L'indépendance - La Fondation Lionel-Groulx
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L'INDÉPENDANCE DU CANADA<br />
cle", l'ascension d'un seul coup à la vie internationale de cinq<br />
jeunes Etats souverains : le Canada, l'Etat libre d'Irlande,<br />
l'Australie, la Nouvelle-Zélande, l'Afrique du Sud. Puis il<br />
fallut se rendre compte qu'au calendrier canadien, ce 11 décembre<br />
n'était qu'un jour comme un autre, — pas même<br />
marqué d'un poisson qui aurait pu être un poisson d'avril —<br />
et qu'en tout cas le jour de l'indépendance n'était pas, pour<br />
nous, ce qu'il est pour tout autre pays. Voici déjà quatorze<br />
ans qu'il se renouvelle ; et les canons n'ont pas tonné ; les<br />
cloches n'ont pas sonné ; les boutonnières ne se sont pas<br />
fleuries ; je ne sache pas qu'on ait vu monter, dans le ciel, le<br />
drapeau qui, en nous rappelant la fin de nos servitudes, nous<br />
eût présenté le symbole jeune et radieux de la patrie en fête.<br />
Puis le coup de tonnerre de 1939 est venu nous avertir que<br />
rien n'était changé ou si peu que rien à notre condition<br />
politique. Sur le cœur du Canada pèse toujours quelque<br />
chose comme le genou de l'étranger.<br />
De cette cruelle et profonde désillusion, faut-il tenir<br />
responsable le Statut de Westminster ? L'avons-nous bien<br />
lu ? Nous serait-il faussement apparu comme le codex et la<br />
consécration solennelle de tous nos gains d'autonomie depuis<br />
un siècle ? Il se présente, je le veux bien, — c'est son titre<br />
même — comme "Loi donnant effet à certains vœux formulés<br />
par les conférences impériales de 1926 et de 1930". Mais,<br />
notons-le tout de suite : il s'agit de "certains vœux", non<br />
de tous. Et si nous repassons ensemble les divers domaines où<br />
s'affirme l'indépendance d'un Etat, que trouvons-nous ?<br />
Dans le domaine législatif, le Statut de 1931 met fin à la<br />
suprématie du parlement impérial sur les parlements des<br />
Dominions, parlements centraux et provinciaux. Autrement<br />
dit, le parlement de Londres s'est départi de ses pouvoirs de<br />
désaveu et de réserve à la sanction royale sur notre législation.<br />
Mais cette abrogation explicite et définitive mise à part,<br />
les onze et brefs articles du Statut contiennent-ils rien d'autre<br />
de conséquent? Et encore ces pouvoirs abrogés ne seraientils<br />
pas des pouvoirs depuis longtemps tombés en désuétude ?<br />
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