L'indépendance - La Fondation Lionel-Groulx
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VERS L'INDÉPENDANCE<br />
montés en sleighs, pour une part, de Montréal; un partisan de<br />
<strong>La</strong>Fontaine blessé à mort dans un premier engagement ; le<br />
jeune candidat se désistant plutôt que de risquer une mêlée<br />
sanglante; un rival fantôme, un certain Dr McCulloch, proclamé<br />
élu dans un comté de 25,000 âmes, presque entièrement<br />
canadien-français. Sydenham avait sa majorité ; il<br />
l'avait petite, mais il l'avait. Sur quarante-deux candidats, le<br />
Bas-Canada n'avait pu élire que vingt-trois libéraux vraiment<br />
solides. Le Haut avait élu vingt-sept réformistes ; mais<br />
sur ces vingt-sept, huit inclinaient fortement vers le parti<br />
du gouverneur.<br />
<strong>La</strong> crise n'est pourtant pas conjurée. On ne conjure pas<br />
une crise en foulant aux pieds la moralité publique et en<br />
gouvernant un pays contre le gré de la majorité. Dans les<br />
deux provinces, en effet, les candidats de Sydenham ne<br />
représentent qu'une moyenne de 4,000 électeurs, tandis que<br />
les réformistes élus représentent, dans le Haut, une moyenne<br />
de 13,500 électeurs, et, dans le Bas, une moyenne de 20,000.<br />
Conjurer la crise est chose d'autant moins facile qu'elle se<br />
noue plus dangereusement chaque jour autour d'un idéal<br />
politique : idéal alors passionnément caressé dans toutes les<br />
provinces de l'Amérique britannique. Fatiguées du régime de<br />
la Crown colony, qui se conjugue avec le régime détesté des<br />
family compact, et qu'on tente de maintenir par une moquerie<br />
de régime parlementaire, toutes les provinces, depuis<br />
l'Atlantique jusqu'aux Grands <strong>La</strong>cs, toutes aspirent au stade<br />
supérieur de la self governing colony, c'est-à-dire à l'autonomie.<br />
Lord Durham, par sa sévère condamnation d'un régime<br />
colonial par trop désuet, n'a pas peu fortifié l'aspiration<br />
commune. Et peut-être, pour éclairer les naïfs qui prétendent<br />
que la liberté nous fut apportée, un de ces jours, sur un<br />
plateau d'argent, par je ne sais quelle fée enchanteresse, —<br />
peut-être est-ce le lieu de scruter la pensée des chefs politiques<br />
d'Angleterre de l'époque, sur cette question de "gouvernement<br />
responsable" ou d'autonomie coloniale. Qui ignore<br />
tout d'abord, parmi ceux qui savent un peu d'histoire, que,<br />
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