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L'exigence d'égalité - Rencontres Internationales de Genève

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L’exigence d’égalité<br />

quantité <strong>de</strong> femmes célibataires qui sont gênées <strong>de</strong> leur célibat, parce qu’elles<br />

se trouvent <strong>de</strong> trop dans une circonstance où tout le mon<strong>de</strong> est censé être avec<br />

son partenaire, ou sa partenaire. Ceci semble être également une vision très<br />

limitée <strong>de</strong> la femme. Je crois que là il y a sûrement aussi une libération à p.248<br />

opérer en ce sens que chaque femme est une femme, et une personne à part<br />

entière, qu’elle soit mariée ou célibataire. C’est ça qui compte et non le statut<br />

juridique.<br />

QUESTION : J’aimerais vous poser une question concernant la stratégie que le<br />

mouvement <strong>de</strong>s femmes doit poursuivre dans la pério<strong>de</strong> que nous vivons. Vous<br />

nous avez dit que seuls ceux qui ont atteint l’égalité peuvent se permettre <strong>de</strong><br />

parler <strong>de</strong> leurs différences. C’est une question que les mouvements féministes<br />

se posent avec une acuité particulière. Faut-il, pour revendiquer notre différence<br />

<strong>de</strong> femme, attendre d’avoir obtenu l’égalité formelle avec les hommes, dans le<br />

mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s hommes tel qu’il est actuellement constitué, ou bien faut-il<br />

revendiquer cette différence dès maintenant, sans, il faut l’avouer, beaucoup<br />

d’espoir <strong>de</strong> l’obtenir ?<br />

Mme MARIA DE LOURDES PINTASILGO : J’aimerais répondre tout <strong>de</strong> suite,<br />

car cette question est une question clé dans nos propos. Je n’ai pas <strong>de</strong> réponse<br />

toute faite. Si j’analyse ce qui s’est passé <strong>de</strong>puis que les mouvements <strong>de</strong><br />

femmes ont acquis un certain statut et une certaine influence dans le mon<strong>de</strong>, je<br />

dirais qu’il faut faire les <strong>de</strong>ux. Il n’y a pas <strong>de</strong> priorité à donner à une forme,<br />

qu’on appellerait « l’entrisme » dans les institutions, ou à une autre forme qui<br />

serait <strong>de</strong> se situer tout à fait dans la marginalité par rapport aux institutions<br />

créées par les hommes. Il faut qu’il y ait les <strong>de</strong>ux éléments, car si on ne joue<br />

que sur un <strong>de</strong>s tableaux on risque <strong>de</strong> perdre la partie. Si on entre dans<br />

l’institution et qu’on en joue totalement le feu, on est complètement pris dans<br />

l’engrenage et on <strong>de</strong>viendra « un <strong>de</strong> plus » — je ne dis pas une <strong>de</strong> plus — que<br />

ce soit sur le marché du travail, dans les partis politiques, dans le corps<br />

enseignant <strong>de</strong> l’université, etc. On sera donc tout à fait absorbé, récupéré par ce<br />

qui est là. L’égalité formelle toute seule ne saurait donc suffire. Mais, peut-être<br />

— comme le dit la Bible — y a-t-il un temps pour chaque chose : un temps pour<br />

jouer sur le tableau <strong>de</strong> l’égalité, un autre temps pour affirmer sa différence.<br />

Cette différence qui ne naît pas d’une décision prise au départ — mais qui est<br />

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