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Grands aménagements urbains et prise en compte des ...

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thématique, la dissuasion spatiale. Celle-ci consiste à créer un barrage physique pour dissuader les<br />

personnes indésirables de circuler ou d‟<strong>en</strong>trer dans un lieu précis. L‟échelle d‟observation se précise<br />

<strong>en</strong>core : après celle du domaine hospitalier, puis celle de l‟implantation d‟un bâtim<strong>en</strong>t, c‟est celle de<br />

l‟îlot <strong>et</strong> de l‟immeuble qui est privilégiée.<br />

I / LA LUTTE CONTRE LES CATASTROPHES NATURELLES<br />

Le thème de l‟inondation illustre parfaitem<strong>en</strong>t la lutte contre les catastrophes naturelles. Il perm<strong>et</strong><br />

d‟exposer le point de vue <strong>des</strong> Hospices, mais aussi de saisir à quel point leur action est imbriquée à<br />

celle d‟autres acteurs décisifs dans c<strong>et</strong>te lutte pour la sécurité <strong>des</strong> bi<strong>en</strong>s <strong>et</strong> <strong>des</strong> personnes. D‟une façon<br />

générale, la lutte contre les inondations sur la rive gauche du Rhône peut se résumer à quatre grands<br />

types d‟actions qui se succèd<strong>en</strong>t ou se chevauch<strong>en</strong>t dans le temps, <strong>et</strong> dans lesquels les Hospices sont<br />

totalem<strong>en</strong>t ou partiellem<strong>en</strong>t impliqués 183 : les premières dispositions pour gagner du terrain sur les<br />

eaux, le remblaiem<strong>en</strong>t du sol <strong>et</strong> <strong>des</strong> voies, l‟interdiction de construire <strong>en</strong> pisé de terre <strong>et</strong>, <strong>en</strong>fin,<br />

l‟<strong>en</strong>diguem<strong>en</strong>t <strong>et</strong> les quais du Rhône. Le premier <strong>et</strong> le dernier type d‟actions seront rapidem<strong>en</strong>t<br />

évoqués pour m<strong>et</strong>tre l‟acc<strong>en</strong>t sur le remblaiem<strong>en</strong>t <strong>et</strong> l‟interdiction du pisé. Le début de la lutte contre<br />

les inondations est mise <strong>en</strong> œuvre par les Hospices qui, quasim<strong>en</strong>t seuls, organis<strong>en</strong>t une lutte<br />

quotidi<strong>en</strong>ne contre l‟incursion <strong>des</strong> eaux sur leurs terres <strong>en</strong> inv<strong>en</strong>tant <strong>des</strong> actions à la portée de leurs<br />

moy<strong>en</strong>s financiers <strong>et</strong> technologiques 184 . Cep<strong>en</strong>dant, ces premières actions étant mises <strong>en</strong> œuvre dans le<br />

premier quart du XIX e siècle, elles dépass<strong>en</strong>t le cadre <strong>des</strong> limites chronologiques choisies pour c<strong>et</strong>te<br />

recherche. De son côté, l‟histoire de l‟<strong>en</strong>diguem<strong>en</strong>t du Rhône qui, à l‟inverse, rassemble de nombreux<br />

acteurs institutionnels <strong>et</strong> privés, a fait l‟obj<strong>et</strong> de nombreuses publications. C‟est la raison pour laquelle<br />

il suffira de rappeler que les travaux d‟<strong>en</strong>diguem<strong>en</strong>t s‟int<strong>en</strong>sifi<strong>en</strong>t au XVIII ème siècle, mais demeur<strong>en</strong>t<br />

insuffisants pour <strong>en</strong>rayer les gran<strong>des</strong> inondations, comme celle de 1840 <strong>et</strong> surtout celle de 1856. A la<br />

suite de c<strong>et</strong>te dernière, qui provoque la mort de nombreuses personnes <strong>et</strong> la <strong>des</strong>truction de c<strong>en</strong>taines de<br />

maisons, la rive gauche est mise hors d‟eau sous l‟action du Préf<strong>et</strong> du Rhône, Vaïsse, l‟équival<strong>en</strong>t<br />

d‟Haussmann à Paris.<br />

Le remblaiem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> espaces inondables<br />

Une <strong>des</strong> techniques employées pour m<strong>et</strong>tre c<strong>et</strong>te zone hors de portée <strong>des</strong> inondations résulte d‟une<br />

œuvre m<strong>en</strong>ée durant tout le XIX ème siècle : remblayer les masses 185 de terrain ainsi que les voies, de<br />

manière à élever uniformém<strong>en</strong>t le niveau du sol au-<strong>des</strong>sus de celui atteint par les plus hautes crues.<br />

Les Hospices impos<strong>en</strong>t à leurs locataires de surélever les terrains, de les <strong>en</strong>tourer de fossés <strong>et</strong> de<br />

prélever les matériaux de remblai dans <strong>des</strong> lieux d‟extraction précis. Le remblai <strong>des</strong> voies, lorsque<br />

celles-ci sont publiques, ne dép<strong>en</strong>d pas <strong>des</strong> Hospices mais de la commune de la Guillotière. C<strong>et</strong>te<br />

activité traverse <strong>des</strong> pério<strong>des</strong> plus ou moins int<strong>en</strong>ses selon le dynamisme impulsé par les maires ou<br />

l‟inquiétude provoquée par les inondations. Elle connaît un essor important à partir de 1824, se ral<strong>en</strong>tit<br />

dans les années 1830 pour augm<strong>en</strong>ter à nouveau après 1840, parallèlem<strong>en</strong>t à l‟ouverture <strong>des</strong> rues,<br />

grâce à un emprunt effectué par le maire à la suite de l‟inondation de 1840. Après le rattachem<strong>en</strong>t de la<br />

commune de la Guillotière à Lyon, <strong>en</strong> 1852, le remblai <strong>des</strong> voies se poursuit. Les sommes investies<br />

pour réaliser c<strong>et</strong>te imm<strong>en</strong>se opération sont à la mesure de l‟ampleur <strong>des</strong> travaux. Les financeurs sont<br />

nombreux, les plus importants étant la commune, les Hospices <strong>et</strong> les propriétaires. Des ai<strong>des</strong><br />

complém<strong>en</strong>taires provi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>des</strong> sources publiques ou privées comme la Préfecture, les Ponts <strong>et</strong><br />

Chaussées, la compagnie <strong>des</strong> Ponts, le Génie, <strong>et</strong>c. La répartition du coût de ces remblais est<br />

extrêmem<strong>en</strong>t variable <strong>et</strong> dép<strong>en</strong>d <strong>en</strong> grande partie du statut de la voie. Beaucoup de rues sont<br />

remblayées aux frais <strong>des</strong> seuls propriétaires <strong>des</strong> terrains, <strong>en</strong> particulier lorsqu‟il s‟agit de lotissem<strong>en</strong>ts<br />

privés. La participation de la Ville peut donc osciller <strong>en</strong>tre la charge la plus légère, comme dans ce<br />

183 A.S. Clém<strong>en</strong>çon, 2008.<br />

184 D. Bertin, A.S. Clém<strong>en</strong>çon, 1982.<br />

185 Dans les textes, les Hospices nomm<strong>en</strong>t « masse » la zone de terrain délimitée par quatre rues, <strong>et</strong> « îlot » c<strong>et</strong>te<br />

même zone une fois construite.<br />

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