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Grands aménagements urbains et prise en compte des ...

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La place Bellecour est aussi le lieu favori <strong>des</strong> r<strong>en</strong>contres <strong>en</strong>tre homosexuels. Déjà <strong>en</strong> 1731, Jean-<br />

Jacques Rousseau était l‟obj<strong>et</strong> de propositions “déshonnêtes”. 120<br />

Ses deux “av<strong>en</strong>tures”, place Bellecour, lui donnèr<strong>en</strong>t une très mauvaise image de la ville :<br />

“... il m’<strong>en</strong> est resté une impression peu avantageuse au peuple de Lyon, <strong>et</strong> j’ai toujours<br />

regardé c<strong>et</strong>te ville comme celle de l’Europe où règne la plus affreuse corruption.” 121<br />

Les premières vespasi<strong>en</strong>nes installées dans la ville dont la place Bellecour, sont <strong>des</strong> nouveaux lieux de<br />

r<strong>en</strong>contre :<br />

“C’est là que se recrut<strong>en</strong>t, autour <strong>des</strong> urinoirs, les plus franches crapules qui puiss<strong>en</strong>t exister.<br />

Ces jeunes g<strong>en</strong>s dévoyés, <strong>en</strong>clins au vices, comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t par ce métier <strong>et</strong> finiss<strong>en</strong>t par se mêler<br />

aux ban<strong>des</strong> d’agresseurs sous les ordres <strong>des</strong>quels ils sont souv<strong>en</strong>t placés.” 122<br />

Quand la place se vide de ses derniers prom<strong>en</strong>eurs ou mélomanes, elle laisse la place à d‟autres<br />

activités :<br />

“Le dernier morceau finit sur les accords d’une marche triomphale. (...) la foule se glisse <strong>et</strong> se<br />

disperse avec un froufrou de jupes. C’est une vraie débandade. Dans l’ombre <strong>des</strong> allées, où<br />

traîn<strong>en</strong>t de viol<strong>en</strong>ts parfums, flân<strong>en</strong>t seuls maint<strong>en</strong>ant, <strong>en</strong>tre les rangées de chaises vi<strong>des</strong>, les<br />

infatigables péripatétici<strong>en</strong>s ou les incorrigibles rêveurs accrochés par la ritournelle d’un<br />

accordéon asthmatique sollicitant l’aumône <strong>des</strong> consommateurs attardés. 123<br />

Les deux visages de c<strong>et</strong>te même place s‟expliqu<strong>en</strong>t par sa situation géographique. Du côté nord-est, les<br />

quartiers populaires, bi<strong>en</strong>tôt rénovés par la percée de la rue de la République puis la rénovation du<br />

quartier Grolée. De l‟autre, un quartier aisé (Bellecour-Ainay) où vit la bonne société. Bellecour est<br />

depuis l‟Anci<strong>en</strong> Régime le lieu de résid<strong>en</strong>ce préféré <strong>des</strong> élites. Si la prés<strong>en</strong>ce de la bonne société<br />

installée à proximité <strong>et</strong> autour de la place Bellecour est connue, celle d‟ouvriers dans ce secteur l‟est<br />

beaucoup moins 124 , pour ne pas dire méconnue. Il s‟agit d‟ouvriers de la soierie. Mais les Canuts ne<br />

sont pas les seuls ouvriers à vivre dans ce quartier. On y r<strong>en</strong>contre aussi, par exemple, <strong>des</strong> maçons<br />

limousins qui logeai<strong>en</strong>t dans <strong>des</strong> garnis 125 126<br />

. Le rec<strong>en</strong>sem<strong>en</strong>t de 1841 perm<strong>et</strong> de dresser une carte très<br />

précise de la pauvr<strong>et</strong>é dans la Presqu‟île 127 . Ainsi le triangle <strong>en</strong>tre la rue Mercière, les rues Ferrandière<br />

<strong>et</strong> Port-Charl<strong>et</strong> (actuellem<strong>en</strong>t la partie est de la rue Ferrandière) <strong>et</strong> l‟Hôtel-Dieu conc<strong>en</strong>tre les rues les<br />

plus pauvres 128<br />

. L‟<strong>en</strong>quête de 1853 sur l‟insalubrité <strong>des</strong> immeubles 129<br />

illustre, elle aussi, la pauvr<strong>et</strong>é<br />

de ce secteur: un nombre important d‟immeubles insalubres sont habités par <strong>des</strong> ouvriers. La<br />

population ouvrière vit donc à quelques <strong>en</strong>jambées de la bonne société.<br />

Une place, lieu de vie<br />

Les lieux de divertissem<strong>en</strong>ts <strong>des</strong> al<strong>en</strong>tours, cafés-concerts ou théâtres font de la place Bellecour, le soir<br />

v<strong>en</strong>u, un lieu propice aux r<strong>en</strong>contres <strong>en</strong> tous g<strong>en</strong>res.<br />

Ces lieux drain<strong>en</strong>t une population nombreuse. Tel le Casino <strong>des</strong> arts, rue Impériale (actuellem<strong>en</strong>t rue<br />

de la République) ouvert <strong>en</strong> 1862. Des chanteuses, fantaisistes <strong>et</strong> chansonniers s‟y produis<strong>en</strong>t. Et à<br />

partir de 1873, chaque dimanche <strong>des</strong> concerts populaires y sont proposés.<br />

120 J-J. Rousseau, Les Confessions , Hach<strong>et</strong>te éducation, Paris, pp. 233-234.<br />

121 Ibid., p. 236.<br />

122 Le Courrier de Lyon, 17 mars 1899.<br />

123 Vingtrinier E., op. cit. p. 43.<br />

124 Gauthiez B., Lyon <strong>en</strong>tre Bellecour <strong>et</strong> Terreaux Arcitecture <strong>et</strong> urbanisme au XIXe siècle, ELAH, 1999, p. 37.<br />

125 Ochandiano J.-L., Lyon, un chantier limousin. Les maçons migrants (1848-1940), Lieux-dits, 2008, p. 24.<br />

126<br />

AML 921 WP<br />

127<br />

Gauthiez B., op cit., pp. 38-39.<br />

128<br />

Ibid., p. 37.<br />

129<br />

AML 925 WP 70<br />

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