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Pourquoi ce <strong>guide</strong> ?<br />
Des empLoIs à préDomInance fémInIne<br />
hIstorIQuement sous-vaLorIsés<br />
La sous-valorisation des emplois à prédominance féminine s’inscrit dans l’histoire<br />
de l’emploi des femmes et de la construction des grilles de classification<br />
professionnelle.<br />
Une histOiRe de sOUs-vALORisAtiOn dU tRAvAiL des femmes<br />
Les emplois ont été construits à partir de stéréotypes de genre, c’est-à-dire de<br />
présupposés sur ce que doit être un emploi pour une femme ou pour un homme.<br />
Certaines sociologues 3 ont montré à quel point les caractéristiques du <strong>travail</strong><br />
industriel féminisé étaient proches des tâches ménagères : répétition de<br />
tâches courtes, faible mobilité, isolement, faible responsabilité, etc. Chez les<br />
ouvrières, « l’acquisition des savoir-faire se fait hors des canaux institutionnels<br />
et en référence à la sphère privée » 4 . On parlera alors du caractère sexué des<br />
capacités ouvrières : aux femmes la minutie, l’habilité et la dextérité, tandis que<br />
l’on reconnaîtra aux hommes, la force physique, la vraie possession du métier.<br />
Bien qu’utilisées notamment dans les métiers de l’éducation, de la santé, de<br />
l’aide à domicile, du nettoyage, de l’assistanat ou de la vente, les compétences<br />
acquises par les femmes dans la sphère privée ne sont pas reconnues car assimilées<br />
à des compétences présumées naturelles. Pour l’entreprise, pas question<br />
de reconnaître l’existence d’une qualification, sans expérience, ni formation<br />
reconnue… Cette non-reconnaissance de la qualification des femmes engendre<br />
la sous-valorisation des emplois qu’elles occupent.<br />
À cet égard, l’Accord national interprofessionnel (ANI) sur l’égalité professionnelle<br />
du 1er mars 2004 souligne ce risque de dévalorisation :<br />
« Si l'on examine ce qui est souvent invoqué comme étant les aptitudes<br />
innées des femmes (méticulosité, dextérité, douceur, capacité d'écoute<br />
et de conciliation des contraintes…), on observe qu'elles servent souvent<br />
de prétexte pour ne pas ouvrir largement aux femmes l'accès à des<br />
métiers dont l'image est plus valorisante en termes de représentation<br />
sociale ou ne pas leur reconnaître certaines compétences en particulier<br />
dans les professions où l’emploi féminin est largement majoritaire »<br />
(Titre I – Évolution des mentalités, art. 1)<br />
3- cf les travaux de Madeleine Guilbert ou Danièle Kergoat.<br />
4- Daune-Richard A.M. : « La qualification dans la sociologie française : en quête de femmes », in<br />
Laufer J., Marry C., Maruani M. (éd) Le <strong>travail</strong> du genre, Paris, La Découverte (2003).<br />
13 I Un <strong>salaire</strong> égal pour un <strong>travail</strong> de <strong>valeur</strong> égale