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Grands aménagements urbains et prise en compte des ...

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L‟analyse de la lutte contre la prostitution <strong>et</strong> de l‟implantation <strong>des</strong> bâtim<strong>en</strong>ts religieux, révèle bi<strong>en</strong> ce<br />

moteur majeur. En cela, leur attitude est caractéristique d‟un grand propriétaire terri<strong>en</strong>, au-delà du fait<br />

qu‟ils sont, par ailleurs, traditionalistes <strong>et</strong> médecins. Le thème de la sécurité est décliné par les<br />

Hospices dans une vision à très long terme, r<strong>en</strong>due possible par le fait qu‟il ne s‟agit pas d‟un individu,<br />

ou d‟un groupe familial, mais d‟une structure pér<strong>en</strong>ne dans le temps. Celle-ci peut donc développer<br />

une stratégie non pas à l‟échelle temporelle de l‟être humain, mais à celle de la fabrication de la ville.<br />

On peut affirmer que la lutte contre l‟insécurité est au cœur du proj<strong>et</strong> de politique urbaine <strong>des</strong><br />

Hospices car c‟est elle, dans ce contexte historique, qui produit avant tout de la plus-value foncière.<br />

Une autre conclusion s‟impose lorsque l‟on aborde les questions de sécurité dans la production de la<br />

ville, c‟est l‟importance de l‟implicite, du non-dit, de l‟action détournée. En eff<strong>et</strong>, c<strong>et</strong>te approche<br />

s‟avère ess<strong>en</strong>tielle pour compr<strong>en</strong>dre pleinem<strong>en</strong>t ces mécanismes souv<strong>en</strong>t dissimulés. On ne peut se<br />

limiter à l‟analyse de la lutte directe, explicite, clairem<strong>en</strong>t affirmé dans les textes, contre l‟insécurité.<br />

L‟importance de la lutte indirecte, de la dissuasion, du non dit, se révèle capitale. Bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du, c‟est<br />

moins confortable qu‟une preuve claire <strong>et</strong> cela nécessite, de la part de l‟histori<strong>en</strong> ou de l‟analyste,<br />

perspicacité <strong>et</strong> interprétation. C<strong>et</strong>te lacune dans les sources se double d‟une autre caractéristique, le<br />

double discours. Il s‟applique ici au couple r<strong>en</strong>tabilité/sécurité, mais le même mécanisme peut être<br />

observé pour d‟autres thèmes, par exemple hygiénisme/sécurité. Le principe est simple : sous couvert<br />

du premier argum<strong>en</strong>t, ici la r<strong>en</strong>tabilité foncière, sont mises <strong>en</strong> place <strong>des</strong> actions qui perm<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t de la<br />

lutter contre l‟insécurité sans la nommer. Par exemple, l‟implantation <strong>des</strong> églises <strong>et</strong> <strong>des</strong> bâtim<strong>en</strong>ts<br />

publics, ou la mise <strong>en</strong> place <strong>des</strong> cours communes sont justifiés par la valorisation du sol qu‟elles vont<br />

<strong>en</strong>traîner, passant sous sil<strong>en</strong>ce les implications parallèles comme l‟éviction <strong>des</strong> classes défavorisées.<br />

Enfin, la question de la sécurité ne se pose pas de la même manière selon les phases d‟urbanisation.<br />

D‟une manière générale, plus un secteur pr<strong>en</strong>d de la valeur du point de vue foncier, mais sans doute<br />

aussi immobilier, <strong>et</strong> plus l‟insécurité apparaît comme un problème aigu. En eff<strong>et</strong>, le moteur le plus<br />

puissant qui incite à lutter contre l‟insécurité, dont les outils les plus courants sont la déconc<strong>en</strong>tration<br />

ou le déplacem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> classes sociales défavorisées, est sans doute la recherche de plus-value foncière<br />

<strong>et</strong> immobilière. On peut donc dire que, du point de vue de l‟aménagem<strong>en</strong>t urbain, la sécurité produit<br />

de la plus-value. De même, l‟histoire de la sûr<strong>et</strong>é apparaît comme étant indissociable de celle <strong>des</strong><br />

classes défavorisées (exclusion, rej<strong>et</strong> <strong>en</strong> périphérie …). Un <strong>des</strong> résultats importants de ce travail est de<br />

montrer que les questions de sécurité ne sont pas autonomes, indép<strong>en</strong>dantes, mais totalem<strong>en</strong>t<br />

imbriquées dans la fabrication de la ville <strong>en</strong> général. Elles se combin<strong>en</strong>t intimem<strong>en</strong>t avec d‟autres<br />

composantes différ<strong>en</strong>tes de c<strong>et</strong>te thématique. Par exemple, elles se conjugu<strong>en</strong>t <strong>en</strong> priorité avec <strong>des</strong><br />

questions de plus-value, de r<strong>en</strong>tabilité foncière <strong>et</strong> immobilière, d‟ext<strong>en</strong>sion urbaine, de logiques de<br />

mise <strong>en</strong> valeur de l‟espace …, mais aussi avec la lutte contre les masures <strong>et</strong> la pollution, l‟histoire de<br />

l‟hygiène, les évolutions sociales, économiques, techniques, esthétiques, du goût <strong>en</strong> matière d‟habitat<br />

…Il est donc absolum<strong>en</strong>t nécessaire d‟élargir le thème de la sûr<strong>et</strong>é car il se trouve à la croisée de<br />

beaucoup d‟autres champs <strong>et</strong> il n‟est pas dissociable du contexte historique. La notion de système,<br />

pour une société donnée, doit être <strong>prise</strong> <strong>en</strong> <strong>compte</strong>, la sûr<strong>et</strong>é n‟étant qu‟une de ses composantes.<br />

____________________<br />

BIBLIOGRAPHIE :<br />

ANDRE (Lt-Cl), 1986 : La déf<strong>en</strong>se de Lyon, catalogue d'exposition, Direction <strong>des</strong><br />

travaux du génie civil de Lyon, Lyon.<br />

BERTIN D., 1987 : Les transformations de Lyon sous le préf<strong>et</strong> Vaïsse, étude de la régénération du<br />

c<strong>en</strong>tre de la Presqu'île, 1853-1864, Doctorat d‟histoire de l'art, Univ. Lyon II.<br />

BERTIN D. <strong>et</strong> CLÉMENÇON A.S., 1981/1983 : « L'architecture <strong>en</strong> terre, un mode de construction<br />

urbain, le cas de Lyon <strong>et</strong> sa banlieue », dans François Cointeraux, 1740-1830, architecture de<br />

terre, Ministère de l'urbanisme <strong>et</strong> du logem<strong>en</strong>t, Secrétariat de la Recherche Architecturale, Paris,<br />

rapports de recherche mars 1981, déc. 1981 <strong>et</strong> mars 1983.<br />

BERTIN D. <strong>et</strong> CLÉMENÇON A.S., 1982 : « La rive gauche, le fleuve à l'assaut <strong>des</strong> terres,<br />

catalogue d'exposition, Lyon au fil <strong>des</strong> fleuves, Lyon, pp. 162-182.<br />

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