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Grands aménagements urbains et prise en compte des ...

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de l‟implantation <strong>des</strong> îlots à cours communes ne sont sans doute pas étrangers à c<strong>et</strong>te nouvelle<br />

ori<strong>en</strong>tation. Le respect que portai<strong>en</strong>t les Hospices avant 1875, à la fois aux constructions créatrices de<br />

plus-value pour leurs terrains, <strong>et</strong> aux locataires, cheville ouvrière de c<strong>et</strong>te évolution, s‟estompe. Il est<br />

remplacé par une politique plus intransigeante dont trois objectifs sont clairem<strong>en</strong>t définis : la lutte<br />

contre la prostitution, contre « les masures », <strong>et</strong> contre la pollution industrielle. Il est important de<br />

noter qu‟aux côtés de la prostitution, déjà prés<strong>en</strong>te dans la période précéd<strong>en</strong>te, deux nouveaux termes<br />

apparaiss<strong>en</strong>t, les masures <strong>et</strong> la pollution. La durée <strong>des</strong> baux les plus courants, de moy<strong>en</strong>ne durée, est<br />

aux al<strong>en</strong>tours de 15 à 18 ans. Ils sont prolongés si les constructions sont saines, ou si le locataire<br />

prévoit d‟<strong>en</strong> élever de nouvelles. De manière exceptionnelle, <strong>des</strong> baux longs sont cons<strong>en</strong>tis aux<br />

administrations, <strong>en</strong> particulier à l‟Etat 200 . Beaucoup <strong>des</strong> constructions édifiées sur les terrains loués<br />

sont dev<strong>en</strong>ues vétustes 201 <strong>et</strong> t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t à être remplacées. Les bâtim<strong>en</strong>ts qui sont alors édifiés sont de<br />

bonne qualité, celle-ci contrôlée parfois par les Hospices. Mais ces transformations sont l<strong>en</strong>tes <strong>et</strong> de<br />

nombreux édifices mo<strong>des</strong>tes, voire insalubres, subsist<strong>en</strong>t. La souplesse <strong>des</strong> baux de moy<strong>en</strong>ne durée<br />

constitue toujours un outil efficace pour les Hospices. S‟ils estim<strong>en</strong>t que les constructions sont <strong>en</strong><br />

mauvais état, ils ne r<strong>en</strong>ouvell<strong>en</strong>t pas le bail, chang<strong>en</strong>t de locataire, <strong>et</strong> l‟anci<strong>en</strong> est obligé de détruire<br />

sans dédommagem<strong>en</strong>t, conformém<strong>en</strong>t à la coutume 202 . Les relations de fidélité qu‟ils avai<strong>en</strong>t<br />

instaurées avec leurs locataires t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t donc à se modifier. Les plus défavorisés, <strong>en</strong> particulier autour<br />

du quartier de la préfecture <strong>en</strong> pleine expansion, sont congédiés. D‟ailleurs, de nombreuses plaintes<br />

émanant <strong>des</strong> locataires sont adressées au conseil municipal.<br />

C<strong>et</strong>te attitude intransigeante <strong>des</strong> Hospices par rapport à une classe sociale défavorisée, fortem<strong>en</strong>t<br />

dép<strong>en</strong>dante d'eux, peut surpr<strong>en</strong>dre dans la mesure où leur vocation première est la charité <strong>et</strong> le souti<strong>en</strong><br />

<strong>des</strong> pauvres. Cep<strong>en</strong>dant, pour eux, c<strong>et</strong>te vocation se concrétise <strong>en</strong> priorité par leurs investissem<strong>en</strong>ts<br />

dans les structures hospitalières. C‟est d'ailleurs c<strong>et</strong> argum<strong>en</strong>t que les Hospices emploi<strong>en</strong>t pour justifier<br />

leur attitude : ils doiv<strong>en</strong>t faire « fructifier » au mieux leur domaine, qu‟ils appell<strong>en</strong>t aussi « le domaine<br />

<strong>des</strong> pauvres », de manière à pouvoir financer les hôpitaux. En somme, leur comportem<strong>en</strong>t est bi<strong>en</strong><br />

conforme à celui d'un grand propriétaire terri<strong>en</strong> dont l'objectif premier est la r<strong>en</strong>tabilité, <strong>et</strong> ceci<br />

indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t du proj<strong>et</strong> social de l'organisme. Ce dernier quart du XIX ème siècle est la période où<br />

les Hospices v<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t leurs terrains le plus cher <strong>et</strong> <strong>en</strong> plus grande quantité. Pourtant, c‟est aussi le<br />

mom<strong>en</strong>t où ils se préoccup<strong>en</strong>t particulièrem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> causes de moins-value de leurs terrains, <strong>en</strong><br />

particulier la prostitution. C<strong>et</strong>te appar<strong>en</strong>te contradiction s‟explique sans doute par les difficultés<br />

économiques <strong>et</strong> politiques qu‟ils travers<strong>en</strong>t alors <strong>et</strong> qui les contraign<strong>en</strong>t à v<strong>en</strong>dre une partie importante<br />

de leurs terrains, c‟est à dire à se défaire de leur capital. Dans ces conditions, il est logique qu‟ils<br />

essay<strong>en</strong>t d‟<strong>en</strong> tirer un profit maximal <strong>et</strong> donc qu‟ils lutt<strong>en</strong>t par tous les moy<strong>en</strong>s contre ce qui les<br />

dévalue.<br />

C‟est donc par une approche liée à la recherche de r<strong>en</strong>tabilité, caractéristique d‟un grand propriétaire<br />

terri<strong>en</strong>, que la question de la prostitution émerge. Elle est id<strong>en</strong>tifiée comme une cause ess<strong>en</strong>tielle de<br />

moins-value pour les terrains à v<strong>en</strong>dre. Il est important de noter que, curieusem<strong>en</strong>t, ce ne sont ni<br />

l‟aspect sanitaire, ni l‟aspect moral qui l‟emport<strong>en</strong>t, alors que la première vocation <strong>des</strong> Hospices,<br />

médecins <strong>et</strong> traditionalistes, est médicale <strong>et</strong> religieuse. Comme on l‟a vue, la question de la<br />

prostitution ne se pose pas de façon aigüe avant 1850 ni après 1901. Les raisons sont sans doute à<br />

rechercher, là aussi, dans l‟histoire <strong>des</strong> terrains. Avant 1850, ce n‟est pas <strong>en</strong>core temps : les Hospices<br />

cherch<strong>en</strong>t à tout prix à fidéliser les locataires <strong>et</strong> les ach<strong>et</strong>eurs de leurs terrains, à les attirer, <strong>et</strong> ils<br />

n‟<strong>en</strong>visag<strong>en</strong>t pas de les contrer frontalem<strong>en</strong>t. Après 1901, les terrains ont pris beaucoup de valeur, la<br />

constitution sociologique a changée, les classes sociales défavorisées sont parties plus à l‟est, <strong>en</strong><br />

périphérie, <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te question de la prostitution ne se pose sans doute plus dans les mêmes termes.<br />

200<br />

Le cas de la masse 76 est rarissime à c<strong>et</strong>te époque. L‟Etat la loue avec un bail de 45 ans reconduit, ce qui fait<br />

90 ans ! Cf. la délib. HCL du 1er nov. 1890.<br />

201<br />

Selon M. Chevalier (1988), cf. B. Drure (1983), sur la rue Dunoir 60 % <strong>des</strong> maisons sont <strong>en</strong> pisé <strong>et</strong> mâchefer<br />

<strong>en</strong> 1889.<br />

202<br />

Lorsque le bail n‟est pas r<strong>en</strong>ouvelé, le locataire doit détruire <strong>et</strong> emporte les matériaux de démolition.<br />

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