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Grands aménagements urbains et prise en compte des ...

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parl<strong>en</strong>t <strong>et</strong> soi<strong>en</strong>t aimables les unes avec les autres dans une sorte d‟idéologie « moralisatrice » <strong>et</strong> vécue<br />

comme un besoin » 250 . L‟obsession d‟insécurité dans l‟espace public se confirme par la valorisation de<br />

certaines catégories de personnes qui protèg<strong>en</strong>t <strong>des</strong> sous-<strong>en</strong>sembles de population – les gardi<strong>en</strong>s<br />

d‟immeubles, les ag<strong>en</strong>ts de police <strong>et</strong> les responsables associatifs – <strong>et</strong> par la dévalorisation d‟autres –<br />

les adolesc<strong>en</strong>ts –. En eff<strong>et</strong>, les étu<strong>des</strong> montr<strong>en</strong>t un refus de l‟adolesc<strong>en</strong>t qui se traduit par l‟abs<strong>en</strong>ce ou<br />

l‟inadaptation de structures pour la tranche d‟âge <strong>des</strong> 13-14 ans à 18-20 ans. Souv<strong>en</strong>t, les associations<br />

constituées craign<strong>en</strong>t les groupes <strong>et</strong> cherch<strong>en</strong>t à les disloquer n‟acceptant, de fait, que l‟un ou l‟autre<br />

<strong>des</strong> jeunes. C<strong>et</strong>te population est perçue comme un véritable danger lat<strong>en</strong>t pour les adultes qui font le<br />

maximum pour les dissuader de se manifester à leurs manières. Par exemple, les salles de quartier<br />

doiv<strong>en</strong>t être closes à 22 heures parce qu‟elles ne sont pas insonorisées ; peu de bars ou de brasseries<br />

perm<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t aux jeunes de se r<strong>en</strong>contrer ; <strong>en</strong>fin, citons l‟exemple <strong>des</strong> terrains de sports accessibles à<br />

ceux qui ont pris une adhésion individuelle à l‟association (prix trop élevé pour la majorité) <strong>et</strong> qui<br />

respect<strong>en</strong>t les horaires stricts.<br />

Ainsi, dans ce paysage urbain (figure 3 <strong>et</strong> 4) <strong>et</strong> social, nous pouvons id<strong>en</strong>tifier différ<strong>en</strong>tes causes à<br />

l‟origine de c<strong>et</strong>te obsession d‟insécurité : les causes structurelles du site, le modèle cellulaire <strong>et</strong><br />

séparatiste imposé par l‟habitat <strong>et</strong> l‟organisation générale, l‟<strong>en</strong>combrem<strong>en</strong>t <strong>et</strong> les risques <strong>des</strong> voiries,<br />

un aménagem<strong>en</strong>t peu probant de l‟espace public, les problèmes d‟accessibilité, de repérage <strong>et</strong><br />

d‟<strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>. Des raisons fondam<strong>en</strong>tales exist<strong>en</strong>t donc, même si elles n‟expliqu<strong>en</strong>t pas tout <strong>en</strong> fonction<br />

<strong>des</strong> situations individuelles, sociales <strong>et</strong> familiales. De plus, ce s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d‟insécurité revêt <strong>des</strong><br />

caractéristiques différ<strong>en</strong>tes. Pour les années 1980, nous pouvons citer la peur du gigantisme ; la peur<br />

<strong>des</strong> décisions à v<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> matière d‟urbanisme <strong>et</strong> de réalisations ; la peur <strong>des</strong> autres, de leur<br />

comportem<strong>en</strong>t, de leur contact <strong>et</strong>, <strong>en</strong>fin, la peur de soi-même, <strong>des</strong> insuffisances au niveau intellectuel<br />

<strong>et</strong> au niveau de l‟éducation.<br />

Figure 3 : Grand Ensemble de La Ville<br />

Nouvelle - 19 mars 2003<br />

Des pratiques sécuritaires vont donc progressivem<strong>en</strong>t se m<strong>et</strong>tre <strong>en</strong> place. Pratiques intimem<strong>en</strong>t liées à<br />

c<strong>et</strong> espace qui, rappelons-le, est un lieu qualifié de « cité dortoir » qui n‟est pas « une vraie ville ». La<br />

Ville Nouvelle est donc une ville perçue comme un lieu pour dormir, ce qui acc<strong>en</strong>tue le phénomène de<br />

r<strong>et</strong>rait « chez soi ». Dans la majorité <strong>des</strong> cas, les lieux pour vivre sont ailleurs (activités<br />

professionnelles <strong>en</strong> ville ou sur les zones industrielles, temps de transport habitat-travail, évasion vers<br />

d‟autres c<strong>en</strong>tres d‟amitiés, familiaux, d‟activités culturelles <strong>et</strong> sportives, d‟approvisionnem<strong>en</strong>t pour les<br />

gros achats, <strong>et</strong>c.). L‟espace public est, pour une partie de la population (population active), un lieu de<br />

passage <strong>et</strong>, pour d‟autres (adolesc<strong>en</strong>ts), un lieu investi. Les pratiques sécuritaires vont se tourner vers<br />

ce public <strong>et</strong> s‟<strong>en</strong>glober dans ce qu‟on appelle la « politique de la ville ». Précisons ici que nous<br />

utilisons très peu c<strong>et</strong>te expression, qui, à notre s<strong>en</strong>s, est ambigüe. En eff<strong>et</strong>, il apparaît difficile d‟<strong>en</strong><br />

donner une définition simple. Et, là <strong>en</strong>core, selon l‟époque considérée, c<strong>et</strong>te expression revêt <strong>des</strong><br />

acceptions différ<strong>en</strong>tes. Cep<strong>en</strong>dant, les incid<strong>en</strong>ts surv<strong>en</strong>us au cours de l‟été 1981, dans le quartier <strong>des</strong><br />

250 ALGOE, 1979, La qualité de la vie dans les banlieues – Note intermédiaire – 5 p. Etude réalisée pour le <strong>compte</strong> du<br />

Ministère de l‟Environnem<strong>en</strong>t <strong>et</strong> du Cadre de Vie.<br />

106<br />

Figure 4 : Grand Ensemble de La Ville<br />

Nouvelle - 19 mars 2003

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