La Femme De Papier

CHAPITRE X
Bien sûr, tu avais fini par me le proposer, et, bien sûr,
j’avais fini par accepter… En connaissant ton
tempérament, résolument ouvert à toutes les sortes
d’expériences, résolument curieux, résolument défonceur
de barrières et de tabous, on pouvait même se demander
comment tu n’avais pas eu l’idée plus tôt. Surtout que,
privilégié d’abord par une imagination ardente, tu l’étais
de surcroît par la chance qui m’avait mise sur ton chemin,
moi si compréhensive et surtout si amoureuse, si prête à
tout ; oui, vraiment, privilégié par une chance insolente
qui savait également t’entourer de relations commodes, et
créer aux moments souhaités les situations les plus
propices à la réalisation de tes désirs…
Lorsque tu m’as raconté tes retrouvailles de la veille
avec un ancien copain fort doué pour le commerce, et qui
tenait à présent, de façon très lucrative, un « club de
rencontres », j’ai frissonné à saisir l’éclat tout particulier
de tes prunelles jaunes. Quelque chose en moi venait de
deviner, quelque chose qui te connaissait bien et qui
t’aimait trop. Tu n’as même pas eu la peine d’expliquer,
de demander. Même pas l’embarras de choisir tes mots,
même pas la gêne de préciser. Je t’ai fait cadeau, en
même temps que de mon consentement, de cette intuition