26.06.2013 Views

Grands aménagements urbains et prise en compte des ...

Grands aménagements urbains et prise en compte des ...

Grands aménagements urbains et prise en compte des ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Quelles que soi<strong>en</strong>t les raisons, avouées ou non, la réalité est là. La place Bellecour n‟est plus ce lieu<br />

particulier, ce trait d‟union <strong>en</strong>tre <strong>des</strong> populations différ<strong>en</strong>tes, puisque les populations ouvrières ont été<br />

déplacées 148<br />

. Un changem<strong>en</strong>t important s‟est opéré, à la hauteur du nombre de personnes déplacées:<br />

<strong>en</strong>viron 30 000 personnes 149<br />

. Un changem<strong>en</strong>t que Vaïsse rev<strong>en</strong>dique <strong>en</strong> s‟adressant à la Commission<br />

municipale de Lyon à la fin de l‟année 1854 :<br />

“L’ouverture de la rue Impériale <strong>et</strong> précédemm<strong>en</strong>t celle de la rue C<strong>en</strong>trale, complétée par<br />

l’élargissem<strong>en</strong>t de la rue Saint Pierre, ont eu pour résultat de changer profondém<strong>en</strong>t les<br />

conditions matérielles <strong>et</strong> morales de tout le réseau <strong>des</strong> rues avoisinant ces deux gran<strong>des</strong><br />

artères <strong>et</strong> v<strong>en</strong>ant y aboutir” 150 .<br />

Ce que Michel Foucault décrivait comme : “discipliner les “espaces non disciplinaires” 151<br />

.<br />

Les conséqu<strong>en</strong>ces ne se font pas att<strong>en</strong>dre. En 1856, le café du pavillon, situé sur la place même <strong>et</strong><br />

réputé pour prostitution <strong>et</strong> tapages nocturnes, est remplacé par un café chic, “la Maison dorée” :<br />

“Du côté de la Maison Dorée, autour du kiosque de la musique, c’est un public plus mondain.<br />

P<strong>en</strong>dant que se déroul<strong>en</strong>t la valse de Martha <strong>et</strong> la fantaisie de Faust, les femmes, <strong>en</strong> toil<strong>et</strong>te,<br />

sont assises sur plusieurs rangs au bord <strong>des</strong> allées ou réunies <strong>en</strong> famille, <strong>en</strong>tre amies (...), le<br />

cigare aux lèvres, les hommes vont <strong>et</strong> vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> files serrées (...). On r<strong>et</strong>rouve là presque<br />

chaque jour les mêmes visages d’étudiants flâneurs, d’avocats sortant du palais (...) d’artistes,<br />

d’employés sans emploi, de chercheurs d’affaires ou d’av<strong>en</strong>tures, d’<strong>en</strong>nuyés <strong>et</strong> d’<strong>en</strong>nuyeux du<br />

Tout-Lyon, se montrant dans leur lustre <strong>et</strong> arborant de nouvelles cravates” 152<br />

.<br />

En 1881, le Casino où s‟exhib<strong>en</strong>t <strong>des</strong> chanteuses <strong>et</strong> fantaisistes, ferme <strong>et</strong> devi<strong>en</strong>t une salle élégante.<br />

En 1892, le théâtre Bellecour ferme ses portes.<br />

C<strong>et</strong>te moralisation n‟empêchera pas, au grand dam de certains, les “miasmes moraux” 153<br />

, tel le cas<br />

d‟un r<strong>en</strong>tier <strong>et</strong> d‟un écclésiastique se livrant à un duo de masturbation exhibitionniste à l‟ombre <strong>des</strong><br />

arbres de la place, <strong>en</strong> 1888 154<br />

. Ou <strong>des</strong> r<strong>en</strong>contres d‟un soir qui tourn<strong>en</strong>t mal :<br />

“Avant-hier, un jeune homme d’une vingtaine d’année (...) se prés<strong>en</strong>te au commissariat de<br />

police de Bellecour <strong>et</strong> dépose plainte contre deux individus qui, la veille, l’avai<strong>en</strong>t dévalisé. A<br />

la sortie du Casino, le plaignant avait fait la connaissance de deux personnages. Après avoir<br />

roulé de café <strong>en</strong> café, il s’était r<strong>et</strong>rouvé à 5 heures du matin, seul <strong>et</strong> allégé d’un millier de<br />

francs <strong>en</strong> bill<strong>et</strong>s de banque que cont<strong>en</strong>ait son portefeuille” 155<br />

.<br />

La place ou son très proche <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t sont le théâtre de drames. Tel celui de Bellecour:<br />

“demoiselle Louise Piolat, meurtrière de son amant qu’elle soupçonnait de vouloir rompre” 156<br />

. Ou le<br />

drame dit de la place de la Charité (actuellem<strong>en</strong>t place Antonin Ponc<strong>et</strong>) où “dans la nuit du 9 au 10<br />

mars 1891 vers une heure tr<strong>en</strong>te du matin, une fille, Louise Clar<strong>et</strong>, âgée de 38 ans a déchargé deux<br />

coups de révolver sur un jeune homme qui avait été son amant il y a quelques années. Puis elle<br />

r<strong>et</strong>ourna l‟arme contre elle ...” 157<br />

Une place à l‟abri <strong>des</strong> <strong>aménagem<strong>en</strong>ts</strong>, mais une place transformée<br />

148<br />

Cf. B. Gauthiez ci-<strong>des</strong>sus.<br />

149<br />

Ibid .<br />

150<br />

AML délibérations du conseil municipal 1854. Cité B. Gauthiez Ibid .<br />

151<br />

Foucault Michel, Surveiller <strong>et</strong> punir, Gallimard, Paris, 1975, p. 250.<br />

152<br />

Vingtrinier E., op. cit. p. 29.<br />

153<br />

AML O1 124<br />

154<br />

Béghain P., B<strong>en</strong>oît B., Corneloup G., Thév<strong>en</strong>on B., op. cit,. p. 632.<br />

155 L’écho de Lyon, 13nov. 1892, p.2<br />

156 Le progrès illustré, 1er déc. 1895.<br />

157 Le Progrès illustré, 22 mars 1891.<br />

58

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!