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La pénurie de main-d’œuvre : un mauvais argument<br />

La pénurie de main-d’œuvre est un argument courant de justification des différences<br />

de <strong>salaire</strong>s. La jurisprudence française et européenne encadre cette exception.<br />

Cette justification n’est acceptée en matière d’inégalités salariales entre femmes<br />

et hommes que lorsque l’employeur démontre aux moyens d’éléments objectifs et<br />

vérifiables que la seule solution face à la pénurie de main d’œuvre est de faire une<br />

proposition de <strong>salaire</strong> supérieure à celle prévue habituellement.<br />

L’argument du marché ne peut justifier un écart de rémunération que lorsque<br />

l’employeur est en capacité de démontrer la réalité des difficultés sur le marché<br />

pour recruter dans une qualification donnée (justification objective). Encore faut-il<br />

ensuite qu’il puisse également démontrer que cet emploi exige cette qualification<br />

particulière, que la différence de <strong>salaire</strong> est proportionnée et que ces difficultés<br />

perdurent et continuent de justifier cet écart. Si la différence de <strong>salaire</strong> s’avérait<br />

disproportionnée ou désuète, elle pourrait être qualifiée de discriminatoire et il<br />

pourrait être exigé un redressement du <strong>salaire</strong> de l’emploi comparable féminin.<br />

CJCE, n°C-127/92, 27 octobre 1993, Enderby.<br />

• Elargir l’approche aux disparités de carrières<br />

La sous-valorisation des emplois à prédominance féminine influence également<br />

les parcours professionnels et les carrières. Nombre d’emplois à prédominance<br />

féminine ne sont en effet pas positionnés dans une filière de carrière ou de<br />

mobilité.<br />

Ce constat peut se renforcer lorsqu‘apparaissent des formes très atypiques de<br />

« carrière ». Le secteur de la grande distribution peut ainsi considérer qu’accéder<br />

à la polyactivité et accroître son temps de <strong>travail</strong> est une forme de progression<br />

pour la caissière concernée.<br />

L’approche en terme de <strong>valeur</strong> comparable des emplois peut permettre de mieux<br />

reconnaître l’ensemble des compétences mises en œuvre dans l’emploi, le <strong>travail</strong><br />

réellement réalisé, et ainsi ouvrir les possibilités de mobilité et de promotion de<br />

carrière. Les questions se posent tant dans le secteur public que dans le secteur<br />

privé. Dans leur étude de cas, Lemière et Silvera (2010) illustrent ces mécanismes :<br />

« À tous les niveaux des qualifications d’emplois dits masculins, l’idée<br />

de progrès, de mobilité ascendante et de carrière existe. Nous l’avons<br />

constaté pour les agents techniques, les ouvriers professionnels, les<br />

agents-chefs et les ingénieurs territoriaux. Nulle part cette équivalence<br />

107 I Un <strong>salaire</strong> égal pour un <strong>travail</strong> de <strong>valeur</strong> égale

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