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L'exigence d'égalité - Rencontres Internationales de Genève

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L’exigence d’égalité<br />

ce que vous nommez la bonne égalité serait l’égalité individualiste. De quoi<br />

s’agit-il ?<br />

La première, c’est-à-dire l’égalité collectiviste, suppose que tous les hommes<br />

sont i<strong>de</strong>ntiques ou, du moins, qu’ils peuvent le <strong>de</strong>venir à la satisfaction générale<br />

<strong>de</strong> tous. Chaque individu peut être remplacé, voire même sacrifié. La société est<br />

unitaire, elle n’a pas besoin d’être démocratique. Un seul homme peut exprimer<br />

la volonté générale aussi bien que cent millions d’hommes. Et une majorité n’est<br />

satisfaisante que si elle atteint à 99 % <strong>de</strong>s votes, le 1 % restant étant le fait<br />

d’asociaux.<br />

Au contraire, l’égalité individualiste se base sur la variété individuelle. Tous<br />

les hommes sont différents, chaque homme est unique, il ne peut être<br />

remplacé. Cet homme a <strong>de</strong>s droits, <strong>de</strong>s droits inviolables. Il a le droit <strong>de</strong> vivre,<br />

<strong>de</strong> s’épanouir, <strong>de</strong> faire l’expérience que personne ne peut faire à sa place. Voilà<br />

que la démocratie <strong>de</strong>vient utile, elle qui permet <strong>de</strong> valoriser toutes les opinions<br />

aussi variées soient-elles. Il s’agit là d’une machine permettant d’arriver à <strong>de</strong>s<br />

décisions publiques ou collectives et la décision la meilleure est la décision la<br />

plus discutée, celle qui incorpore le plus grand nombre <strong>de</strong> points <strong>de</strong> vue, même<br />

— et surtout ! — le point <strong>de</strong> vue minoritaire.<br />

M. ALEXANDRE BRUGGMANN : Je me permets <strong>de</strong> signaler que M. Ricossa<br />

vient, en fait, <strong>de</strong> répondre à Alexandre Zinoviev qui expliquait, entre autres<br />

choses, que si l’on met 100.000 êtres humains dans un espace donné et qu’on<br />

les y laisse un temps donné, ils s’organiseront nécessairement d’une seule et<br />

unique manière. Or c’est très exactement ce à quoi vous avez fait allusion en<br />

parlant d’une égalité collectiviste faite d’êtres i<strong>de</strong>ntiques. Et je crois que vous lui<br />

avez merveilleusement répondu.<br />

M. NOBERTO BOBBIO : Il faut bien que quelqu’un dise un mot en faveur <strong>de</strong><br />

cette sœur mineure qu’est l’égalité, elle qui, jusqu’à présent, joue le rôle <strong>de</strong><br />

Cendrillon. En effet, j’ai quelques difficultés à accepter p.298 la thèse générale <strong>de</strong><br />

Raymond Polin sur l’incompatibilité entre liberté et égalité car il s’agit là <strong>de</strong><br />

notions qui, dans la pensée politique, prennent vite <strong>de</strong>s sens très différents. Et<br />

si, parmi ces divers sens, certains donnent raison à la thèse <strong>de</strong> l’incompatibilité,<br />

d’autres permettent d’affirmer la thèse parfaitement contraire, à savoir non<br />

seulement qu’elles sont compatibles, mais aussi qu’elles sont interdépendantes.<br />

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