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Grands aménagements urbains et prise en compte des ...

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La question de la prostitution : 1850 à 1875<br />

Le contexte de la rive gauche<br />

La période qui va de 1850 à 1875 <strong>en</strong>viron est importante dans la lutte <strong>des</strong> Hospices contre la<br />

prostitution car c‟est le mom<strong>en</strong>t où c<strong>et</strong>te question va être id<strong>en</strong>tifiée, nommée, <strong>et</strong> où les Hospices vont<br />

pr<strong>en</strong>dre position par rapport à elle. Pour mieux appréh<strong>en</strong>der leur attitude, il est important d‟évoquer le<br />

contexte concernant la rive gauche du Rhône <strong>et</strong> ses li<strong>en</strong>s avec l‟agglomération dont elle fait partie. A<br />

c<strong>et</strong>te époque, trois élém<strong>en</strong>ts sont particulièrem<strong>en</strong>t marquants : la progression prodigieuse de la<br />

population dans c<strong>et</strong>te zone, le rattachem<strong>en</strong>t à la ville de Lyon <strong>et</strong> la stratégie urbaine du préf<strong>et</strong>-maire<br />

Vaïsse.<br />

La progression de la population sur la rive gauche, son origine <strong>et</strong> sa composition ont fait l'obj<strong>et</strong> de<br />

plusieurs travaux d'histori<strong>en</strong>s 188 . A c<strong>et</strong>te époque, la natalité <strong>en</strong> France est au ral<strong>en</strong>ti <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te asc<strong>en</strong>sion<br />

de la rive gauche est due, pour les deux tiers, à l‟immigration. Celle-ci provi<strong>en</strong>t, pour un peu moins de<br />

la moitié, de l‟arrivée <strong>des</strong> ruraux, souv<strong>en</strong>t issus de la région lyonnaise. Les autres vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de divers<br />

quartiers de Lyon, mais <strong>en</strong> particulier, du 2 ème arrondissem<strong>en</strong>t 189 . Ce chiffre, ajouté à d‟autres<br />

observations, <strong>en</strong> particulier celles <strong>des</strong> Hospices, semble confirmer le transfert sur la rive gauche d‟une<br />

partie de la population délogée par la « régénération du c<strong>en</strong>tre » 190 qui démarre <strong>en</strong> 1846 <strong>et</strong> est<br />

amplifiée par le préf<strong>et</strong> Vaïsse à partir de 1853. La rive gauche constitue donc, alors, une<br />

« extraordinaire zone attractive » 191 pour <strong>des</strong> populations très diverses, attirées par les mutations de la<br />

grande industrie <strong>et</strong> les activités d‟une métropole 192 . Cep<strong>en</strong>dant, c<strong>et</strong>te population une fois installée à la<br />

Guillotière reste mouvante puisqu‟il existe une forte émigration <strong>et</strong> que 46 % seulem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> habitants<br />

sont stables 193 . C<strong>et</strong>te observation a été faite pour le quartier de la Guillotière, mais on peut p<strong>en</strong>ser qu‟il<br />

<strong>en</strong> est de même pour la zone située plus au nord, sur le domaine <strong>des</strong> Hospices, <strong>et</strong> que le système <strong>des</strong><br />

locations à court terme est assez bi<strong>en</strong> adapté à c<strong>et</strong>te caractéristique. La population qui s‟installe à partir<br />

de la moitié du XIX ème siècle est ainsi décrite par les histori<strong>en</strong>s : « <strong>des</strong> tisseurs <strong>et</strong> <strong>des</strong> teinturiers <strong>en</strong><br />

soie, toujours, mais aussi <strong>des</strong> travailleurs de la métallurgie, de la verrerie, de la chimie, <strong>et</strong> déjà ceux du<br />

bâtim<strong>en</strong>t, de l‟alim<strong>en</strong>tation <strong>et</strong> du vêtem<strong>en</strong>t, parmi le p<strong>et</strong>it peuple de la boutique <strong>et</strong> de l‟atelier,<br />

parallèlem<strong>en</strong>t à la bourgeoisie de nouveaux riches du plan Morand » 194 .<br />

Le rattachem<strong>en</strong>t de la commune de la Guillotière à la ville de Lyon, <strong>en</strong> 1852 195 , intègre d'emblée la<br />

rive gauche dans la logique de la gestion urbaine d'une grande cité, sous l'action du préf<strong>et</strong> Vaïsse,<br />

même si ce dernier choisit, pour ses grands travaux, de privilégier la presqu'île <strong>et</strong> non la rive gauche du<br />

Rhône. Celle-ci bénéficie alors d‟un proj<strong>et</strong> global où sont p<strong>en</strong>sés, <strong>en</strong> particulier, les relations <strong>en</strong>tre<br />

c<strong>en</strong>tre <strong>et</strong> périphérie <strong>et</strong> le rôle de chaque quartier 196 . La dynamique de Lyon, une perspective plus large,<br />

à plus long terme, <strong>et</strong> <strong>des</strong> moy<strong>en</strong>s accrus, accélèr<strong>en</strong>t son développem<strong>en</strong>t. Dans ce contexte, l'<strong>en</strong>semble<br />

de la rive gauche, <strong>et</strong> donc les terrains hospitaliers, sont <strong>en</strong>fin définitivem<strong>en</strong>t protégés <strong>des</strong> crues du<br />

188 Outre les travaux plus synthétiques de P. Léon, 1974, puis de M. Gard<strong>en</strong>, P. Cayez, ..., plusieurs mémoires de<br />

maîtrise consacrées à la population de la rive gauche, E. Luss<strong>et</strong>, 1971 ; J. G<strong>en</strong>eston, 1971 ; Ch. Massonat <strong>et</strong><br />

J. Paillard, S.D.<br />

189 J. G<strong>en</strong>eston, 1971, parle de 59 % d‟habitants v<strong>en</strong>us du 2 e arrdt dans la 2e moitié du siècle, pour 41 % v<strong>en</strong>us<br />

<strong>des</strong> autres quartiers.<br />

190 Les HCL les compt<strong>en</strong>t parmi leurs nouveaux locataires (délib. H.C.L. du 23 avril 1856, p. 249 ; du 1er juill<strong>et</strong><br />

1857, p. 319 ; <strong>et</strong> du 26 février 1862, p. 534). Selon P. Cayez (1990) beaucoup d‟habitants expulsés sont relogés<br />

dans les rues proches <strong>des</strong> travaux de la presqu‟île. Le transfert de population qui s‟est effectué à l‟occasion de la<br />

régénération du c<strong>en</strong>tre n‟avait pas fait, jusqu‟à récemm<strong>en</strong>t, l‟obj<strong>et</strong> d‟étu<strong>des</strong> spécifiques, cf. B. Gauthiez ci<strong>des</strong>sus.<br />

En revanche, plusieurs auteurs l‟abord<strong>en</strong>t plus ou moins rapidem<strong>en</strong>t lorsqu‟ils trait<strong>en</strong>t de c<strong>et</strong>te<br />

régénération, cf. D. Bertin, A. Gravejat <strong>et</strong> P.Y. Saunier.<br />

191 J. G<strong>en</strong>eston, 1971, p. 105.<br />

192 P. Cayez, M. Chevalier-Delassise, Y. Lequin, 1982.<br />

193 J. G<strong>en</strong>eston, 1971.<br />

194 P. Cayez, M. Chevalier-Delassise, Y. Lequin, 1982, p. 2.<br />

195 Par la loi du 19 juill<strong>et</strong> 1851, le préf<strong>et</strong> du Rhône obti<strong>en</strong>t tous pouvoirs de police sur l'agglomération, le décr<strong>et</strong><br />

de déc<strong>en</strong>tralisation du 25 mars 1852 réduit les pouvoirs du ministre au profit de ceux du départem<strong>en</strong>t.<br />

196 Sur ces notions de c<strong>en</strong>tralité <strong>et</strong> périphérie, ainsi que le rôle <strong>des</strong> quartiers au XIX e siècle, cf., <strong>en</strong> particulier,<br />

P.Y. Saunier, 1992.<br />

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