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De la fission aux nouvelles filières - Cenbg - IN2P3

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2 Un peu d’histoire<br />

2.1 La découverte de <strong>la</strong> <strong>fission</strong><br />

Peu après <strong>la</strong> mise en évidence du neutron par Chadwick en 1932, Fermi et ses col<strong>la</strong>borateurs<br />

utilisaient déjà des faisce<strong>aux</strong> de cette nouvelle particule pour irradier divers noy<strong>aux</strong> et analyser<br />

<strong>la</strong> radioactivité induite. C’est ainsi que fut découverte vers 1934 <strong>la</strong> radioactivité β − , qui valut à<br />

Fermi le Prix Nobel en 1938. Ce type de radioactivité produisait des noy<strong>aux</strong> ayant une charge<br />

de plus que le noyau initial. Il semb<strong>la</strong>it donc logique de l’utiliser pour tenter de synthétiser les<br />

éléments au delà de l’Uranium, le dernier élément connu à l’époque. Il suffisait de bombarder<br />

de l’Uranium avec des neutrons.<br />

Ces expériences, menées à partir de 1934 d’abord par Fermi à Rome, puis dans d’autres <strong>la</strong>boratoires,<br />

donnèrent un résultat complètement inattendu : contrairement à ce qui était prévu, un<br />

grand nombre d’espèces radioactives étaient produites. Celles-ci étaient identifiées par analyse<br />

chimique. Certaines d’entre elles furent d’abord attribuées à des éléments transuraniens. Cependant,<br />

d’autres possédaient les mêmes propriétés chimiques que le Baryum ou le Lanthane,<br />

ce qui <strong>la</strong>issait penser que des noy<strong>aux</strong> de Radium ou d’Actinium (dans les mêmes colonnes du<br />

tableau périodique) étaient produits. Or l’apparition de ces noy<strong>aux</strong> impliquait des réactions du<br />

type U(n, 2α) que l’on savait être hautement improbables. Ces résultats soulevèrent de nombreux<br />

débats pendant toute <strong>la</strong> période 1934-1938 et leur interprétation en terme de synthèse<br />

d’éléments transuraniens commença à être sérieusement mise en doute [1].<br />

Afin de c<strong>la</strong>rifier cette situation, Hahn et Strassmann répétèrent ces expériences à Berlin dans le<br />

courant de l’année 1938 en utilisant des techniques spéciales permettent de distinguer entre les<br />

propriétés chimiques du Radium et celles du Baryum. A leur grande surprise, ils identifièrent<br />

sans ambiguïté l’élément Baryum. Ce résultat remarquable apparut dans <strong>la</strong> revue Naturwissenschaften<br />

en janvier 1939 [2]. Peu après, les mêmes auteurs montrèrent que “l’activité” attribuée<br />

à l’Actinium provenait bel et bien du Lanthane [3].<br />

La même année, Lise Meitner, en exil en Suède, et son neveu Otto Frisch donnent une première<br />

interprétation du phénomène [4] sur <strong>la</strong> base du modèle de <strong>la</strong> goutte liquide chargée proposé par<br />

George Gamow en 1928. Ils supposent qu’un noyau d’Uranium peut être mis en vibration par<br />

<strong>la</strong> capture d’un neutron puis se diviser en deux noy<strong>aux</strong> fils. Ils donnent le nom de “<strong>fission</strong>” à ce<br />

processus. Ils réalisent rapidement que, selon cette interprétation, les fragments doivent acquérir<br />

après séparation une énergie cinétique de l’ordre de 200 MeV. Dans les mois qui suivent, Frisch<br />

confirme cette prédiction dans une expérience où les fragments de <strong>fission</strong> sont arrêtés dans une<br />

chambre d’ionisation [5]. La réalité de <strong>la</strong> <strong>fission</strong> était ainsi démontrée de façon directe.<br />

Finalement, apparaît en septembre 1939, le célèbre article de Bohr et Wheeler “The mechanism<br />

of Nuclear Fission” [6] qui deviendra <strong>la</strong> base de toutes les études théoriques ultérieures. La<br />

plupart des notions utilisées aujourd’hui telles que les concepts de barrière de <strong>fission</strong> et de<br />

<strong>la</strong>rgeur de <strong>fission</strong> sont introduites dans cet article. Les auteurs y développent aussi en détail le<br />

processus de capture neutronique, de même que les mécanismes de <strong>fission</strong> par neutrons lents,<br />

neutrons rapides, deutérons et rayonnement, des sujets qui constitueront les têtes de chapitre<br />

des traités futurs sur <strong>la</strong> <strong>fission</strong>.<br />

Ces événements de l’année 1939 sont abondamment documentés dans <strong>la</strong> littérature. D’autres<br />

le sont beaucoup moins comme, par exemple, les trav<strong>aux</strong> que Frédéric Joliot mena dès janvier<br />

3

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