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16 catilina.
V. Lucius Catilina, nobili genere natus¹, fuit magna vi
et animi et corporis, sed ingenio malo pravoque. Huic
ab adolescentia² bella intestina, cædes, rapinæ³, discordia
civilis, grata fuere ; ibique juventutem suam exercuit.
Corpus patiens inediæ, vigiliæ, algoris, supra quam cuiquam
credibile est ; animus audax, subdolus, varius, cujuslibet
rei simulator ac dissimulator⁴, alieni appetens,
sui profusus, ardens in cupiditatibus ; satis eloquentiæ,
sapientiæ parum. Vastus animus immoderata, incredibilia,
nimis alta semper cupiebat. Hunc post dominationem
Lucii Sullæ lubido maxuma invaserat reipublicæ capiundæ
; neque id quibus modis assequeretur, dum sibi
regnum pararet, quidquam pensi habebat. Agitabatur magis
magisque in dies animus ferox inopia rei familiaris et
conscientia scelerum ; quæ utraque his artibus auxerat,
quas supra memoravi. Incitabant præterea corrupti civitatis
mores, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
V. Lucius Catilina, issu d’une famille noble, était d’une grande vigueur
d’âme et de corps, mais d’un naturel méchant et dépravé. Dès sa jeunesse
les guerres intestines, les meurtres, les rapines, la discorde civile, eurent
pour lui des charmes, et ce furent là les exercices de son âge mûr.
Robuste de corps, il supportait la faim, les veilles, le froid, avec une
incroyable facilité ; au moral, il était audacieux, rusé, plein de souplesse,
habile à tout feindre comme à tout dissimuler, avide du bien d’autrui,
prodigue du sien, ardent dans ses passions ; il avait la parole assez
facile, mais peu de jugement. Rien d’excessif, rien d’incroyable, rien
d’inaccessible, où ne tendît constamment cette âme insatiable. Depuis
la domination de Lucius Sylla, il était possédé du plus violent désir
de s’emparer du pouvoir suprême ; et quant aux moyens d’y parvenir,
pourvu qu’il se fît souverain, il n’avait point de scrupules. De jour
en jour la farouche violence de sa nature s’aigrissait davantage par le
dépérissement de son patrimoine et par les remords de sa conscience,
double fléau cruellement développé par les habitudes que je viens de
signaler ; il était excité d’ailleurs par la corruption des mœurs publiques,
qui
catilina. 17
V. Lucius Catilina,
V. Lucius Catilina,
natus genere nobili, né d’une race noble,
fuit magna vi
fut d’une grande force
et animi et corporis, et d’erit et de corps,
sed ingenio malo pravoque. mais d’un caraère méchant et dépravé.
Huic ab adolescentia À lui dès son adolescence
bella intestina, cædes, les guerres intestines, les meurtres,
rapinæ, discordia civilis, les rapines, la discorde civile,
fuere grata ;
furent choses agréables ;
ibique exercuit
et c’est là qu’il exerça
suam juventutem.
son âge-mûr.
Corpus patiens inediæ, Son corps était dur à la diète,
vigiliæ, algoris,
à la veille, au froid,
supra quam est credibile plus qu’il n’est croyable
cuiquam ;
à qui que ce soit ;
animus audax,
son erit était audacieux,
subdolus, varius,
rusé, souple,
simulator
habile-à-la-feinte
ac dissimulator
et habile-à-la-dissimulation
rei cujuslibet,
d’une chose quelconque,
appetens alieni,
avide du bien d’-autrui,
profusus sui,
prodigue du sien,
ardens in cupiditatibus ; ardent dans ses désirs ;
satis eloquentiæ,
assez de facilité-d’élocution,
parum sapientiæ.
peu de jugement était à lui.
Animus vastus
Son âme vaste (insatiable)
semper cupiebat immoderata, toujours airait-à des buts démesurés,
incredibilia, nimis alta. incroyables, trop haut-placés.
Post dominationem Depuis la domination
Lucii Sullæ,
de Lucius Sylla,
maxuma lubido
une immense passion
capiundæ reipublicæ de saisir l’administration-publique
invaserat hunc,
s’était emparée de lui,
neque habebat quidquam et il n’avait rien de pesé (aucun scrupule)
quibus modis [pensi quant à savoir par quels moyens
assequeretur id,
il atteindrait ce but,
dum sibi pararet regnum. pourvu qu’il se procurât la royauté.
Animus ferox agitabatur Cette âme farouche était agitée
magis magisque
plus et plus (de plus en plus)
in dies
de jour en jour
inopia rei familiaris par le manque de bien de-famille
et conscientia scelerum ; et par le remords de ses crimes ;
quæ utraque auxerat lesquels deux maux il avait accru
his artibus,
par ces procédés,
quas memoravi supra ; que j’ai rappelés ci-dessus ;
præterea mores corrupti outre-cela les mœurs corrompues
civitatis
de la cité (des citoyens)