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Grands aménagements urbains et prise en compte des ...

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sur le nouveau tracé est t<strong>en</strong>u de respecter l‟alignem<strong>en</strong>t imposé <strong>et</strong> de verser <strong>en</strong> voirie une partie du<br />

terrain concerné, contre rachat. Un immeuble seulem<strong>en</strong>t est construit sur le nouveau tracé selon ces<br />

conditions, <strong>en</strong> 1849 33 . Dans la pratique, la méthode ne comporte aucun risque financier pour la<br />

municipalité, mais elle ne perm<strong>et</strong> pas d‟<strong>en</strong>visager un achèvem<strong>en</strong>t rapide (ni même un achèvem<strong>en</strong>t tout<br />

court) de la voie, ce qu‟avait bi<strong>en</strong> compris Par<strong>et</strong> <strong>en</strong> 1846 34 . Elle sera abandonnée comme outil de<br />

rénovation urbaine, mais subsiste dans les docum<strong>en</strong>ts d‟urbanisme jusqu‟à nos jours pour élargir les<br />

rues.<br />

Cep<strong>en</strong>dant, l‟amélioration <strong>des</strong> quartiers ne conduit pas nécessairem<strong>en</strong>t à celle <strong>des</strong> conditions du<br />

logem<strong>en</strong>t ouvrier, même dans les nouveaux immeubles. Le médecin Potton exprime ses doutes :<br />

« […] pour faciliter les communications, <strong>et</strong> surtout pour assainir, dit-on, <strong>des</strong> quartiers étroits, mal<br />

construits, malpropres, on perce, à Lyon, <strong>des</strong> rues nouvelles, on ouvre d‟autres passages ; la ville<br />

détermine le diamètre de ces voies, leur direction, <strong>et</strong> livre, sans autre surveillance, la construction <strong>des</strong><br />

maisons à <strong>des</strong> <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs qui ne se préoccup<strong>en</strong>t plus que du produit qu‟ils pourront tirer de leur<br />

spéculation. La cherté <strong>des</strong> terrains fait supprimer les cours, ou ne perm<strong>et</strong> d‟établir que <strong>des</strong> cours trop<br />

étroites, dont la création devi<strong>en</strong>t, pour la salubrité, plus nuisible d‟avantageuse. Cinq, six étages<br />

d‟élèv<strong>en</strong>t au-<strong>des</strong>sus <strong>des</strong> boutiques, <strong>des</strong> <strong>en</strong>tresols, où la circulation de l‟air pur, de la lumière, est<br />

incomplète. Ce sont de véritables bâtim<strong>en</strong>ts négriers, nous disait un jour un observateur ; on ne<br />

s‟applique qu‟à la solution d‟un problème : Entasser le plus possible d‟habitants dans le plus p<strong>et</strong>it<br />

espace donné ».<br />

[…] L‟air ne circule plus ; altéré, il ne se recompose pas, il ne reçoit plus les principes vivifiants dont il<br />

a besoin. Les habitants sont nécessairem<strong>en</strong>t les victimes d‟un pareil état <strong>des</strong> choses.<br />

Autrefois, les rues, <strong>en</strong> général, étai<strong>en</strong>t tortueuses, moins larges, à la vérité, mais les appartem<strong>en</strong>ts étai<strong>en</strong>t<br />

plus spacieux, les maisons étai<strong>en</strong>t moins hautes, il y avait comp<strong>en</strong>sation. Si, pour le coup d‟œil, pour<br />

l‟élégance, pour les faits extérieurs, il y a progrès ; nous ne pouvons dire que le progrès existe<br />

réellem<strong>en</strong>t dans les mesures hygiéniques qui présid<strong>en</strong>t à l‟ag<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> habitations.<br />

[…] L‟air, la lumière, le soleil sont nécessaires aux hommes comme aux végétaux : sans ces principes<br />

régénérateurs, les uns <strong>et</strong> les autres s‟étiol<strong>en</strong>t, languiss<strong>en</strong>t, ne pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t jamais leur vigueur, tout leur<br />

développem<strong>en</strong>t. Ces maisons monstrueusem<strong>en</strong>t hautes, dont on tolère impuném<strong>en</strong>t aujourd‟hui la<br />

construction sur nos quais <strong>et</strong> sur nos places, seront, pour l‟assainissem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> rues, <strong>des</strong> obstacles<br />

insurmontables ; ces prét<strong>en</strong>dus embellissem<strong>en</strong>ts, ces prét<strong>en</strong>dues améliorations <strong>des</strong> quartiers nouveaux<br />

coûteront chers à la santé publique : ce sont <strong>des</strong> privilèges accordés à quelques-uns, au préjudice du plus<br />

grand nombre » (Potton 1849, 120-2).<br />

Morin, à propos c<strong>et</strong>te fois <strong>des</strong> règlem<strong>en</strong>ts de police de la ville, exprime une situation comparable, <strong>en</strong><br />

comparant une situation idéale à la réalité lyonnaise (Morin 1849):<br />

« Il est <strong>des</strong> cités paisibles, tirées au cordeau, <strong>et</strong> qui sont vis-à-vis <strong>des</strong> autres ce que le r<strong>en</strong>tier propre,<br />

exact, compassé, est à la foule active <strong>et</strong> incessamm<strong>en</strong>t occupée. Là, point de bruits, d‟odeurs,<br />

d‟embarras ; une famille occupe une maison, les rues ne sont jamais <strong>en</strong>combrées, toute industrie<br />

suspecte est bannie. Telle n‟est pas la ville de Lyon ; chaque maison y est comme une cité à part où<br />

toute une population est <strong>en</strong>tassée ; un seul escalier, une cour p<strong>et</strong>ite <strong>et</strong> sombre <strong>des</strong>serv<strong>en</strong>t la communauté.<br />

Quand c<strong>et</strong>te population <strong>des</strong>c<strong>en</strong>d dans les rues pour ses affaires ou ses plaisirs, elle les remplit, elle les<br />

<strong>en</strong>combre <strong>et</strong> de ses personnes <strong>et</strong> fardeaux, voitures ou attirails que nécessite la variété infinie <strong>des</strong><br />

professions <strong>et</strong> <strong>des</strong> industries. Ce n‟est pas tout ; notre ville n‟adm<strong>et</strong> pas c<strong>et</strong>te délicatesse qui ailleurs<br />

chasse hors <strong>des</strong> murs une multitude de fabriques, non-seulem<strong>en</strong>t insalubres, mais tant soit peu<br />

incommo<strong>des</strong>. Nous sommes obligés (c‟est notre constitution) de nous faire aux fumées noires, aux<br />

buées humi<strong>des</strong> <strong>et</strong> nauséabon<strong>des</strong>, aux flux d‟eaux tinctoriales, à toutes sortes d‟odeurs, de bruits,<br />

d‟ébranlem<strong>en</strong>ts. »<br />

Les années 1840 voi<strong>en</strong>t aussi le développem<strong>en</strong>t à Lyon d‟actions relatives au patrimoine. Plusieurs<br />

églises sont classées Monum<strong>en</strong>ts Historiques <strong>en</strong> 1843, <strong>et</strong> restaurées dans les années qui suiv<strong>en</strong>t, ainsi<br />

St-Nizier <strong>et</strong> St-Bonav<strong>en</strong>ture 35 (Mathian s.d.). Le cœur de la ville est aussi porteur, dans sa substance<br />

33 Immeuble construit par l‟architecte Bissuel aux 29-31 rue G<strong>en</strong>til, pour lui-même, AML 321 WP 107. Il <strong>en</strong><br />

naîtra un cont<strong>en</strong>tieux avec la ville, réglé par un traité du 24 septembre 1856, puisque la rue proj<strong>et</strong>ée n‟est <strong>en</strong> fait<br />

pas réalisée à l‟<strong>en</strong>droit prévu à c<strong>et</strong>te époque. Il subsiste aujourd‟hui une p<strong>et</strong>ite impasse devant l‟immeuble<br />

Bissuel, rue G<strong>en</strong>til, là où sa façade devait donner sur la rue.<br />

34 Cf. note 5.<br />

35 Les églises St-Nizier <strong>et</strong> St-Bonav<strong>en</strong>ture, dans le quartier, avai<strong>en</strong>t été <strong>en</strong>dommagées lors de l‟insurrection de<br />

1834 (Rude 1982).<br />

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