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De la fission aux nouvelles filières - Cenbg - IN2P3

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La méthode de Strutinski est employée couramment pour corriger l’énergie de liaison des noy<strong>aux</strong><br />

dans leur état fondamental. L’énergie de liaison est d’abord évaluée avec le modèle de <strong>la</strong> goutte<br />

liquide (ou ses généralisations récentes). On y ajoute ensuite <strong>la</strong> correction de couches. Cette<br />

même technique a évidemment été appliquée aussi à <strong>la</strong> <strong>fission</strong>. C’est même dans ce but que<br />

Strutinski l’a originellement mise au point. Dans ce cas, <strong>la</strong> correction de couches est calculée<br />

pour chacune des configurations nucléaires déformées qui apparaissent le long du chemin de<br />

<strong>fission</strong>. En ajoutant cette correction en chaque point de <strong>la</strong> barrière de <strong>fission</strong> calculée avec <strong>la</strong><br />

goutte liquide, on trouve une nouvelle barrière de <strong>fission</strong> “corrigée” qui tient compte des effets<br />

de couches.<br />

La figure ci-contre représente le résultat obtenu de cette<br />

façon par J. R. Nix pour <strong>la</strong> barrière de <strong>fission</strong> du 240 Pu<br />

[23]. Les courbes en pointillé représentent l’énergie de<br />

déformation du noyau calculée avec un modèle de type<br />

goutte liquide et les courbes en trait plein celles obtenues<br />

après avoir appliqué <strong>la</strong> correction de couches de Strutinski.<br />

Dans le haut de <strong>la</strong> figure, l’énergie est tracée en<br />

fonction d’un paramètre de déformation quadrupo<strong>la</strong>ire<br />

axiale noté y et le noyau est contraint à être symétrique<br />

droite-gauche. On voit que l’énergie de déformation de<br />

<strong>la</strong> goutte liquide se présente sous <strong>la</strong> forme d’une barrière<br />

de <strong>fission</strong> analogue à celles prédites par Bohr et Wheeler,<br />

mais que <strong>la</strong> correction de couches modifie profondément<br />

cette barrière. Le minimum à déformation nulle est<br />

dép<strong>la</strong>cé à une déformation y ≃ 0.06 et un second minimum<br />

apparaît, encadré par deux maxima qui se situent<br />

à des énergies plus élevées que celles de <strong>la</strong> goutte liquide.<br />

La prise en compte de <strong>la</strong> correction de couches fait donc apparaître une barrière de <strong>fission</strong> à<br />

deux bosses. Les deux minima correspondent, l’un à l’état fondamental (déformé) du noyau,<br />

l’autre à un état localement stable mais plus déformé et d’énergie plus élevée, donc métastable,<br />

l’isomère de <strong>fission</strong>.<br />

Le bas de <strong>la</strong> figure montre l’énergie de déformation en fonction d’un paramètre α 2 qui mesure<br />

l’asymétrie droite-gauche de <strong>la</strong> forme du noyau à une déformation y correspondant au sommet<br />

du second maximum de <strong>la</strong> barrière de <strong>fission</strong> à deux bosses. On constate que le minimum de<br />

l’énergie de <strong>la</strong> goutte liquide est obtenu, comme on s’y attend, pour une asymétrie droite-gauche<br />

nulle, mais que <strong>la</strong> correction de couches altère notablement ce résultat : <strong>la</strong> courbe en trait plein<br />

possède deux minima à des asymétries droite-gauche α 2 = ±0.75. Ces minima correspondent<br />

à des formes de noyau miroirs l’une de l’autre. Le gain en énergie par rapport à l’énergie de<br />

déformation au point α 2 = 0 est d’environ 3.5 MeV. Il est reporté sur <strong>la</strong> figure du haut sous<br />

<strong>la</strong> forme d’une flèche descendante. On observe que ce gain en énergie produit un abaissement<br />

considérable de <strong>la</strong> seconde barrière de <strong>fission</strong> : sa hauteur finale est pratiquement égale à celle<br />

de <strong>la</strong> première barrière.<br />

Les calculs de barrière de <strong>fission</strong> effectués avec <strong>la</strong> correction de couches de Strutinski dans les<br />

années 1970 ont montré que les actinides usuels (U, Pu, Cm, Cf) possédaient tous une barrière<br />

de <strong>fission</strong> à deux bosses. Comme nous le verrons dans <strong>la</strong> Section 4, <strong>la</strong> hauteur re<strong>la</strong>tive des<br />

deux bosses varie selon le noyau, de même que l’énergie d’excitation de l’isomère de <strong>fission</strong>.<br />

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