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L'exigence d'égalité - Rencontres Internationales de Genève

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L’exigence d’égalité<br />

la mesure où la non-violence ne porte ses fruits qu’une fois appuyée par la<br />

force, par le courage d’un certain nombre <strong>de</strong> gens prenant ensemble <strong>de</strong>s risques<br />

sans toutefois utiliser directement <strong>de</strong>s moyens violents : n’est-ce pas déjà <strong>de</strong> la<br />

violence lorsqu’on appuie <strong>de</strong> toutes ses forces sur le partenaire ou l’adversaire<br />

sans pouvoir le mettre à bas, sans le détruire ?<br />

Personnellement, je crois savoir mener une lutte sans détruire l’adversaire.<br />

Une masse <strong>de</strong> gens qui font ensemble quelque chose représente une gran<strong>de</strong><br />

force physique qui, en puissance, peut changer la lutte et lui donner <strong>de</strong>s formes<br />

violentes. A ce point, si l’adversaire sait que vous êtes décidé et si, par sa<br />

résistance aveugle et insensée quelquefois, il vous accule à utiliser la violence,<br />

c’est une forme <strong>de</strong> chantage. Beaucoup dépend donc <strong>de</strong> la position prise par<br />

votre adversaire. Et si je songe à notre expérience présente, il est clair que nous<br />

luttons pour un bien qui le transcen<strong>de</strong>, mais je ne dois pas perdre <strong>de</strong> vue ses<br />

réactions et lui laisser toujours la possibilité <strong>de</strong> s’en sortir, malgré tout.<br />

Malheureusement, les gens qui ne veulent pas permettre aux autres<br />

d’accé<strong>de</strong>r à l’égalité, ou à la participation, par exemple, les forcent d’habitu<strong>de</strong> à<br />

se radicaliser parce qu’ils ne savent jamais trouver le point sur lequel il faudrait<br />

quand même cé<strong>de</strong>r.<br />

Mme JEANNE HERSCH : Je ne trouve pas, Madame Chanteur, que votre<br />

question est indécente, je ne vois pas pourquoi. Ce que je répondrai — et ce<br />

n’est pas une réponse facile non plus —, c’est qu’il y a toujours assez <strong>de</strong><br />

violence. Et la seule raison pour laquelle la disparition <strong>de</strong> la p.215 violence ne<br />

m’empêche pas <strong>de</strong> dormir, c’est que j’ai l’impression qu’elle renaît constamment<br />

autour <strong>de</strong> nous.<br />

Mais lutter contre la violence, c’est lui substituer, soit un droit, soit <strong>de</strong>s<br />

formes, comme le disait l’autre jour M. Billeter dans sa remarquable intervention<br />

au sujet <strong>de</strong> la Chine. Car, me semble-t-il, nous vivons dans une société très<br />

largement amorphe, une société qui a perdu ses formes, ce qui est l’une <strong>de</strong>s<br />

raisons capitales pour lesquelles la violence renaît.<br />

Mme MARIE ELIOU : Je trouve que la dichotomie entre régimes démocratiques<br />

et totalitaires risque <strong>de</strong> donner trop facilement bonne conscience à une gran<strong>de</strong><br />

partie <strong>de</strong> l’humanité appelée à satisfaire, elle aussi, l’exigence d’égalité.<br />

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