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Grands aménagements urbains et prise en compte des ...

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âtim<strong>en</strong>ts, ce qu‟on ne fera qu‟au tout début du XXe siècle, notamm<strong>en</strong>t à l‟occasion du règlem<strong>en</strong>t<br />

adopté pour Paris <strong>en</strong> 1902, élaboré par l‟architecte Bonnier (Archives… 1991). En 1849, le médecin<br />

Potton id<strong>en</strong>tifie comme cause première <strong>des</strong> problèmes de santé dans les villes précisém<strong>en</strong>t les<br />

appartem<strong>en</strong>ts étriqués, mal équipés, le fait que le propriétaire cherche avant tout le profit <strong>et</strong> qu‟il lui<br />

soit « permis de disposer de sa maison comme il l‟<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d, quelles que doiv<strong>en</strong>t être les conséqu<strong>en</strong>ces de<br />

sa conduite pour la santé publique ». Il évoque le fait que les médecins connaiss<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong>, pour les<br />

observer fréquemm<strong>en</strong>t, les « altérations organiques » dues aux appartem<strong>en</strong>ts placé sous la toiture,<br />

froids <strong>et</strong> humi<strong>des</strong> (Potton 1849, 121-2) 90 . Cep<strong>en</strong>dant, aucun texte de loi ne perm<strong>et</strong> d‟imposer <strong>des</strong><br />

contraintes aux propriétaires <strong>et</strong> aux investisseurs. Il est intéressant que dans le même texte Potton<br />

considère que, grâce aux eff<strong>et</strong>s de telles contraintes :<br />

« on ne rêvera plus aux phalanstères, il ne sera plus urg<strong>en</strong>t de songer à la création de ces cités ouvrières<br />

dont on s‟occupe, aujourd‟hui, dans quelques gran<strong>des</strong> villes, pour assurer aux artisans de meilleures<br />

conditions hygiéniques. La transformation <strong>des</strong> quartiers insalubres, <strong>des</strong> habitations malsaines s‟opérera<br />

inévitablem<strong>en</strong>t. »<br />

L‟équipem<strong>en</strong>t sanitaire <strong>des</strong> immeubles existants <strong>et</strong> <strong>des</strong> normes imposées aux constructions nouvelles<br />

serai<strong>en</strong>t donc une alternative à la construction de cités ouvrières. En fait, c<strong>et</strong>te alternative ne sera<br />

pratiquée à grande échelle que dans la deuxième moitié du XXe siècle. Les constructions nouvelles<br />

sont certes de mieux <strong>en</strong> mieux équipées, mais pour répondre aux aspirations de populations à haut<br />

rev<strong>en</strong>u, <strong>et</strong> aucunem<strong>en</strong>t aux ouvriers qu‟on chasse <strong>des</strong> quartiers rénovés. Il est assez curieux que dans<br />

ce contexte, les « îlots à cour », <strong>en</strong>tourés d‟immeubles de haut standing, reproduis<strong>en</strong>t une forme<br />

urbaine qui s‟appar<strong>en</strong>te au Familistère de Godin à Guise, inspiré directem<strong>en</strong>t du Phalanstère de<br />

Fourrier, <strong>et</strong> où les habitations ouvrières construites à partir de 1859 sont disposées autour de vastes<br />

cours (Paquot 1982).<br />

Le débat autour de 1850 sur l‟insalubrité <strong>et</strong> les moy<strong>en</strong>s juridiques d‟y remédier était d‟abord nourri par<br />

un désir d‟obliger les propriétaires à équiper leurs appartem<strong>en</strong>ts selon <strong>des</strong> exig<strong>en</strong>ces minimales. Dans<br />

le texte de la loi sur l‟insalubrité, adoptée le 13 avril 1850, la seule disposition r<strong>et</strong><strong>en</strong>ue est la possibilité<br />

d‟expropriation <strong>des</strong> immeubles déclarés insalubres. D‟outil pour améliorer « l‟état <strong>des</strong> logem<strong>en</strong>ts<br />

affectés à la population laborieuse <strong>et</strong> pauvre » (Vachez 1849, 439), contraignant les propriétaires <strong>et</strong><br />

visant à maint<strong>en</strong>ir les habitants pauvres <strong>en</strong> place, la loi a été dévoyée pour dev<strong>en</strong>ir un instrum<strong>en</strong>t de<br />

rénovation urbaine, favorisant la spéculation <strong>et</strong> éloignant les pauvres <strong>des</strong> c<strong>en</strong>tres (Bourillon 2000). La<br />

pression <strong>des</strong> propriétaires pour que l‟autorité publique n‟intervi<strong>en</strong>ne ni ne réglem<strong>en</strong>te à l‟intérieur <strong>des</strong><br />

immeubles ne sera efficacem<strong>en</strong>t combattue qu‟au XXe siècle 91 .<br />

La ville ne se lance pas dans l‟av<strong>en</strong>ture que représ<strong>en</strong>terait une concession à une société privée,<br />

L‟expéri<strong>en</strong>ce de la rue Edouard-Herriot a été un échec financier. C‟est pourtant la solution qui est<br />

r<strong>et</strong><strong>en</strong>ue <strong>en</strong> 1886 pour la rénovation du quartier Grolée. L‟explication ti<strong>en</strong>t probablem<strong>en</strong>t dans le fait<br />

que les terrains sont propriété <strong>des</strong> Hospices Civils <strong>et</strong> que, dans le contexte de relations t<strong>en</strong>dues avec<br />

c<strong>et</strong>te institution 92 , l‟opération serait difficile voir impossible à monter. Inciter les Hospices à v<strong>en</strong>dre<br />

leurs terrains ne suffisait cep<strong>en</strong>dant pas, <strong>et</strong> on risquait de perm<strong>et</strong>tre la conservation d‟un système<br />

d‟occupation du sol attirant peu les investisseurs immobiliers à même de requalifier le quartier. Pour<br />

cela, il fallait que les Hospices soi<strong>en</strong>t conduits à v<strong>en</strong>dre. La solution a été trouvée dans l‟adoption de<br />

plans d‟alignem<strong>en</strong>ts nouveaux pour les principales rues du quartier, portant leur largeur <strong>en</strong> général à<br />

20 m, au lieu de 12 m auparavant (la rue de la république fait 22 m de largeur, la rue Carnot dans le<br />

quartier Grolée 18, la rue Edouard-Herriot 16 m) 93 . Ces plans d‟alignem<strong>en</strong>ts, soumis à <strong>en</strong>quête<br />

90<br />

De fait, de nombreux espaces placés directem<strong>en</strong>t sous la toiture (non isolés à c<strong>et</strong>te époque), dans lesquels on<br />

ne pouvait pas se t<strong>en</strong>ir debout, étai<strong>en</strong>t loués comme habitations. De nombreuses toitures comport<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core de<br />

nos jours <strong>des</strong> lucarnes visant à les éclairer, à la forme très caractéristique, avec un toit incliné vers la partie<br />

c<strong>en</strong>trale du bâtim<strong>en</strong>t. Les textes établiss<strong>en</strong>t clairem<strong>en</strong>t la conc<strong>en</strong>tration <strong>des</strong> ouvriers dans les parties les plus<br />

hautes <strong>des</strong> immeubles.<br />

91<br />

La chambre syndicale <strong>des</strong> propriétaires parisi<strong>en</strong>s s‟adresse ainsi à ses adhér<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> 1895 : « Ne laissez pas les<br />

ag<strong>en</strong>ts sanitaires <strong>en</strong>trer dans nos maisons, car ils apport<strong>en</strong>t avec eux le socialisme » (Fijalkow 1998, p. 124).<br />

92<br />

T<strong>en</strong>sion aussi politique, les catholiques auxquels la municipalité est opposée ont <strong>en</strong> eff<strong>et</strong> un poids dominant<br />

dans la direction <strong>des</strong> Hospices.<br />

93<br />

Lors de l‟<strong>en</strong>quête publique pour l‟expropriation <strong>des</strong> terrains pour le Préfecture, les rues de Bonnel <strong>et</strong> Servi<strong>en</strong>t<br />

ne sont prévues qu‟à 15 m de largeur, contre 20 <strong>et</strong> même 22 par la suite, Plan soumis à l‟<strong>en</strong>quête publique pour<br />

43

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