L'indépendance - La Fondation Lionel-Groulx
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L'IDÉE D'INDÉPENDANCE<br />
Ces incursions féniennes, le Canada prétendit ne les avoir en<br />
rien provoquées. Elles proviennent, fit-il observer, "des torts<br />
réels ou imaginaires que l'Empire a infligés dans le passé à<br />
l'Irlande. Ce ne sont donc pas que nos propres batailles que<br />
nous avons livrées, mais celles de l'empire ... Il n'est pas<br />
juste", concluait-il, "qu'on nous laisse subir seuls les pertes et<br />
les conséquences qui résultent de l'action politique du gouvernement<br />
impérial". 42<br />
Quelle fut la réponse du gouvernement<br />
britannique ? Il ne demanda rien à Washington et il<br />
refusa toute indemnité. En veine d'humour, lord Kimberley,<br />
ministre des colonies, émit la prétention que "les Canadiens<br />
de la génération actuelle étaient aussi responsables des prétendus<br />
griefs de l'Irlande que leurs co-sujets de la même<br />
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génération en Grande-Bretagne". Les Canadiens s'étaient<br />
livrés à une autre démarche auprès de l'autorité impériale.<br />
Ils avaient sollicité l'appui de sa diplomatie pour le règlement<br />
de la question de leurs pêcheries maritimes : question restée<br />
assez mal en point, depuis 1866, date de la résiliation du<br />
traité de réciprocité de 18 54. Par complaisance pour le gouvernement<br />
impérial, et à son instance, le gouvernement des<br />
Canadas-Unis avait laissé les Américains qui ne payaient<br />
guère de retour, s'approvisionner largement dans les eaux<br />
canadiennes. Héritier de cette fausse situation, le gouvernement<br />
de la Confédération voulut ressaisir ses pleins droits.<br />
Comment, cette fois encore, se comporteront les autorités<br />
britanniques ? Elles signèrent, en 1871, le traité de Washington<br />
avec les Etats-Unis. Les Américains obtinrent la libre<br />
navigation du Saint-<strong>La</strong>urent, et moyennant une compensation<br />
pécuniaire à déterminer par arbitrage, le droit de piller<br />
encore, pendant dix ans, les eaux canadiennes. <strong>La</strong> mesure<br />
était comble ; les négociations faillirent échouer. Sir John A.<br />
MacDonald, choisi comme l'un des plénipotentiaires, par le<br />
gouvernement britannique, fut tenté de ne pas signer. Les<br />
42) Sessional Papers (Ottawa, 1871), n' 12 : 41 ; n° 46 : 26.<br />
43) Henri Bourassa, Que devons-nous à l'Angleterre ? (Montréal, 1915), 49.<br />
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