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L'exigence d'égalité - Rencontres Internationales de Genève

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L’exigence d’égalité<br />

M. RENAUD BARDE : A la fois juriste et économiste, j’ai entendu ce soir <strong>de</strong>ux<br />

ou trois choses qui m’ont surpris et m’ont montré que, dans la pratique, on voit<br />

les choses peut-être un peu autrement.<br />

C’est ainsi que j’ai cru me retrouver dans notre vieille Aula, au temps où le<br />

professeur Guyénot nous parlait <strong>de</strong>s souris blanches, <strong>de</strong>s souris grises, <strong>de</strong>s<br />

souris noires et <strong>de</strong> tous les problèmes <strong>de</strong> la génétique. Aujourd’hui, nous avons<br />

pu approfondir la question si bien qu’en définitive, je crois que nous sommes<br />

d’accord sur le fait que, dans la nature, il y a une inégalité donnée,<br />

fondamentale, qu’au niveau <strong>de</strong>s êtres humains on peut sans doute corriger par<br />

<strong>de</strong>s mesures sociales appropriées. Mais ce qui m’a frappé, c’est qu’on n’a pas<br />

beaucoup parlé <strong>de</strong> la volonté alors qu’on parlait beaucoup <strong>de</strong> p.062 l’intelligence.<br />

Or, une intelligence qui sommeille ne débouche sur rien : pour qu’une<br />

intelligence donne quelque chose, il faut qu’elle s’accompagne d’une volonté,<br />

d’un goût <strong>de</strong> l’effort.<br />

Cette volonté, cette décision <strong>de</strong> faire un effort est ce qui distingue l’homme<br />

<strong>de</strong> l’animal. Et non pas l’intelligence. L’animal est intelligent, il a toute une série<br />

<strong>de</strong> réflexes qui font qu’il aura un comportement intelligent. Mais il lui manque la<br />

volonté <strong>de</strong> dépasser le sta<strong>de</strong> où il est arrivé.<br />

Autre question fondamentale : ne nous sommes-nous pas trop préoccupés<br />

d’atteindre une égalité artificielle ? Nous savons que 2 et 2 font 4, que 2 = 2,<br />

nous le savons très bien. On m’a même appris qu’il n’était pas certain que 2 et 2<br />

fassent 4 : en mathématiques on a vu <strong>de</strong>s choses étonnantes ! Mais admettons<br />

que 2 = 2. Or, 2 personnes n’égalent pas 2 autres personnes, et n’égaleront<br />

jamais 2 autres personnes : il y aura toujours une... inégalité !<br />

Le problème est dès lors <strong>de</strong> connaître la nature <strong>de</strong> cette inégalité et <strong>de</strong><br />

savoir en quoi cette inégalité peut comporter un handicap. Car lorsque les êtres<br />

humains se posent la question <strong>de</strong> l’inégalité, ils pensent immédiatement à une<br />

injustice et cherchent à la corriger. Ils pensent alors à l’égalité si bien qu’on en<br />

est arrivé, dans certaines doctrines, à faire <strong>de</strong> cette égalité un objectif qui<br />

conduit à l’égalitarisme, sans se rendre compte qu’un égalitarisme absolu n’est<br />

rien d’autre que la recherche d’un dénominateur commun. Un dénominateur<br />

commun qui, par la force <strong>de</strong>s choses, est le plus petit dénominateur commun<br />

parce qu’il est plus facile d’abaisser que d’élever. Le danger nous le rencontrons<br />

nécessairement lorsque nous parlons d’égalité.<br />

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