fondation Lionel-Groulx
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L'INDÉPENDANCE DU CANADA<br />
vérités d'une aussi haute métaphysique que celle-ci : le droit,<br />
pour tout peuple parvenu à l'âge adulte, d'aspirer à l'indépendance<br />
; la nature essentiellement transitoire de l'état<br />
colonial. L'état colonial, pour un peuple, ce devait être, me<br />
semblait-il, un peu comme pour l'enfant, la période des<br />
couches et des langes : emmaillotement que d'ordinaire on<br />
n'endure pas toute sa vie.<br />
Permettez-moi un autre souvenir plus personnel. En<br />
1918, cédant à quelques mauvais conseillers — dont vous<br />
étiez, M. Perrault (Antonio) et M. Mont petit (Edouard), —<br />
je laissais poser ma candidature à la Société Royale du Canada,<br />
vieille dame aristocratique qui tient périodiquement, dans<br />
les principales villes du Canada, un salon quelque peu "old<br />
fashion" et où l'on entre sans trop savoir comment et où l'on<br />
reste sans trop savoir pourquoi. Tout aussitôt une brigue<br />
s'organisait contre le pauvre candidat. Un dossier quittait<br />
Montréal pour Ottawa, à l'adresse des hauts seigneurs de la<br />
société. Le candidat n'en fut pas moins élu par sa section,<br />
la section française. Mais le jour venu de son admission, une<br />
levée de glaives se dressait contre l'indigne récipiendaire. Une<br />
société qui portait le nom de "Société royale" pouvait-elle<br />
bien admettre en son sein, se demandait-on, un sujet aussi<br />
déloyal à la couronne britannique ? Je vous fais grâce des<br />
scènes, des conciliabules diplomatiques auxquels l'incident<br />
donna lieu. Un bon nombre de mes collègues canadiensfrançais<br />
étaient d'avis de me laisser tomber. J'étais bien aussi<br />
de cet avis-là. Mais quelques amis tenaces, — vous en étiez,<br />
M. Perrault, — ne l'entendaient pas de la même façon. Et,<br />
ce jour-là, on me donna le mauvais exemple d'enfoncer les<br />
portes qui ne s'ouvrent point. Quelques jours plus tard, très<br />
loyalement, le secrétaire, en ce temps-là, de la Société Royale,<br />
M. Duncan Scott, désireux d'établir les responsabilités, me<br />
faisait savoir, par lettre, que la brigue n'avait pas pris naissance<br />
dans les milieux anglo-canadiens ; mais que j'avais<br />
été proprement ou improprement dénoncé par un de mes<br />
compatriotes canadiens-français de Montréal. Et M. Scott me<br />
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