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Grands aménagements urbains et prise en compte des ...

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Christine CHEMIN, doctorante, Université de Lyon, UMR 5600 Environnem<strong>en</strong>t, Ville, Société<br />

Les grands <strong>en</strong>sembles sont une composante majeure <strong>des</strong> villes héritées de la période moderne.<br />

Compr<strong>en</strong>dre leur g<strong>en</strong>èse <strong>et</strong> la façon dont on les a gérés sur le plan de la sécurité <strong>des</strong> habitants est donc<br />

une nécessité dans la ville d‟aujourd‟hui, alors même qu‟ils n‟avai<strong>en</strong>t pas été p<strong>en</strong>sé sous c<strong>et</strong> angle.<br />

Pratiques sécuritaires <strong>et</strong> grand <strong>en</strong>semble d‟habitat social :<br />

un urbanisme à l‟épreuve <strong>des</strong> faits ?<br />

L‟exemple de la Ville Nouvelle à Rillieux-La-Pape<br />

Introduction<br />

Le grand <strong>en</strong>semble, tel qu‟il apparaît au travers <strong>des</strong> médias ou du discours commun, r<strong>en</strong>voie à un lieu<br />

à part considérant <strong>des</strong> populations ou <strong>des</strong> espaces éloignés de la norme urbaine <strong>et</strong> sociale ; il est<br />

égalem<strong>en</strong>t l‟obj<strong>et</strong> de fortes représ<strong>en</strong>tations collectives. C<strong>et</strong>te distance à la norme est, elle-même,<br />

difficile à traduire au regard <strong>des</strong> termes utilisés : ZUS 220 , quartiers prioritaires, banlieues à problèmes,<br />

<strong>et</strong>c.. Pourtant le choix du terme est important au regard <strong>des</strong> acceptations différ<strong>en</strong>tes qu‟il revêt. Les<br />

professionnels, notamm<strong>en</strong>t les collectivités territoriales, les EPCI, les services de l‟Etat, les ag<strong>en</strong>ces<br />

d‟urbanisme, les bureaux d‟étu<strong>des</strong>, les cabin<strong>et</strong>s d‟architectes, parl<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t du « quartier ». En eff<strong>et</strong>,<br />

un grand nombre de dispositifs administratifs font m<strong>en</strong>tion de c<strong>et</strong>te notion pour nommer les <strong>en</strong>sembles<br />

<strong>urbains</strong>. Mais c<strong>et</strong>te référ<strong>en</strong>ce est souv<strong>en</strong>t associée à un adjectif qui le dévalorise : quartier défavorisé,<br />

quartier difficile, quartier prioritaire, quartier s<strong>en</strong>sible… Est mis <strong>en</strong> avant le caractère dangereux <strong>et</strong><br />

problématique pour les gestionnaires. De plus, le quartier suit une évolution historique : le quartier de<br />

production industrielle (exemple du quartier de la Soie à La Croix-Rousse, à Lyon), le quartier<br />

artisanal ; puis, avec la séparation du lieu de travail <strong>et</strong> du lieu d‟habitation, le quartier bourgeois <strong>et</strong> le<br />

quartier populaire. On ne peut parler de quartier sans évoquer l‟espace vécu, sans faire référ<strong>en</strong>ce aux<br />

transformations urbaines. Le concept de quartier est donc différ<strong>en</strong>t selon les pério<strong>des</strong> considérées.<br />

Pour Crossick, « le concept de quartier comm<strong>en</strong>ce comme concept spatial ; il se termine comme<br />

concept qui exige de l‟histori<strong>en</strong> la reconstruction <strong>des</strong> li<strong>en</strong>s de pouvoir, <strong>des</strong> rapports sociaux <strong>et</strong><br />

économiques » 221 . Ainsi, l‟utilisation du concept de quartier, trop marqué historiquem<strong>en</strong>t <strong>et</strong> n‟ayant<br />

pas une définition unique, nous semble inappropriée.<br />

L‟autre terme employé est celui de « banlieue ». Chronologiquem<strong>en</strong>t, la banlieue est née de la<br />

nécessité d‟accueillir <strong>des</strong> populations nouvelles. La banlieue s‟est construite dans le temps <strong>et</strong> dans la<br />

diversité. Sans repr<strong>en</strong>dre l‟historique <strong>des</strong> constructions <strong>des</strong> banlieues françaises, on peut d‟abord citer<br />

la banlieue résid<strong>en</strong>tielle, maraîchère <strong>et</strong> pavillonnaire, <strong>en</strong>suite la banlieue ouvrière hébergeant <strong>des</strong><br />

ateliers <strong>et</strong> de gran<strong>des</strong> manufactures. Après la Seconde Guerre mondiale, c‟est l‟histoire <strong>des</strong> grands<br />

<strong>en</strong>sembles auxquels vont répondre les villes nouvelles <strong>et</strong> les nouveaux lotissem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> périphérie plus<br />

lointaine. Avec une diversité dans les paysages, les structures démographiques, les situations<br />

économiques, la banlieue apparaît trop confuse dans le territoire géographique qu‟elle est c<strong>en</strong>sée<br />

recouvrir. De plus, il peut naître une controverse si l‟on fait de la banlieue l‟habitat alternatif <strong>des</strong><br />

riches. En eff<strong>et</strong>, on parle aussi de banlieues pour évoquer les ext<strong>en</strong>sions de la ville réservées aux<br />

familles aisées. Là <strong>en</strong>core, l‟évolution historique <strong>et</strong> l‟abs<strong>en</strong>ce de définition unique ne nous perm<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t<br />

pas d‟utiliser le concept de banlieue.<br />

Enfin, ces deux termes, sur-utilisés par les médias, ne sembl<strong>en</strong>t qu‟être synonymes <strong>des</strong> erreurs de<br />

l‟urbanisme.<br />

A l‟inverse, « le grand <strong>en</strong>semble » ne prête pas au doute. Il obéit à <strong>des</strong> caractères physiques précis : le<br />

béton, l‟<strong>en</strong>vergure. Il est repérable à ses formes, ses matériaux, ses habitants <strong>et</strong> ses habitu<strong>des</strong>. Il<br />

correspond à une réalité sociale aux traits communs : la pauvr<strong>et</strong>é <strong>et</strong> le métissage. Les grands<br />

<strong>en</strong>sembles sont dispersés sur l‟<strong>en</strong>semble du territoire français avec quelques conc<strong>en</strong>trations plus<br />

220 ZUS : Zones Urbaines S<strong>en</strong>sibles.<br />

221 CROSSICK, G., 1993, Le quartier : caractéristiques économiques <strong>et</strong> sociales. In: Mélanges de l'Ecole Française de Rome.<br />

Italie <strong>et</strong> Méditerranée T. 105, N°2. pp. 405-412.<br />

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