26.06.2013 Views

Grands aménagements urbains et prise en compte des ...

Grands aménagements urbains et prise en compte des ...

Grands aménagements urbains et prise en compte des ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Edouard-Herriot), achevée non sans quelques vicissitu<strong>des</strong> vers 1865, puis plus tard on rénove le<br />

quartier Grolée vers 1886-90 (Riv<strong>et</strong> 1955), <strong>et</strong> on perce au début du XXe siècle la rue de la Martinière.<br />

Il s‟<strong>en</strong> faut cep<strong>en</strong>dant que tout le c<strong>en</strong>tre de Lyon ait été r<strong>en</strong>ouvelé. Même si près <strong>des</strong> 2/3 <strong>des</strong><br />

immeubles existants ont été détruits p<strong>en</strong>dant c<strong>et</strong>te période, il reste <strong>des</strong> immeubles anci<strong>en</strong>s, dont<br />

certains sont <strong>en</strong>core dans un état proche de celui décrit par l‟<strong>en</strong>quête détaillée de 1853, avec <strong>des</strong> cages<br />

d‟escaliers noires de sal<strong>et</strong>é <strong>et</strong> une insalubrité qui reflète le niveau de pauvr<strong>et</strong>é <strong>des</strong> habitants qui y<br />

résid<strong>en</strong>t. Parfois, on a reconstruit simplem<strong>en</strong>t la façade, tout <strong>en</strong> conservant id<strong>en</strong>tique le corps de<br />

bâtim<strong>en</strong>t, sans travaux, par derrière (exemple 28 rue de l‟Arbre-Sec).<br />

En conclusion<br />

L‟objectif visé par l‟administration a donc été atteint, à la suite d‟un plan d‟action soigneusem<strong>en</strong>t mis<br />

au point <strong>et</strong> <strong>en</strong> ayant recours aux plus gran<strong>des</strong> compét<strong>en</strong>ces disponibles, celles de B<strong>en</strong>oît Ponc<strong>et</strong> ayant<br />

été probablem<strong>en</strong>t décisives pour mobiliser dans <strong>des</strong> circonstances délicates la plus-value foncière<br />

pot<strong>en</strong>tielle du quartier concerné, que le percem<strong>en</strong>t de la rue C<strong>en</strong>trale avait révélée. Les données <strong>des</strong><br />

<strong>en</strong>quêtes de 1841 <strong>et</strong> 1853 ont beaucoup aidé à déterminer le périmètre de l‟opération. Cep<strong>en</strong>dant, ce<br />

n‟est pas la connaissance de détail qui a ici guidé l‟action, mais sa cohér<strong>en</strong>ce pratique <strong>et</strong> économique.<br />

La <strong>des</strong>truction de quelque 350 immeubles, principalem<strong>en</strong>t occupés par <strong>des</strong> populations pauvres <strong>et</strong> très<br />

pauvres, n‟a pas été sans conséqu<strong>en</strong>ces négatives. Il y a d‟abord la perte patrimoniale, déjà soulignée à<br />

l‟époque (Mathian 1994, Saunier 1996). Avec un paradoxe : on revitalise le c<strong>en</strong>tre de Lyon, mais on<br />

doit pour ce faire <strong>en</strong> détruire la substance bâtie 52 . La méthode nous apparaîtrait rude aujourd‟hui, bi<strong>en</strong><br />

qu‟on l‟ait pratiquée <strong>en</strong> masse dans les années 1960-70. L‟héritage culturel de c<strong>et</strong> état de fait est<br />

<strong>en</strong>core très prés<strong>en</strong>t dans la conduite de l‟urbanisme lyonnais. Le „C<strong>en</strong>tre-Presqu‟île‟ est toujours<br />

considéré comme le quartier <strong>des</strong> affaires <strong>et</strong> la conservation <strong>des</strong> édifices anci<strong>en</strong>s y est <strong>en</strong>core parfois<br />

placée au second plan derrière les intérêts <strong>des</strong> investisseurs immobiliers. Il a certes été inclus dans le<br />

périmètre du patrimoine mondial de l‟UNESCO, mais cela n‟a pas été sans fortes rétic<strong>en</strong>ces locales, <strong>et</strong><br />

une bonne part <strong>des</strong> immeubles anci<strong>en</strong>s y sont <strong>en</strong>core frappés d‟alignem<strong>en</strong>t au Plan Local d‟Urbanisme<br />

adopté <strong>en</strong> 2007, comme au XIXe siècle, quand c‟était la méthode utilisée lorsqu‟on ne lançait pas de<br />

grosses opérations de rénovation urbaine comme la rue de la République. La mémoire <strong>des</strong> lieux est<br />

une question de longue durée (Saunier 1996).<br />

Le percem<strong>en</strong>t de la rue de la République s‟explique bi<strong>en</strong>, pour une part importante, par <strong>des</strong><br />

préoccupations de sécurité. Certaines sont indicibles <strong>en</strong> publics, qui concern<strong>en</strong>t l‟ordre sociopolitique,<br />

d‟autres sont publiquem<strong>en</strong>t exprimées, <strong>en</strong> particulier pour l‟hygiène <strong>et</strong> la réussite<br />

économique de la ville de Lyon. D‟autres <strong>en</strong>core sont <strong>en</strong> quelque sorte conting<strong>en</strong>tes, comme<br />

la lutte contre les inondations ou les mesures de police habituelles.<br />

Il reste à compr<strong>en</strong>dre pourquoi, dans l‟historiographie lyonnaise <strong>et</strong> la représ<strong>en</strong>tation <strong>des</strong><br />

différ<strong>en</strong>ts quartiers de la ville aujourd‟hui, le li<strong>en</strong> n‟est que faiblem<strong>en</strong>t établi <strong>en</strong>tre la percée de<br />

la rue de la République, de façon plus large le secteur rénové sous le Second Empire, <strong>et</strong> le<br />

c<strong>en</strong>tre de l‟insurrection ouvrière tel qu‟on le connaît pour 1834. Lorsque les quartiers ouvriers<br />

lyonnais sont évoqués, que ce soit au XIXe siècle ou dans la recherche réc<strong>en</strong>te (Saunier<br />

1996), le c<strong>en</strong>tre de la ville n‟est jamais évoqué. En revanche, l‟idée selon laquelle le c<strong>en</strong>tre<br />

était occupé par <strong>des</strong> ouvriers <strong>des</strong>c<strong>en</strong>dus de la Croix-Rousse, émise par le préf<strong>et</strong> Gasparin dans<br />

les années 1830, a eu un grand succès, r<strong>en</strong>forçant à la fois l‟id<strong>en</strong>tité Canut de la Croix-Rousse<br />

<strong>et</strong> celle de quartier <strong>en</strong>vahi <strong>et</strong> donc non ouvrier du c<strong>en</strong>tre. Or, le rec<strong>en</strong>sem<strong>en</strong>t de 1841 <strong>et</strong> plus<br />

<strong>en</strong>core l‟<strong>en</strong>quête de 1853 établiss<strong>en</strong>t très n<strong>et</strong>tem<strong>en</strong>t le grand nombre d‟ouvriers habitant dans<br />

ce secteur de la ville. Sur les quelque 50 000 personnes <strong>en</strong>tre la place <strong>des</strong> Terreaux <strong>et</strong> la place<br />

52 Pour repr<strong>en</strong>dre les termes d‟une poésie lue <strong>en</strong> janvier 1854 (Servan de Sugny 1856) :<br />

« La pioche, le marteau, l‟instrum<strong>en</strong>t du maçon<br />

Leur redonn<strong>en</strong>t (aux cités) l‟éclat de la jeune saison,<br />

Et l‟œil du voyageur contemple, avec sur<strong>prise</strong>,<br />

Une jeune cité sur son aïeule assise ».<br />

31

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!