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L'exigence d'égalité - Rencontres Internationales de Genève

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L’exigence d’égalité<br />

les Suisses ne pourraient pas <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s savants ou <strong>de</strong>s artistes. Mais je<br />

voudrais rappeler ici ce que disait Marx, il y a un siècle : il faut donner aux gens<br />

la possibilité <strong>de</strong> pouvoir <strong>de</strong>venir peintre ou poète dans une société où la division<br />

du travail sera abolie. Qu’est-ce que cela veut dire, si on essaie <strong>de</strong> le traduire<br />

mo<strong>de</strong>stement, pour nous aujourd’hui ? Qu’il faudrait permettre aux gens <strong>de</strong> se<br />

réaliser, <strong>de</strong> s’épanouir. Ce qui ne veut pas dire que tout le mon<strong>de</strong> doit<br />

entreprendre la carrière universitaire. Mais il faut permettre à chacun d’avoir la<br />

même information et les mêmes possibilités culturelles. C’est dans cette ligne<br />

que s’inscrivent les mesures prises, par exemple en Suè<strong>de</strong> et en Italie, dans le<br />

domaine <strong>de</strong> la formation permanente <strong>de</strong>s ouvriers.<br />

Que se passe-t-il en Suisse aujourd’hui ? Il y a un marché du travail<br />

segmenté, pratiquement divisé en <strong>de</strong>ux. Les travaux les plus pénibles, les moins<br />

agréables, les moins bien payés, les emplois socialement moins désirables, sont<br />

le plus souvent assumés par les travailleurs étrangers. Il ne s’agit pas<br />

seulement <strong>de</strong> la Suisse. On s’engage dans la même direction en Allemagne et la<br />

France n’est pas à l’abri <strong>de</strong> ce même phénomène.<br />

Mme Hersch suggérait d’anoblir certaines professions indispensables. Le<br />

problème n’est pas seulement <strong>de</strong> présenter ces professions comme plus nobles<br />

et meilleures, <strong>de</strong> les rendre plus attirantes. Il faut changer les conditions <strong>de</strong><br />

travail dans ces branches. Et si les Suisses ne vont pas travailler dans<br />

l’hôtellerie, ou chez les maraîchers, ou sur les chantiers, c’est que ces branches-<br />

là n’ont pas amélioré les conditions <strong>de</strong> vie et <strong>de</strong> travail qu’ils offrent aux<br />

travailleurs.<br />

M. PIERRE GILLIAND : En mettant l’accent sur <strong>de</strong>s valeurs, Mme Hersch vise<br />

le fond et le but. Personnellement, je partage son opinion. Comme ancien<br />

manuel, je réagis vivement à cette réelle superstition universitaire. L’humanité<br />

n’est pas séparée en <strong>de</strong>ux ; ceux qui déci<strong>de</strong>nt et prennent les fonctions nobles,<br />

et ceux qui obéissent et exécutent. Mais face à la concentration <strong>de</strong>s décisions,<br />

qui est souvent le fait <strong>de</strong> privilégiés titrés et diplômés, comment s’y prendre ?<br />

Le ramoneur, exemple cité tout à l’heure, coûte-t-il vraiment plus cher que<br />

le professeur ? Le ramoneur exécute <strong>de</strong>s travaux salissants, utiles ; et les<br />

Suisses ne veulent plus guère faire ce genre <strong>de</strong> travail. Pourquoi un travail que<br />

les « autres » ne veulent pas faire ne serait-il pas bien rémunéré ? En premier<br />

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